En prison depuis le mois d’avril dans le cadre d’une procédure engagée par la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) contre certains hauts dignitaires du régime Condé, l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana a un souci supplémentaire. C’est l’un des aspects qu’on retient du passage de son avocat, Me. Ousmane Sèye, dans l’émission Mirador de la radio Fim Fm ce samedi 08 octobre.
Aux dires de son défenseur, Kassory Fofana n’est plus préoccupé par le seul fait de voir enfin prospérer sa demande de liberté provisoire qui s’est heurté sans cesse à un appel interjeté par le procureur spécial près la CRIEF. Désormais, en plus de sa propre liberté et ses soucis de santé, l’ancien Premier ministre a peur pour sa famille qui serait la cible du procureur spécial Ali Touré.
«Récemment, il a demandé au juge d’instruction d’entendre et de poursuivre la seule fille de monsieur Kassory Fofana et son gendre », révèle l’avocat. Et Me Sèye de poursuivre: «je crois que c’est une violation flagrante même de la charte de la transition et il faut que cela cesse». Avant de dénoncer le fait que selon le conseil, «nous ne sommes plus devant une procédure judiciaire. Nous sommes devant un homme et sa famille, et c’est grave».
Auparavant, explique-t-il, «ce que la défense déplore le plus dans cette affaire, c’est la violation par monsieur le procureur spécial de la séparation entre les pouvoirs d’instruction et les pouvoirs de poursuite ».
Selon l’invité de Mirador, «monsieur le procureur spécial, après avoir suivi le juge d’instruction, continue à faire des investigations à la place du juge d’instruction, continue à faire des réquisitoires supplétifs pour demander même l’inculpation de certaines personnes, notamment des membres de la famille de monsieur Kassory fofana».
Dans la même lancée, dénonce-t-il, «c’est un acharnement, c’est une violation des principes constitutionnels de la séparation des pouvoirs d’instruction et de poursuite. Monsieur le procureur spécial doit savoir qu’on ne peut pas faire des réquisitions supplétives in personam, c’est-à-dire demander l’inculpation de personnes nommées parce que le juge d’instruction est suivi in rem et non pas in personam».
C’est dans ces conditions que l’ancien PM attend la décision de la chambre de contrôle de la CRIEF la semaine prochaine, avec optimisme, mais non sans appréhension.
En tout cas, son avocat déclare que «nous avons toujours espoir par rapport aux pièces qui sont dans le dossier et par rapport à la personnalité de monsieur Kassory Fofana, ses garanties de représentation, par rapport aux différentes décisions rendues par la chambre d’instruction, c’est-à-dire je juge d’instruction, qui sont des décisions pertinentes, bien motivées». Et de rappeler que ce dernier, «…à trois reprises, a ordonné la mise en liberté provisoire de monsieur Kassory Fofana, sous contrôle judiciaire ».
D’où les soupçons d’acharnement du procureur spécial, contre l’ancien Premier ministre, selon la défense. Et pour ne rien arranger, «…malheureusement, monsieur le procureur spécial est toujours suivi par la chambre de contrôle de l’instruction», déplore encore Me Sèye.