La reconversion de Me Aboul Kabèlè Camara en avocat en Guinée, après un parcours de magistrat au Sénégal n’a pas été passée sous silence dans l’émission « sans concession», où il était l’invité ce mardi. Un changement de métier que le président du parti RGD explique par les conditions de travail et de vie peu enviables des magistrats en Guinée.
C’est l’un des rares passages où Maître Abdoul Kabèlè Camara a parlé sans concession dans l’émission. «Ma vocation première c’était la magistrature. J’ai toujours aimé être magistrat, je l’ai souhaité et j’ai fait des études pour ça. Je suis sorti de l’école nationale d’administration et de magistrature, du temps de Senghor. Mon diplôme m’a été remis par le président Senghor en 1976 », confie-t-il.
Mais la vocation de magistrature a été une parenthèse dans la vie professionnelle de l’homme. Pour cause, explique-t-il, «en 1990, quand j’ai démissionné, je suis rentré en Guinée, j’ai vu que les magistrats guinéens étaient mal payés, mal traités. Les juridictions n’étaient pas construites. C’était les anciennes permanences du parti PDG. Y rentraient les poules, les coqs, les chèvres, les moutons. C’est à peine si on arrivait à tenir des audiences de façon sereine. On était perturbé. Il y avait toutes sortes de vacarme. Et ils étaient très mal payés».
Face à la nouvelle donne, justifie-t-il, «pour ne pas tomber dans la corruption systématique, à cause de l’état de pauvreté de ce corps, j’ai décidé d’être avocat, de travailler pour moi-même ». Et d’ajouter que « c’était un risque parce qu’après 20 ans, peu de gens me connaissaient en Guinée. Mais j’ai décidé d’affronter ce risque là. »
Il dit avoir été encouragé dans cette option, par Maître Bassirou Barry, un ancien ministre de la Justice qui s’est reconverti en avocat. « (…) Lui-même m’a déconseillé (…) Il en savait quelque chose parce que c’est un ancien magistrat qui s’est reconverti au barreau aussi.»
«Mais, précise-t-il, je ne regrette pas ce choix parce que ça m’a permis de mieux connaître encore mon pays. Et de mieux servir mon pays. Et d’ailleurs, j’ai été cet avocat là qui a prêté main main-forte à l’état guinéen, en assurant la défense de l’état guinéen. L’agence judiciaire de l’État n’était pas créée. Et c’est nous qui en avons été les promoteurs. Parce que je voyais que l’État guinéen perdait tous ses procès, et d’ailleurs était absent devant les juridictions. Et on condamnait l’état guinéen dans tous les sens. J’ai décidé de défendre les intérêts de l’État guinéen gratuitement», s’est-il vanté.
Un engagement pour lequel, aux yeux de l’opinion, l’ex-bâtonnier n’a pas dû regretter. En tout cas, des années durant, maître Kabèlè a été l’avocat du PUP (parti de l’unité et du progrès), le parti resté au pouvoir jusqu’au décès de son fondateur, feu général Lansana Conté en décembre 2008.