Comme on le sait, l’actualité politique reste marquée par la démission de Me Cheick Sako, ancien ministre d’Etat en charge de la Justice & Garde des Sceaux. Interrogé sur ce sujet par Guinéenews, Bah Oury, vice-président (contesté) de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a fait sa lecture de cet acte avant d’envoyer un message à l’endroit du Chef de l’Etat.
« La démission de Me Sako suscite une double lecture. La première, un ministre d’Etat en charge de la Justice a préféré ne pas s’associer à une dynamique susceptible de remettre en cause la Constitution en vigueur, soit par changement soit par amendement. Sa démission revêt de ce point de vue une importance toute particulière du fait de la sensibilité du dossier. De ce point de vue, M. Check Sako a fait preuve de conviction et de courage afin d’alerter aussi bien l’opinion nationale qu’internationale sur les méfaits qu’un changement de constitution pourrait susciter en Guinée.
La deuxième lecture, c’est pour dire que la Guinée, à travers certains cadres, prend en compte l’histoire récente de notre pays. On a vu qu’en 2000-2001, le « koudéisme » a désarticulé le pays et englué la Guinée dans une crise pratiquement de dix ans. Ce qui a anéanti notre économie et nos institutions, mis en danger la stabilité de notre pays, suscité des tragédies multiples qui ont ensanglanté et endeuillé plusieurs familles dans notre pays », a déclaré Bah Oury.
Pour l’opposant au régime Alpha Condé, la Constitution de 2010 était une tentative de ne plus rééditer ce que les partisans du « koudéisme » avaient fait en 2001. « Donc remettre cela en cause, c’est renier notre histoire, c’est remettre en cause les sacrifices consentis et amener à ce que la Guinée répète encore les fautes graves de son passé. Ce que certains, vue leur stature, vue leur position, vu leur patriotisme vis-à-vis de la Guinée, préfèrent ne pas s’y associer », a-t-il poursuivi.
Revenant sur la démission du ministre de la Justice qui, dit-il, est un ami de longue date du Président de la République, Bah Oury a prodigué des conseils au Chef de l’Etat en ces termes : « Vous savez, M. Check Sako c’est un ministre d’Etat. C’était un ami de longue date du Président de la République et je pense qu’ils se sont fait confiance et ils se connaissent depuis de longues années. Si un ami très proche vous quittait pour vous alerter, il ne faudrait pas prendre cela comme le fait d’un ennemi ou d’un adversaire, mais le fait d’un ami qui, sincèrement, veut du bien aussi bien à la Guinée qu’au Président de la République. Donc, c’est dans ce sens que je souhaiterais que le Président de la République fasse preuve de beaucoup plus de responsabilité et de lucidité pour ne pas tomber dans les pièges de certaines personnes qui ne lui ont pas voulu du bien dans les années 2000 et qui tentent à le pousser ».