Moussa Dadis Camara a quitté Conakry hier mercredi dans la nuit pour Ouagadougou, presque incognito. Ce départ surprenant et sur la pointe des pieds contraste fortement avec son arrivée bruyante et populaire, quelques jours plus tôt. Alors qu’il a des villas cossues en Guinée, dont au moins deux à Conakry et une à Nzérékoré, et qu’il était dans une suite présidentielle d’un hôtel luxueux de Kaloum avec son épouse et quelques proches, le natif de Koulé a préféré aller réveillonner dans la capitale du Burkina Faso.
Cette décision interroge, car Dadis était plutôt attendu dans son fief à Nzérékoré où ses partisans voulaient pour lui, une Saint-Sylvestre et un séjour mémorables. La justification alambiquée de son entourage pour ce faux bond, en prétextant que la police locale n’avait suffisamment pas d’effectif pour sécuriser Dadis et les fêtards de la nuit du 31 décembre, n’a convaincu personne.
Les raisons sont ailleurs: Dadis sait qu’il a un certain poids électoral en Guinée et qu’il pourrait même jouer un certain rôle dans les prochaines joutes électorales. Dadis se souvient qu’il avait donné des consignes de vote en faveur de Papa Koly Kouroura et que celui-ci avait pu engranger 5% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle de 2010.
Mais, pour que son projet réussisse, Dadis Camara devra d’abord se débarrasser du boulet du dossier 28 septembre qu’il traîne encore. Et la bonne gestion de son avenir judicaire nécessite une certaine humilité vis-à-vis des nouvelles autorités en Guinée et un profil bas vis-à-vis des victimes du 28 septembre. Une perspective qu’une bamboula incontrôlée à Nzérékoré aurait pu tout gâcher.