Un garde pénitentiaire de la prison de Kindia croupit à la prison civile de Mamou depuis le 23 mars. Celui-ci est accusé d’être complice de l’évasion d’un détenu malade, poursuivi pour ‘’vol de moto’’, dont il était censé assurer la garde à l’hôpital, apprend-on de sources proches du dossier.
Il s’agit du régisseur adjoint Mamady 2 Camara. Il est en service à la prison civile de Kindia. A en croire nos sources, aussitôt après l’évasion, le sieur Mamady 2 Camara a informé son chef hiérarchique, Mohamed Capi Camara, régisseur central de ladite maison carcérale.
Alors dans la recherche du fugitif, le régisseur a informé le Directeur sur la situation, qui, à son tour, a informé la haute sphère de la Justice qui a aussitôt ordonné son arrestation. Puis, son incarcération immédiate. C’est alors que le régisseur adjoint, Mamady 2 Camara a été arrêté et conduit à la prison civile de Mamou où il médite sur son sort, rapportent d’autres sources qui crient au vice de procédure et à l’arbitraire dans l’affaire ayant conduit à cette incarcération.
Car, apprend-on, dans les établissements pénitentiaires, on maintient quelqu’un en détention à partir des documents tels qu’un mandat d’arrêt, un mandat de dépôt, une réquisition d’incarcération, une décision de justice rendue par le président du tribunal au cours d’une audience.
Or, précise en outre notre interlocuteur, ce détenu n’a non seulement pas reçu de mandat de dépôt, encore moins de mandat d’arrêt, à plus forte raison une réquisition ou une décision de justice.
Pour l’heure, des personnes proches du dossier émettent le souhait de voir accorder à ce détenu une liberté provisoire en attendant la conclusion des investigations sur leur possible complicité ou non dans l’évasion du voleur de moto condamné à 3 ans de prison.
Ce qu’en dit la Justice
Dans le souci d’équilibrer l’information, nous avons tendu notre micro au Conseiller en Communication du ministre Me Cheick Sako de la Justice. Et sur le motif de l’incarcération du régisseur adjoint de la prison civile de Kindia à la prison de Mamou, Sékou Kéita indique que pour le respect du principe de fonctionnement des prisons, l’on ne peut servir dans une prison et être emprisonné dans cette même prison, non seulement pour le respect du fonctionnement des établissements pénitentiaires, mais au-delà, pour sa propre sécurité.
S’agissant du chef d’accusation retenu contre le sieur Mamady 2 Camara, notre interlocuteur soutient que ce dernier a pris un condamné en désobéissant au principe de fonctionnement de la prison selon lequel principe un régisseur ne doit pas accompagner un détenu. «Il y a des chefs de postes, il y a des surveillants, etc. qu’il doit instruire, sous escorte d’une certaine mesure ou disposition prise pour envoyer un détenu pour des soins. Ce, après l’accord préalable du médecin-chef de la prison, en rapport avec le directeur national de l’administration pénitentiaire. Donc, il y a toute une procédure pour permettre à un détenu d’être traité hors de la maison d’arrêt. Mais lui, il a pris le monsieur sur une mobylette et il l’a conduit à l’hôpital, sans escorte, sans disposition sécuritaire, non seulement pour lui-même, mais aussi pour le monsieur qui est un grand bandit», explique-t-il dans un entretien accordé à Guineenews.
Quant à l’accusation de vice de procédure, Sékou Kéita renvoie les détracteurs au fameux statut particulier des agents de l’administration pénitentiaire.
«Cet homme n’est pas un civil pour parler de vice de procédure. N’oubliez pas Mamady Camara appartient à un corps. Ce corps, c’est comme la police. C’est comme la gendarmerie. C’est comme les gardes forestiers. C’est facile que les gens fassent des commentaires sans qu’ils n’aient la maitrise des textes de lois. Chose qui est très grave. Or, ce n’est pas la théorie du plaisir. Plutôt le principe attractif des gens que je veux vous signaler en termes de lois», a-t-il enfin expliqué.
Depuis 2007, Mamady 2 Camara est le président de Commission et de Discipline au sein de l’Administration pénitentiaire guinéenne. A ce titre, il a été au-devant de toutes les grèves déclenchées par l’Administration pénitentiaire durant la dernière décennie. Récemment, il avait adressé un préavis de grève qui devait se déclencher le 26 mars dernier. Comme pour étouffer son mouvement, ils ont profité de cette malheureuse situation pour l’arrêter et le transférer à Mamou le 23 du même mois de mars, soit 4 jours avant le délai butoir pour lancer le mot d’ordre de grève, nous confie-t-on.