Le Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory fofana, a reçu ce mercredi en fin de matinée, son ancien homologue du Bénin, Lionel Zinsou. Pendant plusieurs minutes, les deux personnalités ont échangé sur des sujets importants. « Je suis venu ici en tant que banquier conseil. Vous savez, je suis redevenu banquier d’affaires et nous travaillons pour beaucoup de gouvernements en Afrique et beaucoup d’entreprises et de secteurs privés. C’était important d’avoir cet échange avec le Premier ministre », a indiqué Lionel Zensou au sortir de cette rencontre tenue au palais de la Colombe à Conakry.
Il y a deux sujets qui nous frappent comme étant très importants à travers toute l’Afrique subsaharienne, poursuit-il. Entre autres, M. Zensou cite l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES) qui est « très originale. Je me rappelle du temps où j’occupais un peu des affaires publiques dans mon pays, le Bénin. On avait la même intention de parvenir à redistribuer la richesse parce que, paradoxalement, nous avons plus tellement de problèmes pour faire de la croissance dans d’autres régions du monde et en Afrique de l’Ouest. On a beaucoup de ressources, beaucoup de compétences, et beaucoup de gens dédiés à travailler. »
Par ailleurs, « on a beaucoup de problèmes à redistribuer cette richesse créée et on a beaucoup de mal à sortir de cette pauvreté. On est le seul continent où on peut faire un taux de 5% à 7% de croissance, et on n’arrive pas à réduire la pauvreté. Il faut trouver des instruments pour ça. Donc, je suis venu voir le Premier ministre, et voir si on peut l’aider à mobiliser des ressources. Il y a aussi l’expérience très intéressante de la mission pour les ressources internes. Car, mobiliser les ressources internes est un problème pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Mais là aussi, je considère que la Guinée est un peu pionnière pour trouver des instruments afin d’améliorer les politiques publiques », a affirmé l’ancien Premier ministre du Bénin.
Selon lui, « la Guinée est pionnière, [l’ANIES] intéresse toute l’Afrique à pouvoir venir et contribuer ne serait-ce qu’intellectuellement au succès de ces initiatives.
L’ANIES est un instrument de lutte contre la pauvreté. Comment peut-elle aujourd’hui aider les Etats à sortir de ce phénomène ?
Pour Lionel Zensou, « il y a deux ou trois sujets qui sont en train de bouger en Afrique. D’abord, les partenaires au développement. Comment accepter le fait qu’il faut des transferts monétaires comme dans les pays émergents comme dans les pays développés vers les plus pauvres. Parce que les plus pauvres des plus pauvres, ce n’est pas simplement de donner du travail et d’avoir de la croissance à l’économie », explique-t-il.
Aujourd’hui, l’essentiel est de « donner un soutien aux ménages. Donc, il y a cette idée de transfert monétaire. Quand j’étais aux affaires publiques il y a trois ans, c’était très difficile de faire bouger la Banque Mondiale, la BAD. Ce sont des partenaires importants pour mobiliser des ressources pour un sujet comme ça. Alors que c’est tout à fait admis dans les pays développés, dans les pays émergents, c’est tout à fait admis au Brésil où le président Lula a énormément fait des choses comme ça. En Afrique, on n’admet pas qu’il faut donner un minimum monétaire aux ménages les plus pauvres. Il faut les recenser, il faut faire cela. Ça commence à bouger ».
Zensou a aussi plaidé pour le développement de « l’électricité rurale, et solaire ». Ce qui, à ses yeux, ferait « des économies très importantes sur tout ce qui coûte très cher [car], (…) on n’est obligé à dépenser comme le pétrole lampant, ce qu’on est obligé de dépenser avec des groupes électrogènes, c’est extrêmement cher et polluant. Quand on est capable de mettre seul des solutions à dispositions, on améliore le pouvoir d’achat ». Or, dira-t-il, ceci est « un volet très important du projet de l’ANIES et il y a des expériences réussies en Afrique de l’Est ».
Evoquant la question de l’agriculture, Lionel Zinsou estime que l’Afrique « a besoin d’avance sur récolte et d’être financée. Ça aussi est une action productive qui dérive du pouvoir d’achat ».
« Malheureusement, les agriculteurs dans toutes nos économies sont les plus pauvres. C’est un scandale », dénonce-t-il.
Mais, il y a de l’espoir avec le « soutien large de la communauté internationale. Et les pilotes qui sont en train de se mettre en place sont intéressants et ne vont pas servir seulement que la Guinée ».