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Condamnée à 5 ans de prison ferme, Odette* recouvre la liberté et devient couturière

Odette* a été admise à la prison civile de N’zérékoré à l’âge de 13 ans. Avec l’appui de l’Action Sociale de N’zérékoré et l’UNICEF, Odette* a été libérée plus tôt et accompagnée pour sa réinsertion

Le regard fixé sur l’aiguille de sa machine à coudre et soutenu par le bruit que produisent les mouvements de va-et-vient de la pédale de sa machine, Odette* semble dorénavant déterminée à tourner définitivement, la sombre page de sa vie carcérale.

Âgée aujourd’hui de 17 ans, Odette avait été admise à l’âge de 13 ans a la prison civile de N’zérékoré, alors condamnée à 5 ans de prison ferme. « Je passais en 6e année à l’école, quand je suis allée passer les vacances au village. C’est là que j’ai eu le problème pour lequel j’ai été amenée en prison. J’y suis arrivée avec une grossesse d’un mois ».

Une fois en prison, Odette était plutôt préoccupée par la santé de sa maman qui était très fragile et ses études qui étaient censées lui construire son avenir.

Arrivée enceinte d’un mois dans cette prison, elle accouchera d’une fille à l’hôpital régional de N’zérékoré. Deux mois après, Odette et son bébé, né avec un faible poids, ont rejoint la cellule. L’exiguïté étant l’une des caractéristiques des prisons du pays, certaines nuits, Odette était obligée de s’asseoir sur un pot en vue de prendre soin de son enfant dont la santé se dégradait. Au regard de l’état de santé de son enfant, sa fille lui a été définitivement retirée pour être remise à sa maman qui vivait au village afin qu’elle puisse lui procurer des soins adéquats.

Comme Odette, plusieurs jeunes filles de son âge étaient dans les mêmes situations. Elle se souvient y avoir vécu avec trois autres qui étaient également enceintes.

Durant 3 ans 4 mois, Odette passait le plus clair de son temps à jouer aux cartes et au lido avec ses codétenues.

Un projet de réinsertion socioprofessionnelle et familiale a été mis en œuvre à N’zérékoré par l’UNICEF avec l’appui financier de UKAID et de l’Union Européenne. À travers ce projet, les filles détenues à la Maison centrale de N’zérékoré ont été formées en couture et broderie. « Après plus de 3 ans passés en prison sans rien faire, il nous a été demandé de choisir le métier que nous aimerions exercer une fois sorties de prison. Mes codétenues et moi, avions  optés pour la couture et broderie. C’est ainsi qu’une femme professionnelle, a été envoyée ici en prison pour nous apprendre la couture. Au terme de 3 semaines d’apprentissage intensif, j’ai été celle qui s’est mieux appliquée. J’ai été choisie pour former mes codétenues ».

Odette*  en tran de coudre à l'aide de la machine qui lui a été offerte par l'UNICEF
Saa Momory KOUNDOUNO
Odette* en tran de coudre à l’aide de la machine qui lui a été offerte par l’UNICEF

Avec le plaidoyer soutenu de l’Inspection Régionale de l’Action Sociale de l’Enfance, des Droits et Autonomisation des Femmes de la région administrative de N’zérékoré, une remise légère de peine a été accordée à Odette et ses codétenues. Il s’agissait des mineures en conflit avec la loi.

Odette sort de prison alors qu’il lui restait 4 mois à purger. À sa sortie, l’UNICEF, à travers l’Inspection Régionale de l’Action Sociale, de l’Enfance, des Droits et Autonomisation des Femmes de Nzérékoré, lui a créé des conditions de réinsertion socioprofessionnelle et familiale. « Quand je suis sortie de prison, mes codétenues et moi avons reçu des mains de l’Inspection régionale de l’action sociale et de l’enfance, une machine à coudre et un kit de matériels de couture et broderie.

Puisque je sais maintenant prendre les mesures, couper et coudre, je travaille en toute autonomie et ça fait aujourd’hui, 5 mois que je couds. Récemment, j’ai confectionné des draps que j’ai revendus et cela m’a fait gagner 500 000 FG, à peu près 50 $. Je peux donc faire de petites économies pour réaliser mes projets. Je remercie l’UNICEF et l’Inspection Régionale de l’Action Sociale, de l’Enfance, des Droits et Autonomisation des Femmes de Nzérékoré pour cette assistance ».

Avant l’assistance matérielle, l’UNICEF et l’Inspection régionale de l’action sociale et de l’enfance de N’zérékoré procèdent à une prise en charge psychosociale des mineurs en conflit avec la loi pour les préparer à la vie active, une fois sortis de prison.  « Tous les jours, j’étais pratiquement en contact avec Odette et ses autres camarades aujourd’hui libres. Je leur rendais visite, j’échangeais avec elles pour non seulement leur remonter le moral, mais pour aussi connaître leurs projets, leurs besoins. Une fois cela fait, je remontais l’information à qui de droit », nous raconte, Patrice Lamah, Assistant social affecté à l’Inspection régionale de l’action sociale et de l’enfance de N’zérékoré.

Patrice Kouvougui, Assistant psychosocial à l’Inspection Régionale de l’Action Sociale de l’Enfance, des Droits et Autonomisation des Femmes de N’zérékoré  en train d'échanger avec  Odette*  sur ses perspectives d'avenir
Saa Momory KOUNDOUNO
Patrice Kouvougui, Assistant psychosocial à l’Inspection Régionale de l’Action Sociale de l’Enfance, des Droits et Autonomisation des Femmes de N’zérékoré en train d’échanger avec Odette* sur ses perspectives d’avenir

Ainsi, après plusieurs années passées en prison, Odette est en train de reprendre sa vie et n’a désormais qu’un seul rêve, devenir « une grande couturière », nous confie-t-elle, les yeux rivés sur sa machine.

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