L’arrêt acquittant récemment Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, après plusieurs années de détention à la Haye, au Pays-Bas, relance le débat sur les forces et les limites de la cour pénale internationale (CPI). C’est l’un des aspects que nous retenons de la conférence de presse animée ce mardi à Conakry par la branche guinéenne de la coalition mondiale pour la cour pénale internationale.
Pendant que la CPI fait l’objet de plus en plus de critiques depuis sa décision concernant l’ancien président ivoirien et son ex-ministre, ses soutiens se mobilisent en sa faveur. C’est le cas de la coalition guinéenne pour la Cour Pénale Internationale, membre de la coalition mondiale pour la CPI, membre du réseau africain pour la justice pénale internationale.
Dans sa déclaration rendue publique à la maison de la presse pour la circonstance, elle réitère qu’elle « soutient la cour pénale internationale afin qu’elle soit indépendante, impartiale et universelle ». C’est justement le caractère indépendant, impartial et universel de la CPI qui fait de plus en plus débat, y compris dans les rangs de ses soutiens. En témoignent les positions affichées en réaction à la question évoquant le cas Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Le président de la coalition affiche un soutien sans failles à la CPI. Même si maître Hamidou Barry reste visiblement conscient des progrès à faire pour ne pas dire les limites de l’institution. Le conférencier préfère voir le verre à moitié plein, précisant que « justice reste un idéal, tant au niveau national qu’au niveau international ». Et d’inviter les critiques à répondre à la question de savoir si les crimes qui y sont jugés sont commis ou pas ? Non sans rappeler que la CPI vient en appui aux juridictions nationales, autrement dit, elle s’occupe des cas qui n’ont pas été traités par les juridictions des pays membres.
Des arguments certes valables mais qui ne changent pas le fait qu’il y a eu 10 ans de privation de liberté pour les désormais anciens prisonniers. Sans compter que les victimes (pas moins de 3000 morts) attendent toujours justices. Ce que regrette sur fond de dénonciation, Elhadj Malal Diallo, le président d’honneur de l’OGDH et membre de la coalition, qui ne renie tout de même pas ladite cour.
Même si, pour Laurent Gbagbo et son désormais ancien compagnon d’infortune, le statut de Rome prévoit une possibilité d’indemnisation pour les victimes d’erreurs judiciaires, rappelle Madame Makhissa Bangoura, également membre de la coalition.
Des positions et d’autres qui illustrent parfaitement la nécessité pour la cour de s’améliorer pour répondre davantage aux aspirations de justice des populations notamment dans certaines régions du monde comme l’Afrique. Voire une réflexion sur le volet prévention des conflits comme l’annonce Me Hamidou Barry.
A noter que dans sa déclaration, la coalition guinéenne pour la CPI se dit « favorable à ce que le procès des massacres du 28 septembre se tienne en Guinée ». Une sorte de rappel d’une position toujours exprimée par les victimes et les structures nationales qui les soutiennent.