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Barrages routiers: encore et toujours cette pomme de discorde entre agents et transporteurs (suite)

Dans les griefs croisés autour de l’opportunité ou pas d’installer des barrages, on perçoit une certaine aversion que les usagers ont pour le contrôle routier.

A priori, dans leur esprit et celui des transporteurs, les barrages ne sont autres que des points de rackets, de tracasseries et de sources de retards. On a eu beau invoquer des raisons d’ordre sécuritaire pour les justifier, ils n’y croient guère ou que très peu. Pour eux, on est plus sous la première république avec sa milice dont la conception de la sécurité frise la paranoïa.

Aujourd’hui, avec le caractère libéral du régime, proclamé depuis le 03 avril 1984, rien ne justifie, à leurs yeux, qu’il y ait encore, autant de barrages entre les préfectures. Surtout que ce sont des endroits où ils s’attendent à être retardés et à payer de l’argent à tout prix.

Une telle fixation peut avoir une autre explication d’ordre psychologique. Il faut rappeler que la rase campagne est un vaste espace où la circulation est libérée des contraintes qui l’assaillent dans les villes. Entre autres, les embouteillages y sont quasi inexistants. Les chauffeurs s’y sentent comme en récréation. Ils roulent vite sur de longues distances, en raison des vastes étendues séparant quelquefois les villes ou villages.

Ce descriptif peut être à l’origine du mauvais accueil qu’ils réservent à la vue des agents sur la route. Ils sont choqués à l’idée que ceux-ci interrompent d’un coup le rythme régulier de leur roulage ainsi que le charme paisible dans lequel ils sont plongés jusque-là. Ils le vivent comme un réveil brutal.

Mais, une telle assertion n’est que verbiage, dira-t-on. Elle ne repose sur rien, de bien fondé. La vraie explication est à chercher ailleurs.

Ils sont nombreux les automobilistes qui soutiennent que ces barrages sont juste des points de péage sans reçu, pour les caisses de l’Etat.  Selon eux, avoir des documents au complet ne suffit pas pour se tirer d’affaires.

C’est d’ailleurs, au moment de montrer que l’on est en règle et fier de l’être, s’attendant à être cité en exemple, félicité et encouragé devant les autres, qu’on entend certains agents dire : « Hé, qu’est-ce que tu me montres-là ? Tu crois que nous on mange des papiers ? »

Quoi que tu fasses, on te trouve toujours un petit détail à convertir en infraction et au final, tu as le choix entre payer ou être bloqué, donc retardé.

Pendant ce temps, ceux qui ne sont pas en règle passent par les arrangements connus des initiés et se tirent d’affaires. Et toi qui te vante d’avoir tous tes documents, tu comprends vite que tu n’as fait que perdre ton temps. On cite le cas d’un reçu de contravention que l’on prend, moyennant finances, bien entendu, pour passer sans encombre tous les contrôles, jusqu’à destination. Qui perd ? Qui gagne ? Inutile de se tourmenter à vouloir y répondre. La réponse est connue.

Sur un autre volet, un argument de taille est avancé pour démontrer l’inefficacité des barrages à assurer la sécurité des personnes et des biens sur la route. Leur implantation n’a pas dissuadé les coupeurs de route d’accomplir leur sale besogne. Ils continuent de s’attaquer impunément aux voyageurs qu’ils pillent et tuent.

Le modus operandi des contrôles

Tant que c’est avec les gendarmes, le problème est gérable. Ce sont des professionnels du contrôle routier. Ils sont courtois et savent écouter. Pour une parfaite appréciation de chaque situation.

Par contre, lorsqu’on tombe sur un barrage mixte qui associe d’autres corps de défense et de sécurité, ça devient plus lent et plus difficile. Nous l’avons déjà dit plus-haut, il arrive que l’on trouve des éléments du corps des conservateurs de la nature postés à des barrages. De par leurs uniformes, l’usager commun peut les confondre aux gendarmes.

C’est sur nos routes en Haute-Guinée, qu’on est allé à plus d’excès dans le genre. On cite des cas où des barrages ont été installés par des donzos (chasseurs traditionnels) qui ont allégué des motifs sécuritaires pour les placer et d’autres par des syndicalistes qui ont prétendu contrôler les chauffeurs. Dans les deux cas, il s’agit d’une usurpation de fonction. On se substitue aux gendarmes dont on s’empare des attributs à mains levées, oubliant que c’est à eux seuls que revient ce rôle, avant toute autre corporation.

Quelques barrages sont également installés en Moyenne-Guinée par les syndicats pour, disent-ils, contrer les chauffeurs réfractaires au règlement qui impose que tout départ vers quelque destination que ce soit, soit toujours pris d’une gare routière clairement identifiée.

On trouve aussi des militaires qui réclament les cartes d’identité. Leur procédure de contrôle à certains endroits est très contraignante pour les passagers. En effet, tout le monde débarque et se met en rang pour passer un à un devant le poste. Une situation bien gênante à dérouler quand on est sous la canicule ou la pluie ; lorsque le poste, situé sur terrain accidenté, est difficile d’accès pour des personnes à motricité réduite, malades ou âgées ou qu’il s’agit de femmes en grossesse, allaitantes ou accompagnées d’enfants.

Il arrive aussi que certains éléments parmi ces corps habillés tentent de se substituer à leurs homologues d’autres unités qui n’ont pas la même mission. C’est le cas, lorsqu’un soldat réclame les papiers à un chauffeur, alors qu’il n’est pas formé ou habilité à le faire.

Dans notre prochaine livraison, nous vous proposerons le point de vue de la gendarmerie routière autour de ce sujet qui alimente toujours, autant de controverses.

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