Après N’Zérékoré, le président Alpha Condé était ce samedi 23 novembre l’hôte des populations de Kankan. De l’aéroport de Kankan au stade M’Balou Mady Diakité, le chef de l’État s’est offert un bain de foule. La ville est pavoisée de banderoles et de pancartes appelant d’aller au référendum pour la nouvelle Constitution. Voici l’intégralité du discours du président Alpha Condé:
« J’ai entendu la réclamation des gens de Kankan. C’est vrai, on a fait beaucoup, mais il reste encore beaucoup à faire. Mais je dis à la jeunesse qui réclame du courant qu’ils vont avoir bientôt une surprise. En dix ans, malgré deux ans et demi d’Ebola la Guinée a avancé. Ici vous représentez la Guinée qui avance, la jeunesse guinéenne, les femmes qui regardent vers l’avant. Laissons ceux qui regardent dans le rétroviseur, qui veulent nous ramener dans le passé où ils passaient du temps à piller pour leurs propres profits. Ils ont la nostalgie, ils n’ont pas de programme. Ils ne connaissent pas les préoccupations du peuple, la souffrance. Nous, nous sommes tournés vers l’avenir. Les travaux commencent à donner leurs fruits…. Nous allons avoir des chemins de fer qui vont transporter nos minerais, mais aussi des passagers. Je dis aujourd’hui à la population de Kankan, ceux qui vont faire le trains-guinéen, vont faire en même temps le chemin de fer Conakry-Kankan-Bamako-Bobodioulasso. Nous ne voulons pas des chemins de fer seulement pour Kankan. Nous voulons faire pour nos frères de Bamako et de Bobodioulasso. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de routes. Les autres pays, quand ils sont venus, ils ont trouvé ce qu’ont fait les autres. Nous, qu’est-ce que nous avons trouvé ? Le désert. Mais ne nous trompons pas. Le président Conté n’est pas responsable. Il a dit que lui il ne connait pas, faites ce qui est bon pour le pays. Les anciens Premiers ministres qui parlent aujourd’hui pour mener la Guinée en arrière ça ne se fera plus… Je vais dire aux femmes qu’elles n’auront plus besoin du poisson de Conakry. Nous avons fait une pisciculture à Kankankoura. Nous allons faire une autre à Siguiri. Vous allez manger des poissons qui seront produits à Kankan. Ensuite nous allons faire venir des couveuses pour que tous les gens de Kankan puissent manger du poulet.
Nous allons poser la première de la plus grande université de l’Afrique à Kankan. Bien sûr, il y en a qui disent qu’il n’y a pas eu d’université à Kankan. Chaque chose a son temps. Nous avons fait une université à Labé, Conakry, nous allons faire à N’Zérékoré. Maintenant c’est le tour de Kankan, après ce sera N’Zérékoré, Kindia, Boké, car nous allons doter tous nos grands chefs-lieux de région des universités et des CHU afin que nos malades n’aillent plus se soigner au Maroc, en Tunisie, en France, mais sur place. Ceux qui parlent en 2011, qu’est-ce que nous avons trouvé ? La Guinée était dans le trou. Sous Sékou Touré, on nous appelait la République de Guinée. Mais la Guinée avait tellement disparu, on disait maintenant Guinée-Conakry, Guinée-Bissau. Mais aussi la Guinée est respectée. On dit République de Guinée. Cela ne plaît pas à tout le monde. Mais le train de Guinée a démarré. Il n’est de pouvoir de personne, ni sur terre, ni sur mer, de l’arrêter. Car notre avenir dépend seulement de Dieu. A part Dieu, personne ne peut dire à la Guinée d’aller à gauche ou à droite. Nous allons où le peuple veut qu’on aille. Nous irons là où le peuple veut qu’on aille. Voix du peuple, voix de Dieu. Ce que le peuple veut, ce que Dieu veut. Laissons les gens du passé s’agiter. Ils ne savent que dire non. Ils n’ont pas de programme. Ils ne savent pas comment vit le peuple, le paysan. Pendant qu’ils mettent les enfants des pauvres dans la rue, leurs enfants sont en France, aux États-Unis. Voilà la réalité. Mais avec l’emploi-jeune, les jeunes vont prendre conscience. Ils ne seront plus manipulés. Des personnes qui leur donnent de la drogue les rendent presque fous pour faire n’importe quoi. S’il plaît à Dieu l’Afrique sera fière de la jeunesse guinéenne. Je vous le promets. Bien sûr nous avons connu la gloire Syli national, Hafia. Aujourd’hui nous ne sommes plus à cette époque, mais je vous garantis que nous allons dépasser l’époque de Syli, parce que nous allons construire des stades partout. Avant la Coupe d’Afrique en Guinée, nous aurons la meilleure équipe de l’Afrique. Non seulement nous allons rattraper notre passé, mais nous allons dépasser de loin. Voilà l’avenir vers lequel nous sommes tournés. Alors laissons les cabris s’agiter, sautiller. Le crachat d’un crapaud ne peut pas entacher la blancheur d’une colombe. L’avenir de la Guinée se décide en Guinée et par le peuple de Guinée comme nous l’avons fait en 1958. Voilà la Guinée solidaire, confiante en elle. N’ayons peur de rien sauf Dieu, car unis nous sommes capables d’aller loin. C’est pourquoi je vous demande d’être unis et solidaires. La force ce n’est pas d’insulter, de lancer des pierres. La force, c’est la force des idées et la volonté de faire changer le pays. Mais il ne suffit pas seulement de nous mobiliser. Il faut aller vous inscrire car votre force c’est le bulletin de vote. Chacun de vous doit aller se faire recenser, parce que quand tu dis oui, mais que tu ne votes pas, ça ne sert à rien. Est-ce que vous êtes prêts à vous faire recenser ? Car la moitié de la Haute Guinée n’avait pas voté, parce qu’ils n’étaient pas recensés. Mais cette fois-ci, nous voulons que tous les Guinéens en âge de voter puissent voter. Est-ce que vous prenez l’engagement ? Alors nous donnons rendez-vous l’année prochaine, car il y aura des élections. Ne vous laissez pas impressionner. Certains des enfants de Kankan sont perdus parce qu’ils se sont vendus à ceux qui sont nos ennemis, parce qu’ils préfèrent l’argent. Mais quand ils viendront à Kankan, vous allez leur montrer qu’ils n’ont plus de place. Nous sommes un pays de paix. On dit Kankan Nabaya. C’est-à-dire nous accueillants. Nous recevons les autres. Nous voulons vivre en paix avec tout le monde. N’imitons pas les autres qui jettent des pierres, qui insultent. Montrons que le Guinéen est partout chez lui en Guinée, que ce soit en Basse Guinée, au Fouta, en Haute Guinée et en Forêt. Rappelez-vous quand il y a eu Ebola. On ne dit pas que vous êtes Malinké, Peul, Guerzé pour vous barrer la frontière du Sénégal, de la Côte d’Ivoire. Quand vous étiez Guinéen, vous ne passiez pas. Voilà la réalité. Nous sommes Guinéens avant d’être Peul, Malinké, Soussou, Guergé ou autres. Soyons fiers d’être Guinéens. Nous allons démontrer à la face du monde comme en 58, que la Guinée peut se lever debout face à son destin. Je vous fais confiance. »
Propos transcrits par Alhassane Bah, depuis Kankan pour Guinéenews