La commune de Matoto refoule de candidats suite à l’appel pour le recrutement de 1 500 conservateurs de la nature lancé 1er juillet dernier par le ministère de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de la Modernisation de l’administration. La cour de l’état-civil, où s’effectue le dépôt des dossiers, est envahie de l’intérieur comme de l’extérieur. Certains s’activent à terminer le remplissage des documents tandis que d’autres, excédés par l’attente, sont assis à même le sol. Dans cette ambiance de tohu-bohu généralisée, on sent de l’arnaque.
Faya Martin millimono est l’un des candidats à ce test de recrutement. Résident au quartier Dabompa Plateau, dans la commune de Mtoto, et diplômé en géographie, physique et environnement en 2010, il a rallié la commune de Matoto depuis 6 heures (heure locale).
«Hier, j’y ai passé toute la journée et aujourd’hui encore, je suis là. Mais nous constatons un manque d’organisation qui entraine de la souffrance. Ils font des listes avec des groupuscules pour faire entrer alors qu’il y a d’autres listes qui ont passé la nuit sans être appelés. Hier, on a même voulu disperser les gens avec du gaz lacrymogène à cause de la magouille», explique, désemparé, Millimono, assis sur une moto, à l’extérieur de la cour.
Également candidat à ce concours de recrutement, Alhassane Diallo, figure au 57e rang sur la première liste. Il estime que ce nombre est dépassé, il y a longtemps mais il n’a toujours pas entendu son nom (11h30). « Ils ont commencé à appeler depuis 9h et il est presque 12 h. Je n’ai pas encore entendu mon nom», regrette-t-il.
Diakité Naby Laye est diplômé lui en génie de l’environnement à Nzerekoré depuis 2010. Il dénonce également la lenteur et la « corruption » qui entourent le dépôt des dossiers : « Ici, il faut être vraiment patient parce qu’il y a une grande foule. Je suis là toute la journée et je n’ai pas pu déposer mes dossiers à cause de quelques perturbations. Et les forces de l’ordre sont venues nous disperser. Aujourd’hui encore, je risque d’y passer toute la journée parce que rien est clair dans cette affaire», dénonce-t-il.
Cette perturbation serait provoquée, selon lui, par une magouille liée à l’argent. « On nous a fait comprendre ici qu’il y a des mains noires qui retirent de l’argent afin de faciliter le dépôt des dossiers. Et si tu n’as pas les moyens, tu es obligé de t’inscrire sur les listes qui circulent et attendre», a-t-il confié à Guineenews©. D’ailleurs, c’est un fait dénoncé par tous nos interlocuteurs.
Pour vérifier cette information, nous nous sommes rendus derrière le bâtiment où s’effectue le dépôt des dossiers de candidature. Là également, il y a un monde fou. Comme l’ont déclaré nos différents interlocuteurs, la corruption se fait à ciel ouvert, sans gêne. Les candidats déboursent aux agents de la police (CMIS) entre vingt, trente et cinquante mille francs guinéens, afin d’être admis par une petite porte, dans la salle d’enregistrement des dossiers.
Pendant ce temps, le plus grand nombre de candidats patientent à la rentrée principale de la cour, dans un brouhaha indescriptible.
Un autre problème auquel sont confrontés les candidats à ce test de recrutement des conservateurs de la nature, est celui des timbres. Selon M. Millimono, un timbre se négocie entre 10 000 et 20 000 FG alors que c’est 2000 le prix officiel, mentionné sur le petit bout de papier. La fin du dépôt des dossiers est prévue ce 21 juillet 2019.