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Coup de semonce parlementaire: L’UE joue les  rabat-joie

La résolution adoptée ce jeudi par le parlement européen à Strasbourg sur la Guinée a l’air d’une douche glacée  pour l’exécutif, engagé dans une course contre la montre pour faire passer son projet de réforme constitutionnelle, à la faveur d’un scrutin boycotté par l’opposition. Dans leur résolution, les parlementaires européens se sont montrés intraitables sur la question relative au respect de la constitution en vigueur, invitant le président Alpha Condé à revenir sur ses pas. Toute chose qui pourrait  compromettre les calculs électoralistes du pouvoir qui continue de s’enfermer dans sa bulle.

En français facile, il faut dire que  cette résolution du parlement européen  vient mettre du ‘’sable dans l’attiéké’’ des chantres du troisième mandat. Eux, qui pensent que les jeux sont faits, et que le 1er mars, le rouleau compresseur du parti au pouvoir va tout laminer sur son passage. Surtout qu’il n’y a en face que du menu fretin.

Cette résolution  vient rappeler à ceux qui veulent faire feu de tout bois pour arracher le troisième mandat pour Alpha Condé, qu’il ne faut pas crier trop tôt victoire.

En effet, les députés européens se basant sur les graves violations des droits humains enregistrées en Guinée depuis 2010,  et relayées par les médias et les ONG de défense des droits humains, invitent  le président à baisser la lance. Une manière de lui rappeler son serment à la faveur duquel il s’est engagé à ne pas abuser des ors de la République.

Parmi donc les points qui ont retenu notre attention dans cette résolution, on note tout d’abord celui portant sur le tripatouillage constitutionnel et qui dit ceci: « L’UE regrette profondément tout projet de modifier la constitution du pays en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels; réaffirme avec force qu’une démocratie saine doit respecter l’état de droit et toutes les dispositions constitutionnelles, y compris une éventuelle limitation du nombre de mandats présidentiels; invite donc le président de la République de Guinée à respecter la constitution du pays, et en particulier son article 27.»

Les parlementaires européens exigent aussi du gouvernement guinéen « le respect du droit à la liberté de manifestation, de réunion, d’association et d’expression que garantissent les normes internationales et les traités et conventions des Nations unies ratifiés par la République de Guinée; prie le gouvernement de la République de Guinée de prendre des mesures urgentes visant à garantir le respect du droit de manifester librement et pacifiquement, à instaurer un climat sûr sans forme de harcèlement, de violence ou d’intimidation et à faciliter le dialogue avec l’opposition », entre autres.

Il ne faut pas occulter non plus les préoccupations de l’Union Européenne sur les exactions commises par des membres des forces de sécurité, sans qu’aucune lumière ne soit faite à ce jour sur les « tueries » et autres violences exercées sur des civils.

A cela il faut ajouter le ‘’respect des droits individuels des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme qui travaillent dans le pays,  afin de veiller à leur sécurité, pour qu’ils soient en mesure de couvrir ou de surveiller la situation du pays dans le domaine politique et en matière de droits de l’homme’’. Une recommandation qui tient à cœur les parlementaires, comme on le voit.

Le FNDC boit du petit lait

C’est au moment où les détracteurs du Front national pour la défense de la constitution (Fndc) pointent une baisse de régime dans ses actions de désobéissance civile, qu’intervient ce qui s’apparente à une bouée de sauvetage. Au Fndc, on pense que cette résolution de l’UE vient à point nommé, surtout qu’elle prend en compte leurs revendications. Ainsi au terme des deux journées de manifestations qui viennent de se déroulées, Abdourahamane Sanoh et ses collègues ont tenu à rappeler à leurs détracteurs qu’ils sont loin d’être sur les rotules.

Encore que les recommandations contenues dans la résolution de l’UE viennent les conforter davantage dans leur combat.

Loin de tout dogmatisme, les membres du FNDC veulent faire prévaloir plutôt leurs convictions dans la lutte contre le projet de troisième mandat. Et Sanoh droit comme un I, ne rate aucune occasion pour rappeler que pour rien au monde ils ne céderont dans leurs revendications.

Alors qu’une bonne partie de l’opinion pense qu’avec cette résolution des parlementaires européens,  c’est désormais râpé pour le parti au pouvoir et son champion, Amadou Damaro Camara, l’un des chantres du projet de  nouvelle constitution, en vrai porte-flingue de la majorité présidentielle,  botte en touche et clame sur tous les toits  qu’ils n’ont de leçon à  recevoir de personne. Au nom d’un nationalisme cocardier, si cher à nos gouvernants.

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