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Corruption : Les révélations, les allégations et le mea culpa de Alpha Condé

Devant les anciens et nouveaux Directeurs administratifs et financiers, Alpha Condé a tiré sur les gouvernances précédentes et sur sa propre gouvernance.

Sur les anciennes gouvernances, c’est la même antienne d’intentions, on attend de voir du concret. Sur sa gouvernance, il veut procéder « au contrôle des biens » de chacun. Et comme aucun membre du gouvernement actuel comme ancien n’a fait de déclaration de biens avant de prendre service, il y a risque d’entendre parler « d’accumulation primitive de capital ». Ça va tourner en rond sans trouver d’issue. Dadis Camara s’était usé au même exercice.

 Devant les DAF, Alpha Condé a parlé de récupération des domaines de l’Etat. Si l’on se réfère au plan cadastral colonial, il y a du travail de casse à faire. Tout le monde connait tous les domaines réservés de l’Etat, que les anciens dignitaires avaient obtenus par décrets présidentiels (originaux ou apocryphes). Certains de ces domaines réservés pas encore touchés ont été occupés depuis 2011. La question qui se pose est de savoir s’il y aura plus d’urgence et de priorité à récupérer un domaine spolié plutôt qu’un autre. Séparer la bonne graine de l’ivraie dans cette affaire ne se fera pas sans contestations. L’arbitrage international est en vue.

La révélation de Alpha, qui attend d’être mise sur la place publique, est cette « tentative de coup d’Etat », lors de la grève du SLECG. Si ce n’est pas une complotite, elle ne manquera pas de prendre une telle couleur.

Qu’est-ce qui a mis la puce à l’oreille de la gouvernance pour parler de complot ?

Le syndicaliste Aboubacar Soumah n’a pas parlé du départ de complot, mais il a parlé du départ de Albert Damantang Camara et de K², les ministres du Travail et de l’Education. On a entendu de Cellou Dalein que si les revendications de l’Oppositions ne sont pas satisfaites, il va demander le départ de Alpha Condé. Ensuite, le quiproquo sur la rumeur de sa mort et les insurrections populaires un peu partout dans le pays et ce qui s’est passé au Burkina Faso en 2014 ont rempli la coupe. Ainsi, les propos des uns et des autres mis les uns dans les autres, même sans être paranoïaque et schizophrène, n’importe qui n’a pas tort de penser à la complotite. Mais Alpha dit qu’il a des preuves qu’un coup d’Etat était bel et bien en préparation. Ces allégations, restent à être prouvées.

 La suspicion persistante de corruption, qui va de plain au-dessus des anciens ministres du général Lansana Conté ne crée pas une saine atmosphère. Le contrôle et la vérification des biens constitueront l’exercice le plus périlleux de la gouvernance Alpha en ce sens que la victimisation est déjà à fleur de peau, il suffit d’un rien, et ce qui se trame ne sera pas rien, pour créer l’inconnue.

 Ensuite, lors de sa rencontre avec les DAF, Alpha a fait un mea culpa édifiant, il a reconnu que quand il veut enlever un ministre, son ethnie s’oppose, sous prétexte que ce ministre est bon, qu’il est prodigue. Alpha, comme Toto, sait que le ministre qui donne ne prend pas dans son salaire, mais il prend dans les caisses de l’Etat, ce qui, par inférence, signifie que la corruption existe au sein de son gouvernement depuis sa mise en place, puisque les coordinations régionales ont pesé lourd dans le choix et le maintien de tel ou tel ministre.

Le président était très en verve, ce jour, mais il s’était bien gardé de parler des pressions et influences de coordination régionales ravivées depuis 2011. Ce gouvernement était formé dans des tractations des coordinations régionales et des ethnies. On suppose que le prochain gouvernement sera libre des fers et des entraves sociales.

Enfin, Alpha semble vouloir recréer la roue en donnant le plein pouvoir aux nouveaux DAF de les inciter à se dresser contre la hiérarchie pour éviter les détournements, un raccourcis périlleux en ce sens qu’il risque de créer la chienlit dans l’administration, des conflits de compétence en n’en plus finir seront partout pour paralyser l’administration, si jamais la hiérarchie était court-circuitée.

Mais peut-être qu’on se trompe, et on aimerait bien se tromper.

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