Dimanche 17 février, Cellou Dalein Diallo était partagé entre peine et satisfaction. Il a réussi à réunir autour de lui 120 maires issus de son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). C’est une occasion rare. Et il fallait en profiter pour d’abord leur exprimer sa gratitude pour leur constance dans l’opposition, mais surtout le travail qu’ils ont abattu pour permettre à l’UFDG d’avoir un nombre de conseillers que jamais par le passé un parti d’opposition n’avait pas pu avoir.
Cellou Dalein a dit sa peine pour tout ce que ses militants et lui subissent depuis huit ans. Le dernier événement en date, c’est la violence policière dont son parti a été victime samedi 16 février. «Si depuis 2010, cet Etat puissant a mis tous ses moyens pour déstabiliser notre parti et il ne l’a pas réussi, il est obligé de frauder et voler. C’est parce que vous vous êtes battus, nous sommes battus. Ils le savent. Dix ans avec tous les moyens de l’Etat pour déstabiliser l’UFDG, neutraliser notre parti, il (Alpha Condé, ndlr) n’a pas pu parce que vous êtes restés débout, dignes », a-t-il indiqué à l’endroit des quelques responsables de son parti et les 120 maires venus participer aux états généraux de la décentralisation les 14 et 15 février.
Le président de l’UFDG s’est dit fier de savoir qu’il y a des gens constants derrière lui et qui restent avec l’UFDG parce que ce parti ne viserait que le bonheur des Guinéens: «vous avez refusé la corruption, refusé l’intimidation. Tout a été proposé à vous et à vos collaborateurs pour rejoindre le parti présidentiel et affaiblir l’opposition. [Mais] vous avez refusé. Vous avez vécu dans la dignité en refusant l’argent, en refusant de céder à l’intimidation, en refusant les postes qu’on pouvait offrir à certains. Voilà l’origine de notre victoire. C’est une grande victoire que jusqu’à présent l’UFDG demeure la première force politique du pays. C’est parce que vous avez été dignes. Tout a été fait pour détourner les gens, pour qu’ils adhèrent au RPG. Mais si vous regardez bien la transhumance qui est courante en Afrique, il y a très peu de gens qui sont passés de l’autre côté. Au sein du parti, je ne parle pas des alliés dans l’opposition, il y a quelques-uns. Au début, Saliou Bella, ensuite Bah Oury. Mais ça n’a pas ébranlé le parti, parce que vous à la base, vous êtes restés constants, vous êtes restés dignes, vous restez engagés pour l’avènement d’une vraie démocratie dans notre pays, pour pouvoir garantir l’égalité des citoyens devant la loi, le respect des droits et de la dignité de tous les Guinéens sans exception. C’est parce que vous savez que nous sommes sur la bonne voie. Nous ne nous battons pas pour un groupe particulier. Nous ne nous battons pas pour les militants de l’UFDG. Nous ne nous battons pas pour une communauté. Nous nous battons pour une société juste dirigée par un Etat responsable qui traitera tous les citoyens sur les mêmes pieds d’égalité. Vous êtes restés constants, et je dois vous féliciter pour cette constance. Ce n’est pas facile, l’opposition. Vous voyez les autres bénéficier des avantages. Ils viennent vers vous, parfois ils ont corrompu des hautes personnalités, des leaders d’opinion, mais vous êtes restés constants. Il y a huit ans que nous souffrons : la prison, l’intimidation, les injures, la discrimination. Seuls les hommes dignes peuvent rester dans l’opposition pendant si longtemps, parce que le pouvoir a tout mis en œuvre pour vous déstabiliser, vous discriminer, vous humilier très souvent. Mais vous n’avez pas cédé, pour la République, pour la Guinée, pour qu’elle soit unie autour des valeurs essentielles, pour qu’elle soit prospère. Pour chasser la haine de notre pays, pour promouvoir la fraternité entre les fils de ce pays. »
Pour avoir empêché la tenue l’Assemblée générale de l’UFDG samedi dernier, la police a, semble-t-il, davantage galvanisé certains militants du parti et radicalisé d’autres.