Cellou Dalein Diallo n’entend plus négocier avec le gouvernement. Désormais, il compte utiliser la rue pour obtenir satisfaction de ses revendications. Le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a fait cette déclaration ce samedi au cours de l’assemblée générale hebdomadaire de son parti à la Minière. D’ailleurs, le président de l’UFDG réaffirme la série de manifestations que l’opposition compte déclencher à partir de ce lundi pour fustiger le non respect des accords politiques du 08 août dernier.
Tout d’abord, selon le chef de file de l’opposition, depuis 2011 aucune victime des violences politiques en Guinée n’a obtenu justice avant de fustiger ce « manque de volonté de l’Etat ». « Pourtant, dit-il, une enquête est immédiatement ouverte pour savoir l’origine et la nature du projectile qui a touché son véhicule mardi dernier lors de la manifestation de l’opposition ». Une attitude qui le met mal à l’aise.
« L’UFDG et son président ne sont pas isolés, depuis le mardi dernier ma maison ne désemplit pas, partout, à travers le monde, j’ai reçu des messages de soutien…C’est un privilège qui me gène car je sais qu’il y a eu 97 autres personnes qui ont été assassinées à bout portant qui n’ont pas eu de compassion de notre gouvernement, ni de justice. En ce qui me concerne, il semble qu’une enquête est déclenchée ; la police scientifique serait réquisitionnée, des experts en balistique sont sollicités, ça me gêne, je ne suis pas mort. Ceux qui sont morts n’ont pas eu de compassion de la part du gouvernement, ils n’ont pas eu droit à une seule commission d’enquête », regrette Cellou Dalein Diallo avant d’enfoncer le clou : « Alpha Condé ne veut pas être le président de tous les Guinéens, il veut être le président d’un clan. Ce n’est même pas le RPG qui gouverne, c’est Alpha et son clan. Heureusement, dans ses fiefs, ceux qui étaient hier ses militants ont compris eux aussi qu’Alpha n’est pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Aujourd’hui, il a pris l’option de gouverner et de s’octroyer un troisième mandat par la violence de nos droits, par la violation flagrante des accords, de la constitution et des lois de la République. Il faut qu’on organise la résistance, on n’a pas droit de fléchir. Il y a eu 97 morts, ça serait de trahir de baisser les bras », lance le président de l’UFDG sous les ovations de ses militants.
Les accords issus des dialogues politiques ne sont pas respectés en général. Désormais, plus question de négocier avec qui que ce soit indique le chef de file de l’opposition.
« Il ne s’agit pas d’aller négocier avec le gouvernement pour la libération de celui-ci ou de celui-là, mobilisons-nous, soyons dans la rue, manifestons (…). On ne négocie pas avec le gouvernement, notre négociation, c’est la rue, ce sont les manifestations, s’ils veulent, qu’ils nous envoient tous en prison, mais ne reculerons pas. Nous n’avons pas le droit d’oublier ceux qui ont donné leur vie, n’oublions pas ces gens-là qu’on a arrachés à l’affection de leurs parents. Il y a beaucoup de prisonniers, il y en aura beaucoup mais, nous n’allons pas négocier leur libération, c’est dans la rue, en protestant, en refusant l’arbitraire », précise l’ancien premier ministre.
En plus de la journée ville morte le lundi 29 octobre et de la marche sur l’autoroute le mardi, les femmes de l’opposition comptent à leur tour manifester jeudi pour réclamer de nouveau justice pour les victimes des manifestations. Sur ce, le chef de file de l’opposition appelle à une forte mobilisation des femmes de Conakry.