«Nous demandons à tous les acteurs de la crise, les forces sociales, les syndicats, le patronat, le gouvernement à revenir autour de la table de négociations… La présidente du Conseil Economique et Sociale, Hadja Rabiatou Serah Diallo et le Médiateur de la République, Mohamed Said Fofana doivent continuer les efforts pour ramener toutes les parties à la table de discussions… Tout doit être réglé autour de la table…»
C’est le vœu pieux formulé ce matin par le ministre Kiridi Bangoura sur les antennes de nos confrères de la Radio Espace.
Invité ce mardi dans l’émission « Espace Expression », le ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, a évoqué les raisons du réajustement du prix du carburant à la pompe, la position du gouvernement vis-à-vis des mouvements sociaux qui ralentissent depuis un certain temps les activités économiques dans le pays.
A chaque réponse des questions posées, Naby Youssouf Kiridi a appelé les uns et les autres à la retenue et à se retrouver autour de la table pour aplanir les divergences. Il a insisté à maintes reprises sur la décrispation et le dialogue.
Ainsi, dès la première question, Kiridi a planté le décor en rappelant aux journalistes le mal qui ronge la Guinée. Celui de la « dénégation des qualités de l’autre ». Pour lui, les Guinéens ne s’écoutent pas et cela a créé un déficit de dialogue. Or, devant tout problème, « il faut s’asseoir, discuter et s’entendre», dira-t-il avant de passer brièvement en revue pêle-mêle les actes posés par le Président de la République depuis son arrivée au pouvoir. Les actes allant de l’augmentation des salaires des fonctionnaires à 150%, de l’obtention du PPTE, en passant par l’élaboration d’un code minier incitatif et l’atteinte d’un PIB de 10 milliards alors que le pays était à 6 milliards en 2010.
Interpellé sur l’actualité, c’est-à-dire sur la dernière interdiction de la marche des forces sociales et des syndicats, le ministre Secrétaire Général à la Présidence de la République, fera savoir à nos confrères que quand le « contexte ne sied pas, l’autorité peut prendre ses responsabilités. » Néanmoins, continuera-t-il, une enquête serait déjà engagée au niveau du ministère de l’Administration du Territoire pour situer les responsabilités dans le cas précis de la dernière marche étouffée.
Que pense Sékhoutoureya de cette interdiction prônée par le Gouverneur de la ville de Conakry et de la réaction des syndicats et celle les forces sociales ?
A cette question, le ministre rappelle aux journalistes qu’avant que la Présidence de la République ne se prononce, il faut se référer au ministère de l’Administration du Territoire, au ministère de la Sécurité et à la Primature. Comme quoi, chaque institution a son rôle. Pour lui d’ailleurs la question ne se situe pas à ce niveau. Mais plutôt comment s’asseoir autour d’une table pour discuter.
Pourquoi attendre que la situation « pourrisse » pour demander le dialogue ?
Selon Kiridi, le gouvernement a toujours accepté de dialoguer avec les syndicalistes face à des situations. Il ira à dire que le Chef de l’Etat, toujours à l’écoute de son peuple, n’a jamais raté une occasion pour appeler les syndicats à la table des négociations.
Rappelant au ministre la réaction de Kassory Fofana face à la demande et à la colère des syndicats et les forces sociales, il pense que ce sont des allégations : « En Guinée, chacun prête à l’autre ce qu’il n’a pas dit… Qu’on attende que le Premier ministre manifeste son refus catégorique face aux syndicalistes ! Je pense que tout doit se régler autour d’une table… »
Y a-t-il urgence à arrêter la subvention de l’Etat ?
« Oui ! » Tranche le ministre Secrétaire Général à la Présidence de la République, avant d’informer les journalistes que la Guinée s’est engagée avec les institutions de Bretton Woods. Des engagements à respecter obligatoirement dans le délai. Et soutiendra ensuite que depuis un certain temps, l’augmentation sur le plan international était à 67% ce qui correspond à 25% ici. Mais compte tenu des réalités, le gouvernement guinéen a continué à subventionner le carburant.
Alors suite à l’insistance du Fonds Monétaire International de ne plus subventionner le carburant et le courant, le gouvernement s’est vu obligé de retirer sa subvention. Il précisera ensuite que le prix normal du carburant à la pompe, c’est 12.000 francs guinéens.
La subvention est-elle le seul moyen ? Et si le gouvernement diminuait son train de vie ?
Avec humilité et modestie, le ministre Naby Youssouf Kiridi demande aux syndicalistes et aux autres acteurs d’aller à la table de négociations pour proposer des solutions de sortie de crise. Toute solution proposée pourra, à l’entendre, être analysée et appliquée si cela peut améliorer la condition de vie des populations guinéennes. Il a tout de même appris aux auditeurs que le gouvernement a fait des efforts dans le cadre de la meilleure gestion. Et que le Premier ministre avait déroulé le plan de la lutte contre la corruption pour épingler les grilleurs d’arachide. Malheureusement, ce plan, selon lui, a pris du plomb dans l’aile à cause des mouvements sociaux actuels.