Le coup de théâtre provoqué par le retrait des forces vives de Guinée des consultations entamées dans le cadre de la médiation qui était en cours, pour les rabibocher avec la junte au pouvoir, vient confirmer l’impossibilité de ce ménage à trois. Car c’est sous le fameux prétexte d’un coup de canif porté dans le « contrat », que les forces vives ont claqué la porte de la médiation. Pendant que le gouvernement devisait sereinement avec les alliances favorables à la manière dont la transition est cornaquée depuis le 5 septembre 2021.
Le retrait des forces vives de la médiation entamée sous la férule des guides religieux, n’aura guère surpris les observateurs avertis. Car les signaux d’alerte étaient de plus en plus perceptibles ces derniers temps sur le blues des forces vives. Des forces vives qui, en réalité, étaient autour de cette table, de mauvaise grâce.
Sachant de prime abord, qu’il lui sera quasiment impossible d’arracher des concessions à une junte confite de certitudes antédiluviennes.
Après avoir fait grise mine, elles ont fini par claquer la porte. En accusant le pouvoir de Conakry de manquer de volonté politique et de mauvaise foi.
Elles affirment de but en blanc se réserver le droit de déclencher des opérations de désobéissance civile, dans les jours à venir.
Comme pour dire que la trêve n’aura duré que le temps du ramadan. Ce coup d’éclat des forces vives vient démentir Monseigneur Jean-Bosco, porte-parole des chefs religieux, qui avait déclaré sur fond d’optimisme, au sortir de la rencontre du mercredi dernier, je cite « ce qui était impossible hier est désormais possible ».
Au visa de cette déclaration, faisant autorité, vu qu’elle venait d’un homme de Dieu, bien des gens étaient en droit de penser que les lignes avaient bougé.
Malheureusement ce retrait des forces vives vient de démontrer qu’entre ces propos et la réalité des choses, il y a loin de la coupe aux lèvres.
En tout état de cause, si les forces vives ont pris sur elles la lourde responsabilité de quitter les négociations, c’est qu’elles ne s’attendaient pas à tirer leurs marrons du feu.
La seule alternative qui leur reste dorénavant, serait la rue. Et c’est à juste raison que dans la déclaration annonçant leur retrait de la médiation des chefs religieux, les forces vives invitent leurs militants à la mobilisation. De quoi faire planer l’épée de Damoclès sur la tête des habitants de la cité.
Une façon pour les frondeurs de laver l’affront qui leur est fait par les autorités de la transition, qui n’ont pas l’air de s’embarrasser de scrupules concernant leur cas. Car le processus de transition continue d’être déroulé comme sur des roulettes.
Si l’on s’en tient en tout cas au discours du chef du département de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé. Qui, face à un parterre des membres des alliances des forces vives modérées, a réitéré le respect du chronogramme de deux ans, acté par la junte. Tout en estimant le budget du processus de transition, à près de 6000 milliards de fg. De l’argent à collecter dans l’ensemble auprès des partenaires bi et multilatéraux de la Guinée.
Ce qui est loin d’une sinécure. La junte vient de prouver encore une fois, qu’à défaut de faire rentrer les frondeurs dans le rang, elle pourrait se contenter des alliances favorables au statu quo ante.
Le fameux ménage à trois étant quasiment impossible, en l’espèce.