Méditation sur les camarades disparus, sans enquêtes sur leur mort, retrait de la négociation de 48 heures pour raison de santé de certains des leurs, gazés au lacrymogène. Autant de raisons qui nécessiteraient un temps mort, peut-être un recul ou une capitulation. Qu’en savons-nous ?
Pourrait-on déjà déduire, de tous ces arguments, que les syndicalistes useront, désormais, de tout, sauf d’une marche pour revendiquer leur droit à défendre des causes, comme celles des travailleurs fatigués de les suivre. Tant qu’il ya cette phobie du lacrymogène et le souvenir de tous ces morts dans des conditions non élucidées, comme l’accident de circulation qui a emporté les camardes Ibrahima Fofana, Magbè Bangoura, Lamba Mansaré, les syndicalistes se donneront, désormais, un temps de réflexion, avant toute autre aventure.
La peur dans le ventre, ceux qui ont inhalé le gaz au piment, sont inquiets, autant que leurs camarades qui n’auront pas eu l’occasion de le humer à grandes narines. Le gaz aura fait son effet et permis de dissuader le mouvement syndical. La négociation est boudée, faute d‘interlocuteurs. La trêve pourrait aller au-delà des 48 heures si, seulement si l’effet abrutissant du lacrymogène continuait de faire larmoyer les victimes qui vont jusqu’à se proposer de recourir aux organisations des droits de l’homme pour une évacuation éventuelle sur l’extérieur, ne sachant ni la nature ni le degré de toxicité de ce qu’ils ont fortement inhalé, lors de leur marche sur l’Hémicycle, pour manifester leur ras-le bol.
Le prix du carburant est toujours à 10 mille francs et les populations, malgré elles, s’efforcent de s’y habituer. La circulation est dense, aujourd’hui plus qu’hier. Plus la vie est chère, plus les citoyens éprouvent le grand besoin de bouger, pour avoir le minimum vital. La pauvreté ravive l’ardeur de l’indigent. Quand ceux qui sortent la tête, pour défendre les pauvres, s’en tirent avec une surdose de gaz abrutissant, le retour au calme s’impose de lui-même. Mais, lorsque le mécontentement s’empare de la rue, à la place des manifestants, il ya lieu de ne pas encore chanter victoire. Le fer au feu se dilate, le peuple réprimé se révolte.
C’est la loi des sociétés pauvres qui aspirent à la liberté et au bien-être. Le nier c’est ignorer le principe fondamental de la bonne gestion des masses populaires. Il faut éviter qu’une goutte de pétrole embrase le pays, même si les citoyens se résignent dans leurs conditions de vie désespérées. Il faut alors éviter que l’atmosphère ne soit assombrie par un gaz plus suffocant que celui du lacrymogène qui fait couler des larmes chaudes à nos syndicalistes. Enfin, tout le monde pleure en Guinée, sauf ceux qui n’ont pas de cœur, pour compatir aux conditions de vie des 70% de pauvres que compte le pays.