48 heures après l’annonce sur les antennes de la télévision nationale, c’est ce dimanche 5 décembre, que la mesure d’augmentation du prix du pain est entrée en vigueur dans la région de Kankan.
Ce retard s’explique par le fait que les boulangers de Kankan ont ténu à se concerter en amont avant l’application de la décision du ministère du Commerce.
A l’issue de ladite rencontre qui s’est déroulée dans la soirée de ce samedi, au quartier Missira dans la commune urbaine, l’union coopérative professionnelle des boulangers et pâtissiers de Kankan, UCPBPK, par la voix de son secrétaire générale Ibrahima Keita joint au téléphone dans la matinée de ce dimanche nous confie qu’après la réunion, on est convenu d’augmenter les prix comme le demande le ministère de tutelle. Cependant, nous n’avons qu’une seule inquiétude. A Kankan, c’est la baguette simple qui est pratiquement consommée partout. Nous ne fabriquons presque jamais de double baguette. Or comme il est indiqué dans la décision du ministère, la double baguette passe de 4.000 à 4.500 sur ce il n’y a pas de problème. Mais la baguette simple qui est consommée en masse dans la région de Kankan, devrait passer de 2.000 à 2.250 GNF. Cela nous pose problème, car la monnaie de 250 GNF, n’est aujourd’hui nulle part en Guinée. Donc du coup, nous sommes obligés de vendre à 2.500 GNF », nous a-t-il expliqué.
De leurs côtés, les consommateurs rencontrés devant les tabliers de pain ce matin, apprécient différemment cette augmentation de prix.
Bakary Sanoh, la vingtaine, est diplômé et sans emploi. Il n’est pas du tout content de la décision : «Moi je condamne cette décision des autorités notamment du ministère du commerce. Nous les citoyens étions contents quand ils sont arrivés au pouvoir, croyant que les prix des denrées qui n’ont fait que flamber durant tout le règne du président déchu, vont enfin connaître des baisses. A notre grande surprise ils augmentent le prix de l’aliment le plus consommé même pas en Guinée seulement, mais dans le monde, à savoir le pain. Donc, il faut avoir le courage de l’avouer, moi je ne suis pas du tout content de cette décision ».
Sow Amadou, commerçant au grand marché de Kankan se montre pour sa part compréhensif vis-à-vis de la décision : « Cette augmentation du prix du pain est conjoncturelle. Donc ce n’est pas comme si c’est de la volonté des nouvelles autorités de nous rendre la vie plus chère qu’elle l’est déjà. En quelque sorte, moi je pense qu’ils ont été mis devant un fait accompli. C’est quand même différent, car durant le régime passé, ils nous ont imposé la hausse du prix du litre d’essence, alors même que le prix du baril était en baisse à l’échelle internationale. Donc pour moi c’est très différent. Je ne dis pas que c’est salutaire, mais je pense que c’est compréhensif ».
Fatoumata Cissé, institutrice de profession est du même avis que son prédécesseur : « Moi je crois que c’est tout à fait normal. Si il y a une augmentation sur le prix du blé au marché international, automatiquement, cela a des répercussions sur le prix de la farine dans tous les pays du monde. Et de facto, le prix du pain ne saurait rester intact. La seule chose que moi je peux regretter c’est notre incapacité à nous rendre autosuffisants alimentairement. Si nous étions capables de produire suffisamment de blé sur le plan local, comme les Américains par exemple, peut-être qu’on aurait pu avoir la chance d’éviter de tels désagréments ».
Enfin, Abdourahmane Diallo, prestataire de service informatique au centre ville, estime que : « Cette augmentation, pour ma part, je pense qu’on pouvait s’en passer, si les autorités avaient accepté de jouer sur les taxes. Il fallait plutôt qu’on rabaisse conséquemment les taxes douanières etc. Comme cela on aurait pu ne pas angoisser la pauvre population avec cette nouvelle hausse de trop ».