Le chef de l’opposition guinéenne a été bloqué dans la localité de Tokounou, alors qu’il était en chemin pour Kankan, où son meeting de campagne était prévu ce dimanche. Son parti pointe du doigt des manœuvres orchestrées par le régime, dont des nervis auraient reçu pour mission de contrer la poussée de l’Union des forces démocratiques de guinée (Ufdg) dans la région.
Le challenger d’Alpha Condé n’a pas pu accéder à la ville de Kankan ce dimanche, où son meeting initialement prévu dans la principale agglomération de la Haute Guinée, devait marquer le clou de sa tournée de campagne dans les provinces.
Le cortège de Cellou Dalein Diallo a été bloqué à 3 km de Tokounou, dans le village de Nialénko par une bande de jeunes vêtus aux couleurs du Rpg. L’opposant et sa suite ont été contraints de rebrousser chemin, pour rallier Kissidougou, leur point de départ.
Dans une déclaration publiée à cet effet, le principal parti d’opposition pointe la responsabilité du président Alpha Condé en personne dans cet incident.
L’accusant de ‘’s’appuyer sur des extrémistes du Rpg notamment Talibi Dabo, de la coordination régionale du Rpg, Oumar Diakité, Maire Rpg de Kankan et Moussa Dian Condé du syndicat des transports’’, pour accomplir de telles besognes.
Pour l’Ufdg, ‘’cette action est à inscrire dans le cadre de la dynamique déclenchée par Alpha Condé visant à interdire à l’Ufdg toute activité en Haute Guinée’’.
Le parti met cela au compte d’une vague de panique qui se serait emparée du pouvoir, face à la poussée de l’Ufdg dans ce fief traditionnel de la majorité présidentielle.
Ces attaques contre le cortège de Dalein, suivies des violences perpétrées contre certains militants de son parti à Kankan seraient donc des actions coordonnées, à en croire le parti, pour casser cette dynamique.
D’où l’appel de l’Ufdg à la communauté internationale, afin qu’elle puisse constater ce que le parti qualifie ‘’d’entraves à la liberté de mouvement de son candidat, qui affectent par conséquent l’équité des élections, la sécurité des citoyens et la paix sociale’’.
Le directoire national de campagne du RPG-arc-en-ciel à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 a aussi condamné cet incident, à travers une déclaration, rendue publique, avant même la réaction de l’Ufdg.
Le parti au pouvoir n’a pas manqué de rappeler que ‘’cet incident malheureux (et d’autres avant), intervient après les graves violences enregistrées à Labé et à Dalaba lors de la récente tournée de campagne en Moyenne Guinée du premier ministre, chef du gouvernement et directeur national de campagne du RPG-Arc-en-ciel, Dr. Ibrahima Kassory Fofana’’.
Cet empressement à vouloir se dédouaner est perçu toutefois comme une fuite en avant par les contempteurs du régime. Pour qui ces violences seraient le fruit des poncifs servis aux populations par certains caciques du système, en lieu et place d’une véritable offre politique.
Ainsi ces incidents survenus ce dimanche en Haute Guinée sont perçus comme des représailles à l’attaque subie par le cortège de Kassory en Moyenne Guinée. Sauf que là les partisans du régime qui sont pointés du doigt dans cette affaire sont allés forts, en pillant des commerces. Sans que les forces de sécurité ne lèvent le petit doigt.
Et pour maints observateurs, cette manière de gérer la cité, avec du « parti pris » en faveur du parti au pouvoir, ne plaide pas en faveur d’un président qui voudrait s’éterniser au pouvoir.
Des tels incidents ne devraient surtout pas être imputés au Rpg, un parti qui a souffert le martyr sous la deuxième république. Et qui sait donc ce qu’en vaut l’aune.
Mamadou Dian Baldé