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Célébration de l’an 60 de l’Indépendance : M’Balia Camara, la grande oubliée?

La Guinée a célébré le 2 octobre dernier le 60ème  anniversaire de son accession à l’Indépendance. A cet effet, un vibrant hommage a été rendu aux précurseurs de cette libération du joug colonial français. La capitale Conakry a abrité l’événement et a été décorée par les images de ces précurseurs guinéens et africains.

Cependant, bien de Guinéens estiment que M’Balia Camara, qualifiée de « première martyre de l’indépendance guinéenne », devrait y figurer pour rendre un hommage mérité à cette héroïne « oubliée et méconnue » par la jeune génération voire les grandes personnalités du pays. C’est pourquoi, dans l’optique de sortir cette lumière (M’Balia) de l’ombre, le Centre culturel franco-guinéen (CCFG) a accepté de financer le projet de la compagnie Nimitè et Théâtre qui, en collaboration avec les Ballets de Matam, ont joué une pièce de théâtre racontant l’histoire de M’Balia Camara.

Inspiré d’un document de l’UNESCO qui parle des héroïnes guinéennes, Amadou Camara, comédien de la compagnie Nimitè et Théâtre de Guinée, a décidé d’écrire un récit pour rendre hommage à M’Balia Camara, une jeune fille engagée à l’époque dans la lutte contre la colonisation. Un engament qui lui a valu d’être éventrée à coups de sabre par le chef de canton de Tondon,  Almamy David Sylla, alors qu’elle était en grossesse avancée, au grand dam et des populations de Tondon.

Intitulée « La tragédie de Tondon », cette pièce de théâtre jouée jeudi soir au CCFG a été très appréciée par l’assistance. Elle a suscité joie et émotion. Pour Amadou Camara, l’auteur de la pièce, « la compagnie de théâtre Nimitè dresse pour la première fois sur scène, le portrait de M’Balia Camara. La tragédie de Tondon, c’est l’histoire de cette héroïne injustement méconnue que le CCFG a souhaité mettre en valeur, à l’heure des célébrations du soixantième anniversaire de l’indépendance de la Guinée ».

« Pendant, la fête de l’indépendance, on ne parle pas de M’Balia Camara. J’ai remarqué même sa photo n’existe pas. Elle vit dans l’anonymat », déplore le comédien Camara. « C’est pourquoi, poursuit-il, nous avons pris cette décision d’écrire cette histoire de M’Balia et d’une façon générale sur les héroïnes africaines ».

Pour cela, la compagnie Nimitè et Théâtre s’est rendue à Tondon, dans la préfecture de Dubréka, où elle a échangé « avec la famille de David » et de son griot « Djeli Mady Soumah » pour reconstituer l’histoire.

Selon l’auteur de la pièce, « au-delà de la femme, on a voulu montrer aussi la réconciliation et la tolérance parce que l’histoire qu’après, quand David a été jugé pour légitime défense par l’administration coloniale française, il a été relâché. Mais avant qu’il ne voyage pour la Mecque, il a fait appel à Thierno Clairon (le mari de M’Balia Camara, ndlr). Les deux se sont présentés des excuses. Aujourd’hui, on ne va pas oublier ces personnes parce que l’acte posé par les deux peut permettre à la Guinée d’évoluer ».

Et à la fin du spectacle, la pièce évoque les noms de certaines héroïnes africaines telles qu’Akouya Kéita qui a été la première femme en 1955 députée dans l’Afrique noire.

Pour Boubacar Bah, présentateur de cette pièce, on a célébré l’anniversaire de l’indépendance guinéenne « à travers le théâtre en dressant le portrait de M’Balia Camara, une jeune héroïne engagée dans le lutte pour l’indépendance de son pays, la Guinée, qui a sacrifié l’enfant qu’elle portait et qui a payé de sa vie son engagement politique. Quand on évoque cette lutte pour l’indépendance, il y a toujours les mêmes noms qui reviennent systématiquement. (…) Ce soir c’est cet oubli que nous souhaitons réparer en racontant l’histoire de l’une d’entre elles, M’Balia, en espérant justement que son nom, son histoire et son sacrifice ne soit jamais oubliés ». Pathétique !

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