Devant l’acharnement du président Alpha Condé et de la Ceni à organiser le double scrutin référendaire, quelle option autre que le recours aux manifestations s’offre aux citoyens guinéens et aux partis de l’opposition ? Comment éviter en effet que la crise actuelle prenne la forme d’une violence générale et permanente, devant le refus des autorités actuelles d’entendre raison ? Il est possible d’accentuer la pression en multipliant davantage les manifestations, en espérant que la CEDEAO ne cède pas devant les caprices et les stratégies d’enfumage que déploient les promoteurs du projet de la nouvelle constitution. Mais l’opposition et le FNDC pourraient encore une fois donner une dernière chance à la raison, en dépit de la fatigue et de l’amertume. Et c’est surtout l’espoir que la violence ne soit pas un recours ultime pour sortir de la crise qui conduirait les acteurs politiques et la société civile à davantage exploiter toutes les ressources humaines susceptibles de prémunir contre les possibilités de la violence.
Donner une dernière chance à la raison, c’est une fois de plus penser à une politique du dialogue qui conduirait le président à surseoir son controversé projet et à établir un fichier électoral objectif et transparent. Pour ce faire, le FNDC pourrait se risquer et tendre une main d’espoir au président. Cela peut paraître utopique. Et on peut comprendre que la surdité qui affecte le Président et ses hommes de l’ombre dissuade les responsables du FNDC à opter pour une telle initiative. Mais l’histoire nous enseigne que les possibilités de la paix naissent d’une certaine utopie, d’une audace que se permettent les hommes lors qu’ils croient encore dans le pouvoir dissuasif de la raison. On pourrait tout à tout fait ne pas alourdir les peines et la misère des Guinéens en proposant directement et officiellement au Président un dialogue national sur une sortie de crise.
Pour y parvenir, le FNDC n’a pas besoin tout d’abord d’en appeler aux institutions sous régionales. On pourrait essayer de relancer les autorités morales et religieuses du pays afin de solliciter leur collaboration. Ce serait leur demander un effort de plus, malgré les précédentes tentatives. L’objectif étant d’exploiter les possibilités du dialogue tant et aussi longtemps que les acteurs politiques demeurent ouvert à dialoguer.Ce qui semble le cas, à en croire les communiqués officiels. L’idée ici est que la communauté internationale demeure un recours ultime et non un substitut à l’imagination et à la créativité des acteurs politiques au niveau national. Ce serait un haut signe de responsabilité si on essayait, au moyen de la négociation, du compromis et d’imagination, de sortir par nos propres efforts de cette crise politique qui paralyse actuellement la société guinéenne. Tendre une main d’espoir au président Alpha Condé, ce sera de la part des mouvances de l’opposition privilégier une réflexion sur les manières et les dispositifs qu’il faudrait mettre en place pour rendre possible une résolution nationale de la crise politique que traverse le pays. Ce ne sera pas facile. Le 22 mars, c’est bientôt. Mais qui n’a jamais perdu en essayant de sauver les possibilités de la paix ? Est-il vrai que les potentialités du dialogue ont été épuisées ? Oser, c’est souvent prendre le risque du meilleur.