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Covid19 : une véritable nébuleuse autour de la gestion des Fonds mobilisés

Comme au temps de ce qu’on avait baptisé ironiquement  « d’Ebola Business », pour pointer du doigt l’opacité avec laquelle les fonds mobilisés dans le cadre de la lutte contre l’épidémie d’Ebola étaient utilisés à mauvais escient, on soupçonne de nouveau ceux qui ont la charge de gérer la pandémie de Covid19, de remettre ça. Avec un manque total de transparence vers la destination  des fonds récoltés pour bouter  la pandémie hors de notre pays. Telle est la conclusion à laquelle Guinéenews est arrivé, en scrutant les mouvements de fonds, entre ce qui entre et ce qui sort des caisses de l’Anss.

A ce jour toutes nos tentatives d’entrer en contact avec les responsables de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), pour sa version des faits sont restées vaines. Dr Sakoba Kéita et son adjoint Dr Bouna Yatassaye ayant préféré leurs langues aux chats, en arguant être très occupés.

Une cagnotte de centaine de milliards de FG récoltés par l’ANSS

Depuis le début de la pandémie qui semble avoir été initialement reléguée au second plan pour des raisons de politique politicienne, on annonce des chapelets de dons de la part d’acteurs économiques, notamment les compagnies minières et les géants de la téléphonie entre autres.

A ce jour (début juin), Guinéenews a répertorié la somme de 710,25 milliards de FG comme contributions publiquement annoncés. Ceci excluant les contributions des ONG et institutions internationales de développement. Ce qui signifie que cette somme est sous le contrôle exclusif de l’ANSS.

L’autre acteur de la lutte contre la pandémie est la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS) qui est un établissement à caractère industriel et commercial devenue Société Anonyme  en 2017 suite aux réformes faites par l’Etat. La CNSS est autonome et peut investir dans l’immobilier et dans la construction des centres de diagnostic. Financée par des contributions obligatoires tirées du salaire des travailleurs et une contribution des employeurs en principe la CNSS a les moyens et le droit de construire des hôpitaux dans l’intérêt des travailleurs. Mais comme plusieurs institutions de la République, la gestion de la CNSS est considérée “somme toute comme étant calamiteuse voire beaucoup plus politique. Loin de servir les intérêts des travailleurs”.

Malheureusement, quoique l’expérience malheureuse d’Ebola eût dû servir d’avertissement à notre pays, pour se prémunir contre une éventuelle pandémie, l’amer constat est que la Guinée n’était nullement prête à faire face à la Covid19.

Aussi sur le plan logistique qu’institutionnel. Car le gouvernement guinéen était plus préoccupé à faire un passage en force pour une  présidence à vie, avec le double-scrutin du 22 mars 2020 qu’à tout autre chose.

Le premier cas lié à la  Covid19 a été enregistré en Guinée le 12 mars dernier, selon la version officielle. Aujourd’hui, au moment où cette dépêche est mise en ligne, le pays enregistre plus de quatre mille (4.000) cas. Plusieurs observateurs imputent cette responsabilité à la banalisation de la crise par les autorités en place et surtout à sa mauvaise gestion par le gouvernement. Les plaintes ne tarissent pas du côté de Donka où la majorité des cas de malades de Covid a été admis pour des soins.

Selon des patients contactés par Guinéenews, il arrive à ce que les gens passent une demi-journée ou une journée entière pour pouvoir faire le test. Après cette étape, ils attendent dans un stress total les résultats pendant des jours, avant que ces résultats ne leur soient communiqués. D’ailleurs certains attendent indéfiniment sans jamais connaître leur statut. Pour ceux qui sont testés positifs, il n’y aucun moyen de les conduire dans les différents centres de prise en charge. Ils se débrouillent dans les transports en commun pour y arriver.

De l’amateurisme dans la prise en charge des malades à Donka

La prise en charge, les conditions d’hospitalisation, la rupture de médicaments, le suivi des personnes contact… les manquements sont nombreux au site de Donka à en croire  certains patients.

Parlant justement des patients, un guéri de Covid19 a accepté de témoigner sur ce qu’il a vécu au CTE de Donka  où il a passé 3 semaines avant d’en sortir guéri de cette maladie.

« J’ai eu des maux de têtes, des douleurs articulaires, j’ai eu de la fièvre et après je me suis dit que ce sont les signes de Covid19. J’ai appelé un ami parce que le 115 ne passait pas, ça ne passe d’ailleurs toujours pas, cet ami m’a amené à Donka où j’ai fait le test et après avoir fait le test, l’ANSS ne m’a appelé qu’au dixième jour après le test aux environs de 22 heures, j’étais déjà hospitalisé à Donka parce qu’au septième jour, j’étais hyper fatigué et désespéré. J’ai décidé donc sans résultat de me rendre à Donka. C’est arrivé là-bas qu’une connaissance qui est dans la gestion des résultats, m’a appelé pour me dire que mon test est positif. Alors arrivé à Donka, Ils m’ont donné une cabine au troisième étage mais j’avoue que ça n’a pas été facile.

J’ai passé 48 heures sans médicament, en ce moment il y avait une rupture de chloroquine. Pendant mon séjour, l’environnement d’hospitalisation n’est pas favorable pour gérer une épidémie. Si pour un hôpital qui fonctionne normalement, on constate un manque de propreté, il faut dire que les malades sont exposés à d’autres infections. Pour le cas spécifique de Coronavirus, une maladie épidémique, il y a des règles d’hygiène qui sont imprescriptibles : la désinfection systématique des locaux. Il est préconisé que lorsqu’un malade sort d’une salle d’hospitalisation, que cette salle soit désinfectée. Mais je vous avoue quand moi j’arrivais à Donka, la salle dans laquelle j’ai été admis avait fait 10 jours sans être nettoyé, les toilettes étaient bouchées. Je suis descendu pour demander à ce qu’on m’aide pour nettoyer la salle. Et puis les malades peuvent sortir guéris d’une salle mais ils attendent qu’il y ait un nouveau malade pour venir changer les draps.

En plus, le minimum qu’on puisse faire pour les malades, c’est la moustiquaire au niveau de leurs lits parce que ce ne sont pas toutes les salles qui sont climatisées, et aussi il n’y a pas de grillage au niveau des fenêtres. . Il y a plein de moustiques à Donka, vous ne pouvez pas imaginer.

Le personnel aussi est en sous nombre et en plus les responsabilités ne sont pas établies. Par exemple, quand le dossier du malade est établi, il est important qu’on ne revienne pas sur certaines informations. Mais si chaque infirmier doit vous demander votre prénom, votre âge, votre numéro de téléphone, c’est que ça ne va pas », a expliqué en substance à Guinéenews un guéri de Covid19, sous le couvert d’anonymat.

Le spleen du personnel soignant

Les malades de Covid 19 ne sont pas les seuls à se plaindre du côté de Donka. Le personnel soignant avait également adressé une lettre au Premier Ministre chef du gouvernement, où ils ont dénoncé leurs conditions de vie et réclamé l’augmentation de leurs primes journalières. Ils dénoncent entre autres le manque de tuniques, de bottes, de cagoules adaptées et masques N95.

A l’image des malades, le collectif des médecins dénoncent également le retard dans la délivrance des résultats.  Dans cette lettre, ils demandent entre autres de « Séparer le bâtiment d’isolement des malades suspects à celui des confirmés ; de changer les Superviseurs médicaux par les médecins compétents qui respectent la hiérarchie ; de réduire la charge de travail ; de former quatre équipes de travail comme prévu par les professeurs afin que chacune d’elle ait un jour de repos pour réduire les épuisements et somnolences; limiter la prise en charge à 10 malades par médecin et infirmier; trouver suffisamment les équipements de protection individuelle (EPI) : tuniques, bottes, gants gynécologiques, cagoules adaptées et masques N95 ; former des agents avant leur prise de service ; arrêter de déployer les nouvelles recrues non formés dans les zones du CTE; mettre des barrières pour limiter les contacts entre patients suspects et confirmés ; trouver la solution pour empêcher les sorties inaperçues des malades du centre; rendre disponible les Bus de transport du personnel pour éviter que les soignants ne s’embarquent dans les taxis ; rendre disponibles les badges pour faciliter aux vigile de différencier le personnel du CTE des visiteurs et malades ; Pallier à la rupture réitérée des médicaments (Chloroquine, Azythromycine et autres) ; rendre disponibles les résultats des hospitalisés dans un bref délai pour pallier au débordement des structures de soins ; mettre fin à l’insuffisance des repas (plus jamais 1 plat pour 2 ou 3 personnes) », peut-on lire dans ladite lettre.

Le collectif des médecins et infirmiers ne se sont pas limités là. Ils ont également réclamé l’augmentation de leurs primes journalières. Ils réclament par jour pour les médecins : 400.000 FG; les biologistes : 400.000 FG; pour les infirmiers : 300.000 FG; pour les techniciens de laboratoire : 300.000 FG; pour les hygiénistes : 200.000 FG; pour les chauffeurs ; pour les lavandières et vigiles : 150.000 FG par jour.

A lire ces réclamations, on est tenté de se demander à quoi servent les donations que reçoivent à longueur de journée, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS).

Accusé de son côté, d’avoir obtenu le marché de la prise en charge des malades du site de Donka et de gérer en complicité avec l’ANSS, de façon opaque ces dons, l’ONG ALIMA a balayé d’un revers de main ces accusations et juré de n’avoir jamais obtenu un marché avec l’ANSS. Selon le chef de mission de l’ONG, ALIMA est une organisation humanitaire qui intervient sur les urgences humanitaires par fonds propres.

« Nous, nous sommes une organisation humanitaire, donc on ne répond pas à des appels de marché. ALIMA est une organisation humanitaire médicale avec toute la légitimité reconnue sur le plan national et international sur les questions de santé, des crises d’urgences ou la prise en charge de malades dans les hôpitaux. Actuellement nous évoluons dans 11 pays dans le cadre des opérations Covid19 ; on vient en appui aux états dans la prise en charge des malades notamment au Sénégal, au Burkina Faso, au Cameroun et en RDC. Notre corps de métier est la prise en charge des malades (…) Nous sommes en partenariat avec le ministère de la Santé pour prise en charge des malades de Covid19 à l’hôpital Donka notamment pour les cas graves », a déclaré au téléphone de Guinéenews Dr Billy.

Pourtant, en soutien au plan de riposte, les assistances ont plu de partout. Plusieurs entreprises évoluant en Guinée se sont mobilisées pour apporter leur aide à l’ANSS (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) tant sur le plan financier que matériel.

Guinéenews a tenté de relever les dons de quelques entreprises bienfaitrices, durant ce combat contre la Covid19. Nous vous proposerons dans une prochaine livraison  un tableau non exhaustif des donateurs.

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