Une séance de discussions relative à l’intégration économique régionale a été lancée ce lundi 16 mars à Conakry par la ministre de la Coopération et de l’Intégration Africaine, Dr. Djènè Kéita. Elle avait à ses côtés, des membres du gouvernement, le gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, les représentants résidents du Fonds Monétaire Internationale (FMI), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de l’Union Européenne et l’Ambassadeur du Ghana.
Dans son speech, le gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) Dr. Lounsény Nabé s’est largement prononcé sur la création d’une monnaie unique pour l’espace de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
A en croire le Gouverneur Dr. Lounsény Nabé, l’idée de créer la monnaie commune de la CEDEAO remonte à 1983.
« Elle a été avancée lors de la conférence des chefs de l’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenue à Conakry. Ce projet a repris forme en décembre 2000 avec une approche à deux vitesses qui consistait à créer une seconde zone monétaire regroupant les pays qui n’étaient pas membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) avec la volonté de faire converger ces deux ensembles pour construire l’union monétaire de la CEDEAO. A terme, cette convergence devait permettre qu’après toutes les formes d’harmonisation, qu’on puisse créer au niveau de la CEDEAO, une monnaie commune », a-t-il rappelé.
Poursuivant, il a fait savoir que la création de cette commune était initialement prévue en 2003. Mais en raison des difficultés et des critères de convergence, a-t-il dit, l’échéance a été reportée d’abord pour 20O5, ensuite 2009 puis 2015.
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« Avec ces multiples reports et dans la perspectives d’accélérer le processus de création d’une monnaie unique, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé revenir à l’approche dite à une vitesse lors d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO tenue le 25 octobre 2013 à Dakar au Sénégal. Cette approche consistait à aller directement vers la création de la monnaie unique de la CEDEAO à l’horizon 2020. Depuis l’adoption de cette approche, la CEDEAO a réalisé d’importants progrès en matière d’intégration monétaire. Des avancées significatives ont été enregistrées avec le choix nom de la future monnaie commune ‘’ECO’’, l’adoption de régime de change et flexible assorti d’un cadre politique monétaire axé sur le ciblage de l’inflation et un système fédéral pour la banque centrale commune dont le nom a été entretemps trouvé à savoir la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCAO) », a-t-il expliqué.
Nonobstant ces progrès réalisés, Dr. Lousény Nabé a affirmé que des difficultés demeurent en ce qui concerne le respect des critères de convergence et de l’inscription de ce respect dans la durée. « Les modalités du passage de la monnaie nationale à la monnaie unique, la transition du régime de change fixe vers le régime de change flexible pour les pays de l’UMOA », a-t-il indiqué.
Dans la même logique, il a fait comprendre que l’Union Africaine (UA) constatant que le cercle vicieux du sous-développement ne pourrait être brisé que par l’industrialisation, a commencé depuis quelques années à s’accorder à cette problématique une importance de plus en plus accrue.
« Aujourd’hui, la numérisation est devenue incontournable du développement et de la croissance de la compétitivité de les relations économiques internationales. A titre d’illustration, le commerce électronique en Afrique connait une croissance annuelle de 40%. L’économie numérique devrait atteindre plus de 300 milliards de dollars d’ici fin 2025 grâce au développement rapide des nouvelles technologies de l’Information et de la Communication », a-t-il laissé entendre.
Interrogé, le représentant résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Guinée, Luc-Joël Grégoire a déclaré que cette rencontre est une belle initiative louable. « Il s’agit du dialogue, d’échange et de réflexion stratégique pour le développement à travers l’intégration. Les échanges ont été de haut niveau, des importants sujets ont été évoqués. Ces rencontres périodiques permettront à un échange sur les enjeux de la coopération internationale, sur l’intégration du marché mondial et sur les dynamiques de coopération régionale », a-t-il il fait remarquer.
Au cours de ce déjeuner de travail, la ministre de la Coopération et de l’Intégration Africaine, Dr. Djenè Keita a rappelé qu’en 2019, il y a eu trois réunions extrêmement importantes en Guinée auxquelles notre pays avait le leadership au niveau de l’intégration. Pour elle, la bonne intégration régionale est certainement celle des biens et des personnes. Mais aussi, elle précisé, elle passe par une intégration économique financière et monétaire. « La 53ème session de commission économique pour l’Afrique a pour thématique cette année, l’industrialisation et la diversification durable à l’heure du numérique », a-t-il annoncé.