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« Déportation » d’opposants: Des relents de « maccarthysme »

Les interpellations de citoyens connus ou anonymes par des individus parfois cagoulés ou par des hommes en uniforme, deviennent récurrents dans le pays. Cette chasse aux sorcières à des relents de  « maccarthysme », au grand effroi des populations, à mesure que les élections couplées approchent à grands pas.

La dernière interpellation en date et qui commence à faire du  bruit dans la cité est celle de la députée uninominale de Mamou, l’honorable Djéssira Traoré. Qui dit avoir été « enlevée » alors qu’elle se rendait tôt le matin dans la sous-préfecture de Ourékaba, où elle devait animer un meeting contre le changement constitutionnel.

Ce cas a été précédé de celui de  l’activiste Junior Kpakpataki, enlevé à Macenta d’après ses proches pour une destination inconnue.

Dans cette vague de terreur qui déferle sur les opposants au régime, Mamadou Malhado Diaouné, membre du Fndc N’Zérékoré et enseignant chercheur à l’université,  ainsi que  9 étudiants du Centre universitaire de N’Zérékorè sont aussi blacklistés. Le reproche qui leur est fait serait de penser autrement que les princes qui nous gouvernent.

D’autres cas d’enlèvements de citoyens ont été signalés par des familles aux médias. On estime à une cinquantaine, ces personnes kidnappées, dont certaines seraient des mineures.

L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats maître Mohamed Traoré se dit préoccupé par ce qu’il qualifie de ‘’dérives autoritaires, dictatoriales. Il s’agit selon lui  d’une restriction fondamentale des libertés individuelles. Il craint que la multiplication des cas isolés de rapts de personnes  ne nous conduise  tout droit vers l’autoritarisme.’’

Sur la destination des personnes enlevées, le Front national pour la défense de la constitution, a lors d’une conférence de presse organisée mardi, parlé du camp de Soronkoni, une garnison de bérets rouges basé dans la périphérie de Kankan.

Pour le moment le gouvernement reste silencieux sur ces « violations graves des droits humains».

Maints observateurs mettent cette façon d’agir sur le compte d’une fébrilité qui gagnerait l’exécutif, face à la forte opposition qui se dresse contre le projet de changement constitutionnel.

Pour eux donc, en agissant ainsi, le pouvoir voudrait simplement tenir la bride courte aux opposants au troisième mandat.

C’est comme si ces agissements avaient des relents de « maccarthysme ». Ces tracts de militants et sympathisants du communisme  qui avaient cours aux Etats-Unis dans les années 50, en pleine guerre froide. Cela avait mis la démocratie américaine à rude épreuve.

Encore que cette chasse aux sorcières au pays de l’Oncle Sam ne donnait pas lieu à des exécutions d’opposants. Comme on l’a connu sous la première République en Guinée, où une dictature féroce a décimé l’élite guinéenne sur fond de délation et de persécution.

A noter que  Human Right Watch, a, dans un communiqué publié ce mercredi, épinglé la Guinée pour la énième pour des cas de violations des droits humains imputées à des forces de défense et de sécurité.

Dans son  communiqué au vitriol, cette ONG basée à New York invite la communauté internationale à réclamer  ‘’au gouvernement guinéen le respect la liberté de réunion, le maintien de la discipline, tout en  s’assurant que les responsabilités soient établies pour les abus commis dans le passé.’’

Dans la même veine, Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’ouest à Human Rights Watch affirme: « alors que les manifestations contre l’adoption d’une nouvelle constitution se poursuivent, l’impunité pour les meurtres présumés et les mauvais comportements des forces de sécurité risque d’alimenter une augmentation des violations des droits humains ».

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