Membre du comité national des assises et délégué du Comité national des assises pour les préfectures de Labé et Koubia, Bah Oury a voulu en quelques mots faire le bilan des séances de travail effectuées en une semaine dans les deux préfectures qu’il a eu l’honneur de superviser. Pour lui, les stigmates de la répression sont toujours visibles dans ces villes de la moyenne Guinée. C’était au cours d’un entretien accordé ce lundi matin à la rédaction locale de Guinéenews.
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Dans l’attente du rapport final qui serait en rédactions, le délégué du comité national des assises pour les préfectures de Labé et Koubia partage son constat. « Je pense que c’était une immersion dans deux préfectures qui ont été marquées par une histoire assez douloureuse en examinant le passé. Labé a toujours été depuis l’ancien régime une préfecture qui a été fortement traumatisée par les répressions successives qui ont endeuillées beaucoup de famille de la préfecture de Labé. Il y a eu un répit après l’arrivée du régime du général Lansana Conté, mais il faut noter qu’avec le régime de monsieur Alpha Condé Labé a aussi été fortement traumatisé surtout durant les périodes récentes avec les manifestations du FNDC et les stigmates de cette répression sont toujours là » reconnaît-il.
Et de poursuivre : « nous avons rencontré un jeune-homme qui a été blessé par balle au niveau de son estomac, qui est toujours en train de souffrir de douleur atroce et qui pense même au suicide si ce n’était pas sa foi religieuse. Il y a les péripéties politiques qui ont fait qu’il y a des familles qui se sentent traumatisées », enchaîne le délégué du comité national des assises pour les préfectures de Labé et Koubia.
A la question de savoir si ces assises pourraient soigner toutes ces plaies, Bah Oury répond. « Ces assises constituent un début de solution, un début d’un processus, un début de faire revivre la mémoire collective parce que vous savez que la question de la réconciliation nationale a plusieurs volets. Ce n’est pas simplement par rapport aux victimes, par rapport éventuellement aux bourreaux, ça va au-delà. C’est l’Etat qui est en rupture vis-à-vis de sa société. Donc, il faut travailler vers une réconciliation entre l’Etat et la société. Il y a aussi une réconciliation qu’il faut rechercher entre la société et son histoire, son passé. Il faut que l’histoire de ce pays soit prise en compte dans sa globalité queld que soient les moments. Que ça soit des moments sombres ou heureux mais que ça soit constitué comme un patrimoine commun » soutient-il.
« Tout cela contribue dans une dynamique de faire en sorte qu’il y ait une identité historique nationale. Il y a d’autres aspects qui font que les traumatismes collectifs subis ne peuvent être oubliés ou ne peuvent être, le deuil ne peut être pris en compte que dans la mesure ou certains aspects seront réglés. La question des charniers, la question de la réhabilitation, de la réparation et voir même de la justice pour certains cas » estime le délégué du comité national des assises pour les préfectures de Labé et Koubia.