Dans une circulaire datée du 19 décembre 2019, le président de la Commission électorale nationale (CENI), Me Amadou Salif Kébé, a pris une décision contre les sept commissaires qui se sont retirés du processus électoral en cours, invitant le personnel de la structure à ne plus exécuter les instructions qui viendraient desdits commissaires. Une manière d’entériner leur décision de se retirer du processus électoral en cours.
Le 17 décembre dernier, sept commissaires ont annoncé leur retrait du processus électoral en cours, en dénonçant de nombreux manquements, tout en faisant des recommandations visant à trouver des solutions aux différents dysfonctionnements constatés.
« Je vous invite, qu’à compter de ce jour, à ne recevoir ou mettre en exécution aucune instruction venant desdits commissaires dans le cadre des activités liées au processus électoral et ce, jusqu’à nouvel ordre », a-t-il instruit dans cette circulaire.
Joint au téléphone, le vice-président de la CENI, Mamadou Bano Sow dit qu’à travers cette circulaire, Me Kébé n’a fait qu’enfoncer une porte déjà ouverte : « Avant-hier (vendredi 20 décembre 2019, ndlr), lors de notre plénière, on a débattu de la question. Il (Président de la CENI, ndlr) a dit qu’il nous reconnait encore le statut de commissaires, des fonctions que nous occupons. Sa circulaire, c’est dans le cadre du processus électoral. Mais c’est enfoncer une porte ouverte. Il n’en avait même pas besoin. Mais dans une suite logique, c’est son droit d’informer les autres qu’actuellement on ne fonctionne pas dans le cadre du processus. C’est une logique. Maintenant il y a la manière de présenter la chose. Telle qu’il la présente là, ça fait un peu du mépris, un peu mal dit. Mais ce n’est pas grave. Ce n’est pas cela l’essentiel. »
Pour Bano Sow, l’essentiel c’est que lui et ses collègues ont fait l’alerte sur les dysfonctionnements constatés au lieu d’être des complices passifs : « Le fondamental aujourd’hui c’est oui ou non les problèmes que nous avons posés sont fondés ou non. Le plus, c’est que nous avons voulu montrer à tout le monde, à tous les acteurs, la situation. Puisque ce que nous pouvons faire, c’est tirer la sonnette d’alarme. Nous avons demandé au pouvoir d’envoyer une mission habilitée pour qu’on s’asseye et on regarde point par point pour examiner les problèmes. Maintenant si nous nous sommes trompés, on va nous dire que nous nous sommes trompés et on passe à autre chose. Et si on ne s’est pas trompés, alors il faut trouver la solution. »
Le président de la CENI soutient qu’il est actuellement tranquille avec sa conscience en n’étant pas complices de tous ces dysfonctionnements.
« Moi, personnellement, je dors tranquille, parce que même si nous ne participions pas activement à la chose, ce serait une complicité passive. Donc nous n’avons pas voulu être des complices passifs, c’est pourquoi on a fait l’alerte. »