Inscrit aux barreaux de Guinée et de Paris, Baba Hady Thiam, 36 ans, est un avocat bien connu dans le milieu des affaires en Guinée et en Afrique francophone. C’est à juste titre qu’on le retrouve donc dans les classements internationaux des avocats d’affaires les plus influents du continent.
En décembre dernier, lors du Financial Afrik Awards, il est désigné comme étant le meilleur avocat d’affaires africain sur l’année 2021. Quelques mois plus tôt, c’est Jeune Afrique (à travers Jeune Afrique Business) qui le classait, pour la quatrième année consécutive, parmi les avocats d’affaires les plus influents d’Afrique francophone. Toute une récompense pour ce jeune avocat qui a réussi à réunir autour de lui une équipe d’avocats guinéens et étrangers à la conquête d’un marché des affaires africain en pleine expansion. « Je prends ces prix à la fois comme un honneur et un défi. Un honneur parce qu’il y a beaucoup de talents en Guinée et plus généralement en Afrique, un défi parce qu’ils me poussent à me surpasser », réagit-il.
Pour Baba Hady Thiam, les choses sérieuses commencent en janvier 2017 avec la co-fondation à Conakry du cabinet d’affaires Thiam et Associés. « Au début, nous n’étions que deux avocats », se rappelle celui qui est passé par les célèbres cabinets français Gide Loyrette Nouel et américain Dechert LLP. De deux avocats, en 2017, Thiam et Associés est passé, en 2022, à une vingtaine de personnes et couvre tout le spectre du droit des affaires aussi bien en Guinée que dans l’espace OHADA – qui s’étend sur 15 pays d’Afrique francophone plus la Guinée Bissau et la Guinée Equatoriale – et bien au-delà (à travers ses cabinets partenaires).
Insatiable apprenant
Associé gérant de Thiam et Associés, Baba Hady Thiam a réussi à faire du cabinet l’un des plus respectés par les investisseurs en Afrique de l’Ouest. Facebook, Rio Tinto, Oryx Energies, la Banque Mondiale… la liste des investisseurs qui font confiance au cabinet guinéen est longue. Et cette confiance, elle est avant tout méritée. « Quand j’ai créé le cabinet, mon ambition n’a jamais été d’être le meilleur avocat d’affaires guinéen. Néanmoins, j’ai toujours considéré qu’on a la possibilité de jouer dans la cour des grands en se donnant un mécanisme de fonctionnement international afin de rivaliser avec les cabinets internationaux, qu’ils soient français, américains ou d’ailleurs », confie Baba Hady Thiam.
Et pour jouer dans la cour des grands, le jeune avocat guinéen mise sur la formation et le sérieux. Il n’accueille donc que des jeunes capables de faire bouger les lignes, qu’ils soient de la Guinée ou d’ailleurs, issus d’une formation francophone ou anglo-saxonne. Amadou Barry, avocat aux barreaux de Québec et de la Guinée ; Stéphanie Manguele, avocate au barreau de Paris ; Aissatou Bah, Fatoumata Camara, Amadou Oury Bah, avocats au barreau de Guinée ; Marius Attindogbe, avocat au barreau de Paris ; Baïla Amadou Traoré, juriste comparatiste connu aussi pour ses interventions dans Djoma TV… Baba Hady Thiam sait dénicher les jeunes talents appartenant à la génération des surdiplômés. Et s’il sait les trouver, c’est parce que lui-même en est un. Premier de la République du baccalauréat 2003, il bénéficie d’une bourse qui l’amène à l’Université Hassan II, au Maroc. Major de sa promotion, il estime, après la première année, que la France est la destination idéale pour la suite de ses études en Droit. En France, il obtient un master 1 en Droit des affaires à l’Université Bordeaux Montesquieu IV. Puis, un master 2 en droit des affaires et fiscalité à l’université Panthéon-Assas Paris II et un master 2 en Droit Bancaire et Financier obtenu à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il intègre le barreau de Paris après une formation professionnelle à l’École de Formation du Barreau de Paris. Alors qu’il est à la tête du cabinet, il repart à la fac, notamment à la prestigieuse Sorbonne, pour obtenir un master en Droit public. Toujours en quête de savoir, il obtient un certificat en leadership de l’université Harvard en 2021. « Nous sommes dans un monde concurrentiel et si on veut compétir avec le reste du monde, il faut se donner les moyens de la compétition », estime Thiam.
Avocat et afro-optimiste
En tout cas, avec Baba Hady Thiam et ses collaborateurs, la formation porte ses fruits et bénéficie aussi à leur cabinet. Comme illustration, en 2021, Thiam et Associés est une nouvelle fois dans le Top Tier 1 des meilleurs cabinets d’avocats sur l’année 2021 du Guide IFLR 1000 et présélectionné pour l’African Legal Awards, une compétition juridique continentale. « Ces reconnaissances sont aussi à dédier à nos clients qui nous font confiance », ajoute l’associé-gérant du cabinet qui intervient dans les investissements étrangers et réglementation des changes, les fusions-acquisitions, le private-equity, les contrats commerciaux, les litiges et arbitrages commerciaux, la fiscalité, les opérations et financements immobiliers…
La tête d’affiche de Thiam et Associés n’est pourtant pas un illustre inconnu du grand public. Quoiqu’étant avocat d’affaires – donc moins connu que ses confrères qui interviennent dans les affaires pénales fortement médiatisées –, Me Thiam, grand amoureux de lecture et d’écriture, s’est fait une petite notoriété à travers ses tribunes dans des médias à grande audience dont Jeune Afrique et Le Monde Afrique. Évidemment, ses tribunes portent généralement sur le développement de la Guinée et de l’Afrique. Déjà, en juillet 2017, sa tribune titrée « Guinéens compétents de la diaspora, n’ayez pas peur de rentrer pour développer le pays ! », publiée par Le Monde, dénotait son optimisme pour la Guinée et pour l’Afrique, lui qui aurait pu rester en France où il avait réussi une bonne intégration professionnelle.
Croyant beaucoup aux potentiels de développement de la Guinée, outre le cabinet, il a cofondé le Guinean Young Professionals’ Club, une association de jeunes entrepreneurs visant à communiquer sur la pratique des affaires à destination des entrepreneurs intéressés par son pays… mais aussi, destinée à influencer les pouvoirs publics et les acteurs économiques. « Je crois beaucoup au développement de la Guinée. Et je crois plus encore que ce développement ne se fera pas sans les Guinéens. Si nous nous mettons au travail, dès à présent, nous pouvons laisser une Guinée développée à nos enfants », croit ce père d’un petit garçon.