Et ce n’est pas le communiqué du ministère des hydrocarbures qui y change quoi que ce soit. Du moins, pour l’instant ! Ce rappel à l’ordre émis dimanche, dans la soirée, stigmatise « la violation du code d’éthique et de bonne conduite en vigueur dans le domaine de la distribution des produits pétroliers. » Certains gérants de stations-services et des complices disséminés à divers niveaux de la chaîne sont mis à l’index. On les accuse d’arrêter de façon unilatérale et sans fondement, la fourniture de carburant aux usagers. Ce fait est patent depuis hier. En banlieue de Conakry, comme dans certaines villes de l’intérieur, on signale déjà un manque de carburant ainsi que le retour du marché noir, de triste mémoire.
Des velléités de spéculation semblent s’être emparées de bon nombre de personnes. Chacun veut stocker et thésauriser du carburant dans le seul but de faire des bénéfices, en le revendant plus cher, les jours à venir. D’autres, si l’on s’en tient à la rumeur d’augmentation qui circule, en stockent pour s’aménager un certain répit avec la quantité épargnée, avant de se résoudre à acheter au nouveau tarif, forcément rehaussé.
Le ministère des hydrocarbures menace de « résilier le contrat de gérance de tout contrevenant à son injonction, sans compter les éventuelles poursuites judiciaires. » Par ailleurs, il indique que « la responsabilité des sociétés pétrolières mandataires des gérants est engagée. »
C’est sur ce ton martial qu’il fait appel « aux autorités civiles et militaires pour appuyer les inspecteurs et représentants de son département dans chaque localité en vue du retour à la normale dans les stations-services » qui vivent à ce jour une situation qualifiée de « particulière », dans le communiqué.
Jusqu’à hier soir, au-delà de 18 heures, il régnait encore un véritable tohu bohu dans les stations restées ouvertes. Partout, des files de véhicules et de motos, des bidons entreposés ou brandis en grappes par des jeunes gens qui réclament d’être servis… Un même refrain leur est tenu comme réponse par les pompistes des lieux : « l’essence est finie, sauf le gasoil. »
Ces arguties ne calment pas les ardeurs et la colère des clients dont la majorité affirme qu’il n’en est rien. Les gérants veulent juste spéculer sur le carburant qui leur a été livré dans la semaine, en attendant de le revendre avec profit, une fois le prix réajusté.
En attendant, cette situation confuse et perturbatrice, crée de nombreux préjudices. Entre les frustrations et les désagréments vécus, par les uns et les autres, du fait d’une rumeur qui couvre tout le pays, il n’y a que les autorités pour s’interposer et en sonner le glas.
S’il faut, ou pas, augmenter le prix du carburant à la pompe, il y a lieu qu’elles se décident, vite.
Certains avis recueillis sur les lieux sont très révélateurs de l’état d’esprit qui prévaut à ce jour.
Des caricatures font un parallèle entre la situation actuelle et celle d’un passé récent où les ruptures de carburant étaient récurrentes et très dommageables pour nos concitoyens et le pays tout entier. Vivement, que cette période de tourmentes et de privations ne revienne plus !