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Coronavirus et résurgence d’Ebola en Guinée : le Pr Georges Ki-Zerbo de l’OMS se confie à Guineenews (interview)

Parmi les partenaires de premier plan de la Guinée dans le secteur de la santé, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est sur tous les fronts: d’abord contre la covid-19 et ensuite d’autres maladies à caractère épidémiologique. Et maintenant, la maladie à virus Ebola qui refait surface dans le sud du pays. Dans une interview accordée à Guineenews, le représentant de l’institution onusienne dédiée à la Santé en Guinée, le Pr Georges Ki-Zerbo nous a parlé du dispositif du double riposte (Corona – Ebola) en général et de la partition de l’OMS en particulier.

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Guineenews.org : Bonjour Pr Ki-Zerbo, en plus du Coronavirus, la Guinée fait aussi face au virus Ebola qui vient de refaire surface à Gouéké, dans la ville de N’Zérékoré.  Quelle est la situation en votre possession à l’instant ?

Pr Ki-Zerbo, représentant de l’OMS ennGuinée:  Suite à la déclaration hier du ministère de la Santé, l’investigation se poursuit pour essayer de tracer les chefs de transmissions et voir quelle est  l’extension éventuelle de la maladie dans le foyer qui a été identifié. Donc nous allons nous baser sur le rapport de situation qui sera émis par l’Agence nationale de la sécurité sanitaire régulièrement. Pour le moment, les 7 cas qui ont été annoncés sont les statistiques que nous avons dont trois (3) confirmés au laboratoire.

Guineenews.org : Donc pour l’instant (14 heures) la situation n’a pas évolué ?

Pr Ki-Zerbo : pour l’instant le rapport de la situation n’a été émis pour aujourd’hui. Mais les investigations se poursuivent sur le terrain pour voir quelles sont les évolutions éventuelles.

Guineenews.org : avec les autorités, des mesures ont été annoncées hier. Où en sommes-nous par rapport à leur mise en œuvre ?

Pr Ki-Zerbo : Je crois que les mesures qui ont été annoncées hier (dimanche 14 février, ndlr) sont effectives parce que les commissions de la riposte ont été réactivées. La mission d’investigation est sur le terrain. Les discussions pour les autorisations concernant les vaccins sont avancées. Nous sommes en contact avec le bureau régional du siège à l’OMS et tous les partenaires du Système des Nations Unies (SNU). Une mission actuellement sur le terrain du SNU va prêter attention à la situation sur le terrain. Donc, le coordinateur du SNU et les agences sont actuellement dans la région. C’était prévu pour une autre cause mais je pense que l’urgence de l’heure va appeler des concertations avec toute l’équipe basée sur le terrain.

Guineenews.org : la situation actuelle rappelle des fâcheux incidents intervenus lors de la dernière apparition d’Ebola en Guinée. Quelles sont les dispositions prises pour éviter la panique au sein des populations ?

Pr Ki-Zerbo : ça, c’est un point très important. La communication et la sensibilisation communautaires. C’est un pilier que nous sommes en train d’appuyer avec des partenaires comme l’Unicef mais aussi les ONG qui sont sur le terrain comme la croix rouge, MSF (Médecin Sans Frontières) et d’autres parmi les premiers répondeurs. L’idée, c’est d’expliquer vraiment ce qui se passe sur la base des faits et d’éviter effectivement la panique et les rumeurs qui peuvent interférer avec la qualité de la réponse. Cela suppose qu’on écoute les communautés en allant vers elles voir quelles sont leurs perceptions, leur représentation et  leur compréhension de cette maladie pour avoir leur adhésion à toutes les interventions qui  seront proposées pour la prévention et le contrôle.

Guinéenews.org : à propos du vaccin, est-ce qu’on est sûr que celui qui existe correspond au virus dans sa nature actuelle ?

Pr Ki-Zerbo : je crois que sur le volet vaccin, la fin de l’épidémie de 2014-2016 a été l’opportunité de tester cette approche de vaccination en ceinture où on traçait si vous voulez un cercle au tour des cas, leurs contacts et aussi les contacts des contacts pour sécuriser au maximum les communautés alentour bien entendu avec leur consentement avec le respect de toutes les conditions d’éthique et scientifique pour une telle intervention. Le vaccin est utilisable et a été utilisé en RDC (République Démocratique du Congo) pendant au moins trois autres épisodes de maladie à virus Ebola. Il a été trouvé efficace et aussi sûr. Dans ces conditions, avec plus de 300 000 doses utilisées lors des épidémies en DRC, c’est un moyen important dans la riposte et qui sera utilisé à la demande du gouvernement. Nous travaillons à cela en lien avec notre Bureau régional à Brazzaville, la direction régionale et le siège aussi. Le programme global des urgences de l’OMS à Genève.

Guineenews : J’insiste sur la nature du vaccin. Est-ce que votre réponse indique que le vaccin tel qu’il existe actuellement correspond au besoin ?

Pr Ki-Zerbo : je crois que c’est ça l’assomption actuelle. Mais vous savez, on recherche effectivement le type  du virus. A priori, je crois que le vaccin tel qu’il est, s’est montré efficace dans les ripostes passées. Il sera utilisé pendant qu’au niveau du laboratoire aussi le séquençage, c’est-à-dire la dissection de ce type de virus, permettra de connaître son identité exacte. Cela ne remet pas en cause l’utilisation du vaccin au moment où nous parlons.

Guineenews.org : Est-ce qu’on peut avoir une idée sur la quantité qui peut être disponible en ce moment ?

Pr Ki-Zerbo : l’idée dès le départ, c’est de pouvoir mobiliser le maximum de stocks possible. Mais initialement, je crois qu’il y a une première dotation qui doit arriver en urgence selon les quantités disponibles immédiatement. Je crois que cela sera communiqué par les autorités lors de leur communication officielle. Mais, un nombre suffisant de doses pour une riposte dans la zone est en train d’être sécurisées.

Guineenews.org : Est-ce qu’on a une idée sur le coût que cela peut représenter au moins de façon estimative ?

Pr Ki-Zerbo : je crois qu’il n’y a pas de discussion autour de cela en ce moment. Je pense que l’idée, c’est de répondre à l’urgence. C’est vraiment les stocks disponibles au niveau global, au niveau de l’OMS, au niveau de l’alliance du vaccin GAVI et des fabricants. C’est un bien public international. Donc, les questions de coût ne sont pas mises avant pour le moment. L’idée c’est de rendre disponible cet outil.

Guineenews.org : Donc la provenance du vaccin n’est pas également précisée. On ne s’attend pas à un vaccin qui proviendrait d’un pays ou d’un fabricant particulier ?

Pr Ki-Zerbo : Je n’ai pas d’information à ce sujet. Le vaccin dont je parle, c’est celui qui est disponible qui a reçu une homologation pour l’utilisation dans les situations d’urgence avec un protocole particulier qui a été adoptée à l’OMS.

Guinerenews.org : Vous pouvez nous rappeler le nom de ce vaccin s’il vous plaît ?

Pr Ki-Zerbo : Je crois que c’est le vaccin ZEBOV mais les caractéristiques vous seront données par la déclaration  officielle. Donc il faut laisser les autorités faire ça.

Guineenews.org : quels sont les délais pour l’acheminement et l’effectivité de la vaccination ?

Pr Ki-Zerbo : l’idée c’est de voir dans la semaine comment accélérer au maximum la disponibilité de ce vaccin une fois que toutes les autorisations d’importation et les autorisations du mode du comité d’éthique sont obtenues. Ceci est en cours. Donc, je pense que très rapidement nous allons nous retourner vers le programme des urgences au niveau global et au bureau régional. Les délais d’acheminement ne sont pas sous notre contrôle mais il s’agit de travailler en termes de jours plutôt que de semaines.

Guinenews.org : avec le virus Ebola maintenant, la Guinée fait face à deux virus. Ce qui suppose que des dispositions particulières doivent être prises. Qu’est-est-ce qui est prévu au niveau de l’OMS qui est l’un des partenaires dont la présence est des plus remarquées ?

Pr Ki-Zerbo : la Guinée a eu une expérience avérée en matière de riposte aux urgences. L’épidémie de   2014-2016 a permis de tirer de nombreuses leçons, de renforcer le dispositif au niveau central et au niveau décentralisé. Bien entendu qu’il faut faire face au gap, aux insuffisances qui existent, les combler rapidement et s’ajuster à cette nouvelle situation qui survient en même temps que la riposte à la covid-19. Mais il faut savoir aussi qu’il y a des ripostes en cours contre des foyers limités de fièvre jaune du côté de Koundara et aussi à la poliomyélite qui est en cours d’une urgence de santé publique. Donc, il s’agit de mettre toutes les ressources en convergence, d’amener tous les partenaires au tour du camp national et d’impliquer la société civile, le secteur privé, tous les secteurs du gouvernement et les communautés pour s’assurer que le cap très difficile puisse être passé.

Guineenews.org : est-ce qu’on a une idée sur le plan COVAX ?

Pr Ki-Zerbo : Oui, la Guinée a été mise sur la plate-forme globale par les autorités nationales. Nous suivons les allocations qui ont été prévues pour le pays et la préparation se poursuit aussi dans les différents volets sur le plan logistique, sur le plan de la coordination. Et là aussi la communication et l’allègement communautaire, lorsque les allocations vont arriver, pour que ce programme soit prêt et que les communautés soient aussi prêtes pour cet important volet de la riposte à la covid-19. Donc ce sont des vaccins homologués dans le cadre COVAX par l’OMS qui seront utilisés.

Guineenews.org: et quelle est la prévision par rapport à l’arrivée ?

Pr Ki-Zerbo : L’indication c’est la fin du premier trimestre. Donc, d’ici mars les allocations sont prévues dans les pays participant à COVAX.

Guineenews.org : Nous sommes vers la fin de cet entretien. Est-ce qu’il y a un aspect qui n’a pas été évoqué et que vous souhaiteriez aborder ?

Je pense que ce qui est important c’est de voir aussi la dimension transfrontalière, les discussions au niveau des gouvernements, au niveau des organisations régionales et au niveau du SNU, des partenaires dans les pays limitrophes pour que, tirant l’expérience de la dernière épidémie en Afrique de l’Ouest, les plans de préparation soient mis en place par les pays frontaliers. Et que toutes les expériences et les appuis disponibles puissent être apportés, pour circonscrire cette nouvelle flambée en Guinée, le plus rapidement possible.

Entretien réalisé par Thierno Souleymane pour Guineenews.org

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