A en croire aux propos de la victime Mme Marie Diawara infirmière à la retraite, la parcelle lui a été octroyée par son amant à l’époque M. André Safila Léno, magistrat, qui est le père de son premier garçon. « J’habite dans cette concession depuis 1978. Quand le propriétaire a voulu revendre, Léno a acheté le domaine pour moi en 1995. Après mon fils a construit pour moi la maison-là. A mon fort étonnement, il a envoyé les forces de l’ordre accompagné de son fils pour me déloger aujourd’hui. Ce, après m’avoir exploité pendant plus de trente ans », explique Mme Diawara apparemment désemparée.
A la question de savoir si les papiers de la concession portent son nom, Mme Diawara répond par l’affirmative. Elle se souvient tout de même que son ex les détient. « Quand j’ai fini de construire ici, il m’a dit de lui donner les papiers qu’il va les montrer à son père qui était en vie à l’époque. Quelques jours après, je les ai réclamés et il a chahuté en me disant toi et moi nous sommes un, donc si ça reste avec moi est-ce un problème ? Alors, par amour et confiance pour lui, je ne lui ai plus redemandé », nous confie Mme Diawara devant ses objets éparpillés ça et là par les forces de l’ordre.
Au milieu de ses affaires dans la cour, Mme Diawara reste catégorique. « Je ne quitterai pas cette maison jusqu’à ma mort », martèle-t-elle
Le pasteur Jean Fodé Bangoura était présent sur les lieux après le déguerpissement. Il soutient ne pas connaître toute la genèse du problème mais il se rappelle qu’après l’achat de la parcelle, Mme Diawara était partie leur annoncer la nouvelle à l’église du quartier. « Nous étions très contents, on a applaudi et nous avons déplacé le comité pour venir prier ici. Mais pour tout ce qui vient de se passer, on est dépassé. L’église est vraiment choquée. On a été surpris de la réaction d’André d’autant plus qu’elle a fait un enfant pour lui. Franchement nous sommes moralement dépassé », fait savoir le pasteur.
Le chef de quartier de Koloma 1, Daouda Camara a, de son coté raconté avoir été saisi par un huissier de justice du futur déguerpissement de la famille de Mme Diawara. « Quand j’ai reçu, j’ai demandé à l’huissier est ce que la famille a reçu pour elle, il m’a dit oui, je lui ai demandé aussi et pour la commune, il m’a encore répondu oui, après j’ai dit qu’il n’y a pas de problème », dit-il de façon laconique. A noter que nos tentatives de joindre l’instigateur du déguerpissement ont été vaines.
Des pratiques de ce genre sont monnaies courantes en Guinée. Selon les observateurs, certains hommes, de par leur cupidité après voir exploité leurs femmes pendant plus d’une dizaine d’années les abandonnent dans la nature. Le cas le plus médiatisé est relatif à celui de Bakary Fofana, l’ancien président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a fait subir la même chose à sa première femme. Ce qui a causé l’indignation des mouvements féministes guinéens, à l’époque.