Le président de l’Assemblée Nationale sur la situation sociopolitique du pays qui poursuit son séjour de campagne à Kissidougou, sa préfecture d’origine a accordé un entretien à notre reporter. Entretien dans lequel il flatte son bilan et se montre critique envers ceux qui appellent au boycott des élections couplées. Lisez.
Guineenews© : Vous arrivez au terme de votre mandature. Qu’est-ce qui vous a marqué pendant votre législature ?
Claude Kory Kondiano : Écoutez, pendant cette législature qui a duré 6 ans pour des raisons indépendantes, de la volonté des députés, j’ai été fortement impressionné par le volume du travail que nous avons abattu. Je ne jette pas des fleurs à la législature que j’ai dirigée pendant 6 ans. Mais tout le monde reconnaît que nous avons abattu un travail considérable avec un environnement qui était difficile. Dans la mesure où opposition et majorité étaient pratiquement à égalité et je dois vous dire que les uns et les autres durant cette période, ne se sont pas faits des cadeaux. Mais malgré tout, chaque fois qu’il s’agissait de l’intérêt supérieur des mandants, on arrivait toujours à nous entendre. Toutes familles politiques confondues, pour accepter de nous mettre ensemble et de faire passer les lois qui protégeaient les intérêts de nos mandants. Autrement dit du peuple qui nous a chargés d’aller le représenter à l’Assemblée Nationale.
Guineenews© : Est-ce que vous avez eu un regret durant votre législature ?
Claude Kory Kondiano : D’abord cette attitude, n’est-ce pas de l’opposition et de la mouvance, nous a permis d’adopter toutes les lois organiques. La mouvance seule n’aurait pas pu adopter si l’opposition n’avait pas coopéré. Mais ce que je regrette puisque vous posez la question, c’est les absences répétées pour des petites choses parfois de la part de nos collègues de l’opposition qui, il faut reconnaître ont eu un apport considérable et excellent tout au long de la législature. Mais je regrette que parfois pour des positions de rien de tout, ils boudaient (les députés de l’opposition) les travaux de l’Assemblée Nationale et la mouvance s’est retrouvé pratiquement toute seule pour faire le travail, une partie du travail qui a été fait.
Guineenews© : Nous sommes très proches des élections législatives, vous êtes sur la liste nationale du RPG arc-en-ciel. Espérez-vous être à nouveau le président de l’Assemblée Nationale, en cas de la victoire du RPG arc-en-ciel ?
Claude Kory Kondiano : Écoutez, c’est une question à laquelle je ne veux pas du tout répondre. Moi je me bats d’abord pour les grandes causes, pour une grande cause, celle qui est que le référendum pour l’adoption de la loi fondamentale, de la nouvelle constitution et ces élections législatives, n’est-ce pas puissent se passer dans des excellentes conditions pour nous permettre de donner des moyens au président de la République qui est actuellement là. Qui se bat pour le meilleur être de ce pays qui est cher à chacun d’entre nous. Donc je me bats pour que les conditions soient créées, afin qu’ils puissent continuer le travail dans le sens souhaité par le peuple et par lui-même.
Guineenews© : Bientôt les élections législatives, les poids lourds de l’opposition à savoir l’UFDG, l’UFR… ne vont pas participer à ces élections. Quelle lecture faites-vous par rapport à leurs absences ?
Claude Kory Kondiano : Je crois que c’est une grave erreur qu’ils ont commis. Comme cela arrive dans la plupart des pays où des opposants, pour des raisons infondées boudent les élections. Quand on crée un parti, c’est pour conquérir le pouvoir grâce au peuple qui peut vous faire confiance. S’il a confiance en vous donnant ses voix, afin que vous puissiez accéder au pouvoir parce que c’est pour cela que vous avez créé votre parti. Mais lorsque vous boudé les élections, je ne sais pas comment on peut interpréter un tel comportement. Mais, pour la part qui me concerne, vraiment je regrette qu’ils aient décidé de ne pas participer aux élections avec des arguments qui ne sont pas du tout fondés. Qui ne convainquent pas ceux qui les écoutent.
Guineenews© : Certains vous accusent notamment les opposants que depuis que vous êtes installés à l’Assemblée Nationale, il n’y a eu aucune enquête parlementaire. Que répondez-vous à ces accusations ?
Claude Kory Kondiano : Écoutez, l’enquête parlementaire nécessite un certain nombre des conditions à remplir de la part du député qui veut s’y lancer.
Premièrement, il y a des procédures écrites qu’il faut que le député respecte. Parce qu’un député pris individuellement ne peut pas aller mener les enquêtes sur le terrain pour des raisons qui lui sont personnelles et qui n’ont pas encore convaincu l’ensemble des membres du bureau, qu’une telle enquête peut être menée. Mais pour le cadre qui nous concerne, pour cette législature, quand nous sommes arrivés, on s’est retrouvé avec des députés, il faut le reconnaître n’avaient pas l’expertise nécessaire, pas tous sauf un certain nombre d’entre eux pour faire un travail d’enquête sur le terrain. Pour contrôler les activités de l’exécutif comme le règlement intérieur leur en donne le pouvoir. Bon pas d’expertise, peu étaient formés, solidement formés, peu avaient de l’expérience pour faire ce travail. Figurez-vous sur les 114 députés, seuls 9 étaient des anciens, tous les autres c’étaient des nouveaux. Donc lorsque nous sommes arrivés, assistés par les bailleurs de fonds, nous nous sommes mis à former ces députés pour qu’ils soient au niveau requis, afin qu’ils exercent correctement leurs fonctions.
Alors deuxièmement, nous avons oublié une chose ce n’est pas un individu qui, seul peut aller contrôler l’action du gouvernement sur le tas. C’est des commissions d’enquêtes qu’il fallait qu’on constitue dès que nous nous sommes installés. Nous n’avons pas pu le faire pendant il y avait beaucoup des choses à faire et non pas des députés pris individuellement pour aller faire le contrôle de l’action gouvernementale sur place.
Guineenews© : Parlez-nous des commissions que vous avez pu constituer ?
Claude Kory Kondiano : Au moment où ces commissions ont été constituées sur proposition des groupes parlementaires, c’était pratiquement tard et nous n’avons pas pu faire ce travail de contrôle de l’action gouvernementale sur place, par contre tout au long de la législature, nous avons fait défiler les ministres, les hauts fonctionnaires au niveau des commissions permanentes à l’Assemblée Nationale, qui ont travaillé efficacement et qui nous ont permis de toucher du doigt le résultat du contrôle de l’action du gouvernement sur les pièces que nous avons faites. Je prends l’exemple sur celui de la commission de l’économie et des finances à travers laquelle commission, nous avons imposé au gouvernement l’augmentation des recettes, des recettes propres provenant de la fiscalité et du trésor. Un travail que le Fonds monétaire n’avait pas pu faire faire au gouvernement, pendant des années et des années. A chaque mission de consultation, le Fonds monétaire faisait remarquer à l’État guinéen que les ressources propres étaient insignifiantes par rapport aux dépenses. Il fallait tout le temps compléter par l’endettement. Mais, malgré tout ça les recettes propres de l’État n’ont jamais augmenté, c’est à notre arrivée, à l’arrivée de cette huitième législature que nous avons pu imposer cela au gouvernement que les recettes propres de l’État ont fortement augmenté. Au début, le gouvernement nous faisait remarquer que nous étions un peu trop regardant, on était tout le temps en train de critiquer etc. Mais quand ils ont vu que notre action, avec le contrôle sur pièces avait effectivement commencé à porter, finalement nous avons été félicités. Bon, je suis très modeste mais je dois dire que ce que nous avons apporté au gouvernement dans le domaine des recettes propres pour réduire l’endettement afin de financer les dépenses de l’Etat, cela a été apprécié par le gouvernement lui-même.
Guineenews© : Quel est le message que vous avez à lancer à l’endroit du peuple de Guinée à la veille de ces élections ?
Claude Kory Kondiano : Moi, je voudrais que le peuple de Guinée tout entier y compris la partie du peuple qui est censée supporter ceux qui ne veulent pas du tout que nous allions à ces élections, je demande à tout ce peuple de faire en sorte que ces élections se passent dans les meilleures conditions, parce que c’est dans l’intérêt supérieur du pays. Et je voudrais dire au peuple tout entier que s’ils écoutaient ceux qui ne veulent pas que nous allions aux élections, c’est en fait pour faire en sorte qu’à partir d’un certain moment, tout se bloque en Guinée. Tous les Guinéens qui militent aujourd’hui, dans le sens de faire en sorte que les élections ne se passent pas dans des meilleures conditions sont des Guinéens qui ne veulent pas que le pays avance.