Plusieurs jeunes guinéens partis en Libye ou encore au Maroc et en Algérie se retrouvent bloqués dans ces pays en raison des restrictions de voyage imposées par la pandémie de la Covid-19. Certains parmi eux, sont contraints de rester au pays, en attendant que la situation se normalise.
Depuis le début de l’année 2020, les pays d’Afrique subsahariens et du Nord à l’instar des autres pays ont mis en œuvre diverses mesures pour limiter la propagation du virus, telles que la fermeture des frontières entre les pays et le confinement partiel ou total à l’intérieur des pays. Ces restrictions de mobilité ont considérablement impacté sur les mouvements des personnes à l’intérieur comme à l’extérieur.
Avec l’arrêt des liaisons internationales entre mars et avril 2020, les déplacements des candidats à la migration notamment intercontinentaux, ont considérablement baissés. Les restrictions dans le secteur maritime ont également eu des répercussions sur les itinéraires de trafic par cette voie.
Ces restrictions de déplacement aux frontières afin d’éviter la propagation du COVID-19, rend difficile l’accès aux destinations souhaitées pour les candidats à la migration. Surtout pour des personnes venant d’Afrique sub-saharienne. Il leur est difficile de trouver les ressources nécessaires pour entreprendre le voyage jusqu’en Europe. A cause de la COVID-19 beaucoup de candidats à la migration se retrouvant bloqués dans des situations précaires, et d’autres, faisant face à des difficultés dans la poursuite de leurs voyages.
Ceux qui bravent les mesures de restriction s’exposent le plus souvent à des conditions dangereuses et se livrent aux passeurs et autres trafiquants prêts à prendre davantage de risques en échange d’une rémunération accrue.
Les départs en mer des Africains subsahariens vers l’Europe ont, eux aussi, connu un déclin relatif. La COVID-19 a entraîné l’immobilité involontaire de nombreux migrants dans les pays de transit et de destination, en raison de la fermeture des frontières, de l’épuisement de leurs ressources et de leurs craintes d’être arrêtés, déportés ou victimes de violences xénophobes.
Selon OIM, le nombre d’arrivées en Europe par les routes Méditerranéennes a diminué à cause de nombreuses restrictions liées à COVID-19.
« Sur la route de la Méditerranée occidentale vers l’Espagne, le mouvement a d’abord diminué. En Afrique de l’Ouest, à partir de mars 2020, les restrictions de mobilité liées à COVID-19 ont ralenti les mouvements régionaux. Les premiers effets des mesures visant à ralentir la propagation du virus, telles que la fermeture des frontières, ont également provoqué l’immobilisation de nombreuses personnes dans la région, dont des réfugiés et des migrants bloqués aux frontières, dans des centres de quarantaine et de transit. Une tendance clé observée globalement, est le déclin relatif à partir de l’Afrique subsaharienne », note-t-elle.
Beaucoup de candidats à l’immigration irrégulière découragés par les restrictions aux frontières dues à la COVID-19
Ils sont aujourd’hui nombreux dans les quartiers, les jeunes guinéens freinés dans leur élan de partir à l’aventure. Certains parmi eux ont quitté leurs villages et campements pour rallier Conakry. D’autres ont vendu ou bradé les biens de leurs parents dans l’espoir de regagner l’Occident.
Mais pour cause de COVID-19, beaucoup de ces jeunes gens végètent actuellement dans les rues de Conakry quand d’autres se voient obligés de verser dans l’informel en attendant la fin de la pandémie.
« Je suis bloqué ici à Conakry depuis deux ans. Prêt pour partir en Espagne en passant par le Mali, la Mauritanie et le Maroc. J’ai appris un matin, en mois de mai 2020 que les frontières sont fermées. Au même moment, mon ami qui était déjà à Nouadhibou en Mauritanie, m’apprend qu’il est bloqué et ne savait plus que faire. Tout ceci m’a découragé. J’ai pris l’argent qui était sur moi, et j’ai ouvert un petit kiosque dans le quartier. Je me débrouille ici en attendant que la pandémie finisse », témoigne un jeune sous anonymat.
Interrogé s’il tient toujours à son voyage, le jeune Thiernodjo B se dit toujours déterminé à quitter la Guinée : « Il faut que je parte d’ici. Je ne vois aucune issue favorable à mon avenir dans ce pays »
Quant à Cheik Mahamoudou D, balanceur à la gare de taxis à Dixinn, face à la Pharmacie Centrale, il se dit déçu de n’avoir pas voyagé jusqu’ici alors qu’il a bradé un terrain familial à Kindia. Mais déterminé désormais à rester au pays et faire un boulot qui pourra lui rapporter et fonder un foyer. « Je ne crois plus à ce rêve. On ne sait pas quand cette pandémie prendra fin. Et puis, je n’ai plus d’argent pour engager de nouvelles démarches (…) J’ai renoncé à l’aventure depuis que j’ai constaté qu’on peut entreprendre des activités ici et réussir et fonder un foyer. Quand je pense que j’ai causé un tort à la famille en vendant la parcelle… Je ne sais plus comment expliquer cet acte à mes parents », regrette-t-il.
Un autre rescapé en provenance de la Libye, qui a souffert avec ses amis dans un camp quand la pandémie a surgi en mars 2020, témoigne. « Dès l’annonce des mesures barrières, on était stigmatisé. On ne pouvait pas sortir pour payer à manger. Entassés dans une chambrette, on ne pouvait pas respecter les mesures barrières telles que le lavage des mains, la distanciation sociale, tousser dans le coude et que sais-je encore. On voyait impuissant beaucoup de nos amis mourir sous nos yeux. C’est dramatique ce qui se passe actuellement dans la Méditerranée en cette période de COVID-19. Je ne conseillerai pas, même un ennemi, de tenter ces jours-ci l’aventure vers la Méditerranée », prévient-il.
Interrogés sur le tas, les conducteurs de taxis-motos rencontrés en circulation sont tous unanimes : se concentrer pour le moment sur le transport interurbain en attendant la fin de l’épidémie.
Avec l’apparition de la COVID-19, de nombreux migrants en mouvement entre l’Afrique du Nord et de l’Ouest, y compris ceux qui sont partis avant avril 2020, se sont retrouvés bloqués à la fois aux frontières terrestres et maritimes, en raison d’une multitude de facteurs telle que la fermeture des frontières.
Dans certains cas, les migrants de retour se sont retrouvés bloqués, en raison de la suspension des programmes de retour volontaire ou de restrictions frontalières entravant leur voyage de retour.
Conformément aux diverses restrictions de mobilité mises en place pour contenir la propagation du coronavirus, y compris les confinements totaux ou partiels, la plupart des jeunes migrants et candidats à l’immigration rencontrés citent la difficulté à se déplacer entre les pays comme étant l’impact le plus important sur leurs voyages migratoires.