Mes remerciements vont-ils naturellement à Fory Coco et sa Cocoteraie, le haut lieu de la liberté de ton qui caractérise la presse guinéenne. Ces remerciements vont au Président Alpha Grimpeur qui a eu l’idée géniale de créer, entre autres, « le Groupement des Forces Spéciales. Devant l’Histoire et ses vénérables historiens, je suis dans l’obligation de m’abstenir d’aborder les raisons profondes qui ont amené Colonel Mamadi Doumbouya à éviter à ces Forces Spéciales de jouer le rôle ordinaire d’une milice de quartier.
La presse guinéenne a rendu un vibrant hommage à titre anthume le 29 octobre 2022 à Diallo Souleymane du Groupe de Presse Le Lynx-La Lance. D’habitude, les hommages sont à titre posthume. Anthume? Diallo Souleymane dit avoir été obligé de consulter le Larousse avant cette célébration pour bien cerner le mot: « Ce mot de remerciement s’adresse à tous ceux qui ont permis à cette journée de reconnaissance et d’hommage à titre anthume de se réaliser envers le modeste journaliste que j’ai été. Je ne connaissais pas le sens du terme anthume. Un coup d’œil à travers Larousse, je panique : comment, grand dieu, arriver à cette date du 29 octobre? Je me suis retrouvé, à mon corps défendant, dans une trilogie qui ne dit pas son nom : les rabbanas [prières], la clinique et la pharmacie« .
Cette célébration, selon le fondateur du journal satirique Le Lynx, lui offre « une excellente occasion de rejoindre l’au-delà, la tête tranquille. »
En Guinée, on ne peut parler de la liberté de la presse sans parler de Diallo Souleymane, souligne l’ancien correspondant de la BBC Afrique en Guinée, Amadou Diallo. Étant doyen de la corporation, Diallo Souleymane demande aux hommes de médias d’être plus vigilants: « Aux journalistes qui m’ont offert honneur et reconnaissance, je demande de redoubler de vigilance pour suivre d’assez près, l’enracinement dans ce pays de la culture démocratique, partant médiatique. C’est presque une lapalissade. Le journaliste ne saurait s’épanouir en dehors de la liberté, de la culture, de la démocratie, du respect des normes, des lois de la république.«
Plus loin, il dit que le journaliste doit changer de métier lorsqu’il se prendra comme grand: « L’envie me vient souvent de prendre le journaliste pour un petit bonhomme qui travaille avec les grands. Le jour où il est persuadé qu’il est grand, qu’il raccroche ! »
La liberté de la presse étant un élément qui lui est très cher, Diallo Souleymane compare cette liberté à un immeuble avec des immeubles au sous-sol et en hauteur : « J’ai pris aussi l’habitude contestable de comparer la liberté de la presse à un immeuble. Certains États sont au sous-sol, d’autres, au 16è étage. D’autres encore, aux étages supérieurs. La Guinée n’est pas au sous-sol. Jamais ! Elle a fait des pas de géants en matière de liberté de presse, en un temps record. Elle revendique valablement une place au 2è étage, au moins. Faisons l’économie des étapes franchies, pour ne citer que la décriminalisation des délits de presse, l’attribution par l’État d’une maison à la presse, la subvention annuelle de la presse par l’État. J’en arrête-là. »
Il rappelle ensuite à l’État guinéen qu’il fait face à deux mondes: « Les cactus aidant, [il faut] rappeler [à l’État] qu’il fait constamment face à deux paysages, l’un politique; l’autre, médiatique. Celui-ci est très envahissant, actualité oblige! Celui-là est fin calculateur, par nature. Merci au paysage administratif de ne pas confondre les deux. Ils ne sont ni identiques ni interchangeables. La justice le sait. Quand les hommes politiques commettent des délits, c’est la police qui enquête. Pour les délits de presse, c’est directement le procureur de la république qui gère. Même La Palice le sait. Ou bien il vous est arrivé une fois de prendre un journaliste la main dans le sac, en train de diffamer quelqu’un sur les ondes? Encore une fois, la Guinée a décriminalisé les délits de presse. C’était le prix à payer pour la location de l’appartement du 2è étage de l’immeuble. Mais, on peut toujours reprendre l’escalier …pour monter ou descendre. Le surplace est quasi impossible tant qu’il reste une marche à franchir. Toutefois, si un journaliste souhaite se faire interroger par la police, il doit changer de délit. Il ne manque pas de poulets mal surveillés en haute banlieue, ou de coups de poings à distribuer dans les bars-cafés. Tout ce qu’on lui demande, c’est de se rappeler qu’un « journal découpé en morceaux n’intéresse aucune femme, mais une femme découpée en morceaux intéresse tous les journaux. La presse sera donc toujours là. Reste une question. Comment monter à l’étage supérieur de notre immeuble? La question se pose au Gouvernement, mais la réponse ne peut venir que de la qualité intrinsèque du paysage médiatique. »
Le fondateur du Lynx demande aussi aux hommes politiques d’occuper leur terrain, car sinon ce sont les journalistes qui vont l’occuper : « Je souhaite remercier nos voisins du paysage politique. Je leur demande avec insistance d’occuper constamment leur terrain. Ils doivent savoir que si le paysage politique est vide, c’est nous, du paysage médiatique, qui les remplaçons, à notre corps défendant. Or, nous ne voulons pas récolter ce que nous n’avons pas semé.«
Remercier tous les acteurs politiques équivaut en définitive à remercier la Gouvernance de ce pays, ceux qui l’ont dirigé par le passé, ceux qui le dirigent à présent, ceux qui aspirent à le diriger, ceux qui le dirigeront effectivement dans l’avenir. Je mettrai un accent particulier sur ceux auxquels l’histoire a permis de poser des actes concrets pour libérer le peuple de Guinée et sa presse.
Sous le régime Conté, Diallo Souleymane a plusieurs fois séjourné à la Maison centrale, mais cela ne l’a pas empêché de remercier le feu Général président : « Mes remerciements vont-ils naturellement à Fory Coco et sa Cocoteraie, le haut lieu de la liberté de ton qui caractérise la presse guinéenne. Ces remerciements vont au Président Alpha Grimpeur qui a eu l’idée géniale de créer, entre autres, « le Groupement des Forces Spéciales. Devant l’Histoire et ses vénérables historiens, je suis dans l’obligation de m’abstenir d’aborder les raisons profondes qui ont amené Colonel Mamadi Doumbouya à éviter à ces Forces Spéciales de jouer le rôle ordinaire d’une milice de quartier. »