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Conakry : l’Etat, Albayrak, Piccini, qui est-ce qui grippe la chaine de gestion des ordures ?

On en sait un peu sur la résurgence de l’insalubrité à Conakry ces derniers temps. Alors que cette réalité avait tendance à devenir un lointain souvenir pour les habitants de la capitale guinéenne. Tout porte à croire qu’une difficulté d’accès des camions d’Albayrak à la grande décharge de Dar-Es-Salam, jusque-là gérée par la société PECCINI serait la cause immédiate du problème ayant perturbé le sommeil de plus d’un ces jours-ci, y compris au haut sommet de l’Etat.

Tout d’un coup, Conakry renoue avec l’insalubrité au grand dam de ses habitants. Les tas d’immondices qui se forment autour des bacs à ordure deviennent de plus en plus imposants, dégageant des odeurs pestilentielles. La situation étant devenue intenable, le président de la transition a interrompu le conseil des ministres du jeudi dernier pour y faire face. L’ensemble de l’équipe gouvernementale et la plupart des hauts cadres de l’administration ont tous subitement extirper de leurs bureaux pour être sur les différents fronts contre ces ordures nauséabondes qui infectaient dangereusement et de plus en plus la ville de Conakry.

Pour en savoir plus sur ces ordures devenues la seule priorité dans un pays où il y a tout à faire, Guineenews a tenté d’interroger les acteurs de la chaine. Notamment au niveau de l’Etat et ses principaux partenaires, à savoir les sociétés Albayrak et PICCINI Guinée. Ce qui pour l’instant nous donne la forte impression que le problème est à chercher du côté de la décharge.

En tout cas, les propos d’Ousmane Savané, le directeur général adjoint de la société Alport, filiale d’Albayrak sont sans ambages : « si on n’a pas ramassé les ordures, c’est parce que PICCINI a ralenti la cadence. Sinon nous, nous sommes prêts à servir. On a augmenté le nombre de camions. On a même mis des tracteurs, des bacs pour récupérer les ordures (…) »

Albayrak joue la carte de la disponibilité

Dans ses explication, M. Savané indique qu’il y a une zone qui relève de sa société, selon le contrat signé avec l’Etat. Mais, précise-t-il, ‘’dans sa volonté d’aider, Albayrak va au-delà de ses tâches contractuelles’’. Et d’expliquer : « dans le contrat, nous devons opérer dans une zone bien déterminée. Mais vu la situation, nous sortons de ce cadre. Cela, pour accompagner le ministère. Ainsi, vue la nécessité, présentement, Albayrak fait un travail supplémentaire, en entrant collecter les ordures dans les quartiers. Alors que c’est le travail des PME (petites et moyennes entreprises. Sinon, dans son contrat, Albayrak couvre le long des autoroutes, de Kaloum à Entag (sur l’autoroute Fidel Castro), jusqu’à Sonfonia Gare, sur l’autoroute Le Prince et l’axe Hamdallaye-Sofonia Gare, sur la corniche nord. Avec les transversales 1, 2 et 3… ».  Des limites que la branche assainissement d’Albayrak est prête à franchir, avec l’accord des autorités de l’administration centrale et des communes, en collaboration avec les PME… »

Revenant aux ordures qui ont envahi les rues de Conakry, M. Ousmane Savané admet : « il y a eu une semaine que le ramassage d’ordure n’a pas été fait. Mais, il est arrivé un moment ici où plus d’une soixantaine de camions chargés d’ordures pouvaient faire deux jours sans pouvoir décharger. Pendant ce temps, on ne peut pas dire aux populations de ne pas sortir des ordures de leur domicile pour déposer au niveau des poubelles. »

Les raisons techniques de l’envahissement des rues par des ordures

« En matière d’assainissement, si vous faites un jour sans nettoyer, il faut trois jours pour rattraper. Parce que les gens viennent dans un premier temps, mettre les ordures dans les bacs à ordures, le lendemain ils mettent à côté. Alors que quand les camions chargés du ramassage arrivent, ils ne prennent que ce qui est dans les bacs à ordure. Ce qui est par terre, il faut les camions benne pour s’en occuper… La perturbation dure depuis un mois, certes. Mais, elle s’est aggravée pendant la semaine de non travail et lors des ruptures nocturnes, c’est-à-dire quand la société PICCINI a arrêté de travailler la nuit, alors que c’est la nuit qu’une bonne partie du travail se fait », a expliqué Ousmane Savané à propos de la chaine de gestion des ordures.

Cela dit, il y a un point positif à tirer de cette situation tout de même en dépit des désagréments causés ces derniers temps. En effet, selon Albayrak, ce motif de satisfaction, réside dans le fait que les populations ont pris l’habitude d’acheminer les ordures au niveau des points de regroupement, là où se trouvent les bacs à ordure. En tout cas, renchérit son collègue en charge de l’information, ‘’si on a pu imprimer cette habitude, pour nous cela est très important.’’

 Et le directeur général adjoint d’Albayrak insiste sur ce qu’il considère comme « un réflexe et non sabotage » de la part des populations. Avant d’ajouter : «Conakry était sale avant mais, les déchets n’étaient pas regroupés comme ils le sont maintenant. »

Piccini, le maillon faible de la chaine ?

Pour sa part, la société Piccini préfère garder le silence. Malgré les nombreuses promesses faites à Guineenews, la rencontre promise par la société, à cet effet, n’a pas eu lieu. Néanmoins, un responsable de Piccini joint au téléphone, nie la fermeture de la décharge par Piccini avant d’avouer, sans plus d’explications, qu‘’il y avait des problèmes liés au paiement et à autre chose. » Ce qui corrobore tout de même avec l’hypothèse de fermeture de la décharge comme moyen de pression sur le gouvernement. Même si du côté des autorités, c’est également l’omerta absolue sur la question. Nos tentatives vers l’administration centrale sont restées vaines.

Pendant ce temps, Albayrak reste fidèle à sa philosophie dans le cadre des partenariats. « …Le fait que vous n’êtes pas payés pour un ou deux mois, ne serait être une raison pour arrêter un service public. Je précise que nous faisons la même chose à Istanbul, au Pakistan, à Kinshasa et bientôt au Mali. Donc, il peut arriver des moments difficiles mais, ce n’est pas une raison pour arrêter le service. Ça, c’est un service qui ne doit pas être interrompu », martèle le directeur du protocole et de l’information, Ecevit Ercan.

Dans le même ordre d’idée, le DGA chargé des relations avec le gouvernement déclare : « notre méthode est professionnelle et non basée sur le paiement ou non. On travaille, qu’on soit payé ou pas. Et si on doit arrêter, on informe qu’on arrête mais, on ne perturbe pas l’opération. » Surtout que selon les statistiques, informe-t-il, « en moyenne, la quantité d’ordures collectée par Albayrak est de 850 tonnes par jour. »

Une posture plutôt intéressante pour l’Etat en ces périodes de vache maigre. Même cela ne doit pas être une raison pour le gouvernement, pour dormir sur ses lauriers. Car, il faut des solutions pérennes au problème d’insalubrité, pour le bien de tous.

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