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Guinée – Consommation du café noir : entre avantages et risques !

En Guinée, la vente et la consommation du café noir ont pris des proportions inquiétantes. Il suffit juste de faire quelques tours dans les centres urbains voire dans les localités très reculées pour s’apercevoir de l’ampleur du phénomène.

A Lélouma, les bars café ne se comptent plus du bout des doigts. D’ailleurs, ils prolifèrent davantage  et sont devenus de nos jours des véritables  coins de rendez-vous et de discussions sur des sujets surtout d’ordre politique ou sportif autour d’une tasse de ce nectar noir. Et cela, toutes les tranches d’âge sont concernées.

Aujourd’hui, le café noir attire tout le monde. Et pourtant, sa consommation abusive n’est pas sans conséquences sur la santé du consommateur. Certaines personnes, à force de s’y habituer, sont devenues accrocs et complètement dépendantes.

La rédaction de Guineenews© s’est penchée sur la situation à Lélouma. Ainsi, ce reportage vous plonge au cœur de cette filière juteuse à travers laquelle vivent des nombreuses familles.

De la production et de la vente du café

Généralement, le café est produit en Guinée, dans la région forestière. Mais avec les précédentes campagnes agricoles, la culture du café « arabica » voit peu à peu le jour dans le Fouta notamment à Dalaba et à Timbi Madina dans Pita.
« Vous savez, la culture du café est restée presque méconnue  en Moyenne Guinée et particulièrement à Lélouma. Mais depuis quelques années, les plantations de café se développent peu à peu dans certaines de nos localités. Nous avons reçu un appui en plants et de nombreuses personnes sont venues solliciter ces plants. On voit bien que les planteurs commencent à comprendre l’importance et les profits qu’on peut y tirer de la filière café », explique Lamarana Para Diallo, le président préfectoral de la chambre d’agriculture.

Sur le marché local, le café devient de plus en plus sollicité et le nombre de consommateurs augmente considérablement. Mais ce qu’ignore certainement bon nombre de ces consommateurs, est qu’avant d’avoir sa tasse de café à déguster, un long et dur travail a été déjà effectué depuis les différentes plantations.

Tamba est producteur de café et possède une plantation de plusieurs hectares de cafetiers à Macenta. Il témoigne : « (…) après plusieurs années à la recherche du bien être hors de nos frontières, je suis rentré chez nous et pour ne pas rester les bras croisés, j’ai fait des démarches et j’ai entamé la culture du café. Depuis près de vingt ans maintenant, je ne fais que ce travail. J’avoue que j’arrive maintenant à m’en sortir. Avec ça, je parviens à satisfaire mes besoins ainsi que ceux de ma famille. Les soins de santé, les frais de scolarité, bref ma famille et moi vivons de ça. J’arrive à solliciter même de l’aide pour la cueillette et l’entretien de la plantation qui est maintenant très vaste ».

« C’est un long processus, ajoute-t-il, mais en fin, on se frotte vraiment les mains. Il m’arrive de vendre parfois les graines sèches. Je finance toute l’activité. C’est-à-dire de la cueillette jusqu’à l’obtention de la poudre de café. Ce n’est pas facile de vous dire exactement la quantité récoltée par saison. Mais, c’est quand même plusieurs millions de nos francs ».

Sur la même lancée, Dian Bhoye Diallo, qui évolue dans la vente de poudre de café depuis quelques années, explique comment il mène ses activités : « J’achète le café à N’zérékoré pour aller le revendre à mes clients à Siguiri. Je paye le kilo à 10 000 GNF. Parfois, c’est les graines de café qu’on achète ici par kilogramme. On paye pour les griller à 500 FG le kilogramme et 1000 FG pour les piler à travers une machine. Ensuite, je récupère cette poudre pour l’emballer dans des sacs qu’on charge dans des camions à destination de Siguiri. Et selon la commande de mes clients, je revends le kilogramme de café entre 20 000 et 25 000 FG. Parfois, le prix varie en fonction de la saison. Des fois, on fait des bénéfices, de fois aussi moins. Pour le moment je m’en sors très bien ».

Quant à Mamadou Dian Diallo, il est spécialisé dans la vente du café noir au centre de Lélouma depuis plus de dix ans. Son café est l’un des plus animés dès l’aube. Son travail démarre tous les jours aux environ de 6 heures du matin. « C’est ce que je fais comme activité depuis près de vingt ans maintenant. Dès sept heures du matin, nous sommes envahis par les clients. Et c’est presque la même ambiance toute la journée et jusqu’à 23 heures. C’est un travail épuisant et qui nécessite beaucoup d’attention. Il faut préparer le café, surveiller les presses et servir en même temps les clients. C’est notre quotidien. C’est très épuisant mais je me suis habitué. C’est grâce à ça que je parviens à nourrir ma famille », explique-t-il.

Dans la même logique, son collaborateur aborde dans ce sens : « Notre café est réputé être le meilleur au niveau de la commune urbaine. Et cela à cause de l’importance dans le choix du produit et la bonne préparation du café, selon le goût du client. C’est en cela qu’on tient notre réputation. Je ne peux vous dire combien on vend par jour mais je vous avoue qu’on écoule plusieurs thermos. En tout cas, on s’en sort bien », se réjouit Ibrahima Diallo.

L’avis des consommateurs du café noir

Dans les centre-urbains, des bars cafés prolifèrent partout. Le nombre de consommateurs augmente aussi. Certains par passion. D’autres encore par obligation car à force de consommer quotidiennement ce nectar, ils ne peuvent plus s’en passer. « Si ce n’est le mois de ramadan, il m’est inconcevable de démarrer la journée sans mon petit café », dixit un commis de l’État en service à la commune urbaine. « Je bois le café là depuis plus de vingt ans. Le problème est que, tu ne peux pas t’en débarrasser comme ça lorsque tu es habitué. C’est un stimulant comme la cigarette ou le cola. Au début, je consommais ça de façon très irrégulière mais avec le temps, je suis devenu accros », rajoute-t-il.

Pour Alassane Diallo, maître maçon, le café lui procure du plaisir et l’apporte une force pour bien passer la journée.
« Quand je consomme ce café, je me sens vraiment à l’aise. Pour bien entamer ma journée, j’en consomme le matin et ça me donne la force pour bien travailler à mon chantier. Quand j’ai ma petite dose, je peux aussi rester jusqu’à 14 heures sans que l’envie de manger ne me prenne », explique-t-il.

Pour cet autre consommateur potentiel de café noir, lorsqu’il est privé de ce nectar, il devient nerveux. Ça lui donne la migraine et lui ôte toute envie de travailler nous, a-t-il confié à Guineenews©.
Si certaines personnes trouvent le plaisir en consommant le café sucré, d’autres encore le consomment sans sucre pour, disent-ils, éviter les maladies liées au sucre.

« Moi je préfère prendre mon café sans sucre. Vous savez, actuellement, nous sommes confrontés à des maladies liées à la consommation abusive du sucre. C’est pourquoi j’ai jugé nécessaire de prendre mon petit café sans sucre. C’est difficile d’en boire mais c’est moins risqué », soutient-il.
En cette période de pénitence, nombreux sont ces fidèles qui affluent vers ces points de vente de café noir pour pendre leur dose quotidienne dès après la rupture.

Impacts sur la santé et avis des médecins…

Selon le Dr Alpha Oumar Barry, médecin chef du service de la médecine générale à l’hôpital préfectoral de Lélouma, les avis sur la consommation du café noir sont partagés.
« En fait, par rapport à la consommation du café, les avis sont partagés. Certains sont pour et d’autres contre. Mais il est important de préciser que ceux-là qui sont pour la consommation du café prétendent que le café a des vertus. Mais ils affirment avec précautions. C’est-à-dire qu’il n’est jamais conseillé de consommer le café à volonté, à la guise. Ces derniers pensent que la consommation du café peut aider à surmonter certains problèmes. Et comme vous le savez, le café est un stimulant. Il peut rendre le consommateur euphorique. Ça donne de la motivation. Certains disent aussi que le café est un anti-oxydant et qu’il peut même purifier le sang en le débarrassant des cholestérols. Mais ce n’est pas prouvé », précise le médecin.

Avant d’ajouter : « D’autres aussi pensent que le café est une alimentation qu’il faut bannir de nos habitudes. Selon les organismes, certaines personnes peuvent consommer le café sans trop de risque parce que leurs corps ont la facilité d’éliminer rapidement le café dans l’organisme. Pour d’autres aussi, la consommation du café peut provoquer des conséquences graves. Le café, disent-ils, peut augmenter le rythme cardiaque. Donc, ça peut agir sur le cœur… C’est le lieu de dire que le café est vraiment déconseillé aux hypertendus. Il faut dire aussi que le café peut entraîner à l’augmentation du taux de cholestérol dans l’organisme. Et nous savons que l’augmentation des lipides peut entraîner également des problèmes. Donc des facteurs de risques », note le Dr Alpha Oumar Barry.

Et selon toujours le docteur, l’autre facteur inquiétant, c’est la dépendance qui agit sur la personne sur le plan psychologique et même social. Néanmoins, le Dr AOB conseille aux accros du nectar noir de ne prendre que quelques tasses seulement par jour. A la rigueur, deux ou trois.

Les consommateurs potentiels du café noir sont donc avisés. C’est à consommer avec modération.

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