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Circulation routière : les adeptes du forcing pour se donner la priorité 

Pendant les flux et reflux de la circulation, tous les matins et soirs, dans le sens Banlieue-Kaloum et vice versa, une situation se produit souvent, qui met à mal la discipline librement consentie par les centaines d’usagers engagés dans la circulation, pour des activités socio professionnelles ou un paisible retour à la maison.

Coincés dans les files de véhicules qui les absorbent et les font rouler à allure d’escargot, ils rongent leurs freins, domptent leur impatience et parviennent à garder le calme.

Embouteillages, bouchons ou ralentissements, rien de tout cela ne les pousse à une quelconque rebuffade contre les règles de circulation, malgré la gêne et le stress qui les étreignent derrière le volant. Ils obtempèrent volontiers et restent dans la file, certainement pas avec la gaieté de cœur souhaitée, mais, on les voit néanmoins faire l’effort de se soumettre sans rechigner, avec un civisme des plus enviables.

C’est pendant que la circulation se déroule ainsi, le plus calmement possible, que soudain, apparaît, très loin en arrière, un véhicule, généralement une grosse cylindrée, roulant à toute allure, tous phares allumés et feux de détresse actionnés, qui talonne, remonte la file et … passe, l’air de rien. Personne n’a pipé mot et l’instant d’après, l’intéressé disparaît à l’horizon. Il s’est tiré, sans coup férir, de l’étreinte étouffante de l’embouteillage. Pareille attitude étonne et choque à la fois. Elle suscite aussi de nombreuses questions chez les usagers bloqués dans les rangs et  qui ont peine à avancer.

Ils se demandent qui est celui qui vient de passer dans son véhicule, sans escorte, avec ses seuls phares allumés et ses feux de détresse actionnés? Serait-il plus important ou pressé que les autres? Quelle urgence a-t-il? Quelles sont ses motivations ? Seraient-elles plus fondées que celles des centaines, voire des milliers de personnes, tous sexes, âges, strates socioprofessionnelles confondus ? Pas si sûr que ça !

Le collectif passe toujours avant l’individualité. C’est un principe bien connu. Des personnes qui sont venues bien avant lui attendent, dans la discipline et le respect du code de la route, leur tour d’avancer, au rythme de l’ensemble, sous le contrôle de la police routière.

Parmi eux, il y a peut être un médecin attendu de toute urgence à l’hôpital, une parturiente que l’on transporte à la maternité, un accidenté en évacuation, un missionnaire de l’Etat ou un homme d’affaires qui va prendre son avion, une personnalité politique ou administrative qui doit présider une importante réunion, animer un meeting ou tenir une conférence de presse, un enseignant qui doit dispenser un cours, un prêtre ou un imam qui doit diriger un office religieux, un reporter qui va couvrir un événement, etc.

Autant il y a de personnes bloquées dans un embouteillage, autant on a des problèmes spécifiques qui s’attachent à chacune d’entre elles et qui peuvent être des plus importants qui soient.

On me rétorquera que le médecin, la parturiente ou l’accidenté doivent être transportés par ambulance. Soit ! Ce serait souhaitable et même l’idéal. Mais, à y regarder de près, qu’en est-il réellement de ce mode de transport chez nous ? De combien d’ambulances disposons-nous et quelle est leur incidence sur le transport de ces quelques cas cités?

Mais, laissons-là cette digression ou rêverie et revenons à notre sujet. Pourquoi cet usager qui se considère au dessus des autres snobe-t-il, sans escorte, autant de monde à la fois?

Si chacun, pour passer librement, peut ou doit se targuer d’être important, pressé ou dans l’urgence, alors, il y a tout lieu de s’attendre à ce que nous ayons plein de prioritaires dans la circulation.

Chez nous, l’empressement est ce que nous avons le plus en partage sur la route. L’un des péchés mignons qu’on nous prête, à tord ou à raison, est notre grande impatience et notre incapacité à rester longtemps dans une file quelconque, pour attendre notre tour de passer ou d’être servis.

Imaginons alors, un seul instant, que cette tendance nous remonte à l’esprit et que d’un coup, chacun de nous se réclame être plus important que l’autre. On tombera ipso facto dans une situation de totale anarchie. L’illustration parfaite de ce schéma-catastrophe se traduit par ces séries d’interjections que l’on entend fréquemment autour de nous: tu me connais ? Tu sais qui je suis ? Tu sais à qui tu as à faire ?

En somme, chez nous, chacun est ‘’grand quelqu’un’’. Personne n’est petit ou n’accepte de l’être, en quoi que ce soit, même en rêve. Chacun est pressé. Alors, qui pour passer le premier dans un rang, dans un embouteillage ou à un carrefour?

Au même moment, ceux qui quittent leur domicile, à temps utile le matin, ne sont pas légion. Et c’est quand les embouteillages sont parfaitement installés que cette frange de lève-tard prend le départ et cherche à passer à tout prix, remontant continuellement les colonnes de véhicules sur leur chemin.

Dans un tel cas de figure, il est alors aisé de comprendre que l’équation pour améliorer la mobilité urbaine soit difficile à résoudre. Cela est d’autant aisé à admettre que ces comportements détestables de ces »forceurs »de passage, mal-aimés de tous les usagers, viennent gonfler une  liste déjà longue d’infractions, que la sécurité routière enregistre au quotidien sur nos routes.

Le code de la route est fait pour être respecté par tous. Il est empreint de civisme, de règles de conduite, de respect de soi-même, de respect d’autrui et de l’environnement. Ce sont des conditions préalables et essentielles pour que nous circulions tous, correctement chez nous.

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