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Chute d’Ali Bongo au Gabon : la fin d’une ère (Éditorial)

Après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, l’épidémie des coups d’État qui s’est déclarée insidieusement en Afrique de l’Ouest ces derniers temps, a atteint les bords du l’Ogooué, notamment au Gabon, où le président Ali Bongo Ondimba a été déposé par son armée, ce mercredi. Le fils Bongo qui venait à peine d’être réélu pour un troisième mandat avec 65% des voix, n’aura pas le temps de savourer cette victoire controversée. Maints observateurs pensent d’ailleurs que l’armée n’a fait qu’exaucer les vœux du peuple gabonais, essoré par cette gouvernance au fil de l’eau.

Les putschistes cornaqués par le général Brice Oligui Nguema, le chef de la garde présidentielle ont annoncé la mise en « résidence surveillée » de l’ancien président, l’annulation du vote et la dissolution de toutes les institutions républicaines.

Dans leur tirade lancée à cette occasion, les nouveaux maîtres du Gabon accusent le clan Bongo, notamment Nourdine, le fils du président, de tous les péchés d’Israël. Pour justifier sans doute son interpellation opérée dans la foulée de cette révolution de palais. Car le général Brice était un homme du sérail, et fut aide de camp de Oumar Bongo, le chef de la dynastie.

L’un dans l’autre, le peuple en déshérence ne pouvait qu’applaudir des deux mains ce coup d’État.

Les images des scènes de liesse des nombreux Gabonais, qui ont déferlé dans les rues de Libreville, suite à l’annonce de la fin du régime d’Ali Bongo, qui défilent en boucle sur les écrans de télévision en font foi.

Une déferlante qui tranche avec l’image d’Ali Bongo, tenu à l’étroit, implorant ses proches, dans la langue de Shakespeare à « faire du bruit », pour sauver la situation. Même si à l’allure où va le train, nombreux sont les analystes qui pensent que le sort est désormais jeté.

Comme si Ali Bongo n’avait été rattrapé que par la boulimie du pouvoir. Le fait de vouloir garder la main, quitte à manipuler les urnes, après 14 ans de règne. Malgré une santé chancelante.

Son challenger, l’opposant Albert Ondo Ossa avait d’emblée rejeté les résultats de ce scrutin, dont il n’avait obtenu que  30,77% des suffrages.

A noter que des voix se sont levées pour condamner ce putsch.  C’est le cas de la Chine, qui a appelé à ne pas porter atteinte à l’intégrité physique du président déchu. Le gouvernement chinois a d’ailleurs été le premier à réagir. Le fait d’avoir réussi à évincer la France, en devenant le premier partenaire commercial du Gabon, en serait pour quelque chose, dans cette promptitude de Pékin.

Paris a tout de même embouché la même trompette des condamnations. Tout comme Washington, qui dit suivre avec attention cette tragédie shakespearienne.

Cette citation de Jean De La Fontaine qui dit je cite : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés », peut résumer l’effet domino des putschs qui suit son cours depuis un certain temps en Afrique subsaharienne.

Il faut se demander à qui le tour, après l’étape du Gabon ?

Il conviendrait de noter pour finir, que le pouvoir gabonais s’était détourné de la France, au profit de Londres et de Pékin. Preuve que la françafrique n’est plus qu’un lointain souvenir.

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