Des femmes en larmes, des vieux sous le choc, des jeunes très en colère s’étaient rassemblés ce vendredi pour rendre un dernier hommage aux huit jeunes, dont plusieurs élèves, tués par balles les 4, 14 et 15 novembre.
Un deuil qui en appelle un autre. Lundi, 4 novembre, alors qu’ils partaient inhumer onze des leurs, la police les a dispersés à l’aide du gaz lacrymogène et de l’eau chaude. Ce jour-là, quatre personnes ont été tuées par balles. Une manifestation organisée le 14 novembre a également été réprimée dans le sang. Là aussi, on dénombre au total quatre tués.
Ce vendredi, 6 décembre, après la levée des corps à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne de Kipé, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), accompagné de ses partisans, a marché jusqu’à la mosquée de Bambéto où s’est effectuée la prière mortuaire.
Des femmes, en voyant les corps sortir de la mosquée, se sont mises à pleurer, car c’est la dernière fois qu’elles vont voir leurs frères, enfants, ou proches. Mais pour elles, cela est devenu une routine, sinon un rituel, puisque ça fait neuf ans, depuis le 3 avril 2011, qu’elles perdent des proches. A chaque manifeste, des personnes sont tuées, puis des marches funèbres sont organisées, et le cycle recommence.
« Aujourd’hui encore on va enterrer nos morts. Aujourd’hui c’est leur tour, peut-demain sera le nôtre, mais on n’a pas peur de la mort car nous luttons pour une cause noble », déclare un jeune.
Avant la fin de l’inhumation des jeunes, le rond-point de Bambéto était déjà enveloppé dans une fumée noire. Un agent en civil a eu le malheur d’être là. Pendant que certains jeunes cherchaient à le mettre à l’abri, en l’escortant, d’autres ont vu un pistolet autour de sa ceinture. Ils ont compris que c’est un agent. Il a été copieusement molesté avant de prendre la fuite en laissant sa voiture que les jeunes ont incendiée.
Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) était aux environs du cimetière, mais il n’est pas sorti de sa voiture pour tenir un quelconque discours, comme c’était souvent le cas lors des funérailles organisées par l’opposition. Dès la fin de l’inhumation, il est parti.
Les jeunes se ensuite pris un panneau solaire d’éclairage public se trouvant au rond-point. Sur le poteau, il y aurait une caméra cachée. Mais vue de loin, on pense à une lampe solaire. Les jeunes l’ont arrachée.
A Conakry, depuis les débuts des manifestations contre le projet de nouvelle Constitution, il y a eu dix-neuf corps qui ont été enterrés au cimetière de Bambéto en deux temps.
Lire vidéo: