Ces questions montrent que les élections ne sont que le début d’un processus démocratique. Elles ne constituent pas la démocratie elle-même. Ce qui se produit après la tenue d’élection est évidemment ce qu’il y a de plus difficile. L’espace politique guinéen a aujourd’hui besoin d’être protégé pour permettre aux opinions différentes de s’exprimer librement dans un contexte de démocratie pluraliste. En observant ce qu’il se passe maintenant dans notre pays, on voit à quel point la démocratie exige pour sa survie une gouvernance redevable et inclusive qui améliore la vie des citoyens. Que de guinéens brimés dans leurs droits constitutionnels, que d’innocents tombés sous les balles des forces qui sont censées être leur protecteur, que de plaignants déçus de ne pas avoir obtenu justice de leur cause ! En cette fin du premier cinquième du 21ème siècle, l’espoir de justice et de démocratie du citoyen guinéen est encore inespéré.
Vers une démocratie durable en Guinée
Dans ces circonstances, c’est donc à la communauté internationale sous l’égide des Nations unies de prendre le relais en acceptant de travailler avec les dirigeants et les citoyens de nos pays pour soutenir le processus démocratique. À cet égard, il faudra consentir à lever certaines limites liées à la logique de la souveraineté étatique. Car, selon moi, à partir du moment où un État n’est pas lui-même capable d’organiser des élections transparentes, crédibles et apaisées et dont les résultats soient acceptés par tous, alors il ne peut plus se vanter d’être souverain. Ainsi, l’organisation des élections dans notre pays, devrait être dorénavant confiée à une instance extérieure suffisamment crédible et puissante pour pouvoir à la fois superviser et sécuriser tout le processus électoral, mais aussi faire accepter ses résultats à toutes les parties concurrentes. C’est certainement la meilleure manière de mettre fin aux dissensions qu’engendre l’organisation d’élections par une Ceni décriée et les violences qui s’ensuivent, causant à chaque fois des morts et des blessés. En ce qui concerne les parties prenantes locales, elles doivent apprendre à être responsables et crédibles dans leur lutte pour la démocratie. Car elles constituent substratum d’une démocratie durable. L’avenir de notre pays dépend de nous-mêmes. Travaillons ensemble dans la justice et la solidarité pour devenir plus grands, pour devenir de vrais guinéens.