Deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ont été arrêtés vendredi 6 mars à 19h, soit quelques heures après leur conférence lors de laquelle ils ont accusé le patron de la Direction centrale de la police judiciaire de « kidnapper » les opposants au projet de nouvelle Constitution. Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, respectivement responsable des opérations, planification et stratégie, auraient été arrêtés sur plainte de la DCPJ.
Asmaou Barry, épouse d’Ibrahima Diallo, explique comment des agents de la police se sont introduits dans son domicile et ont procédé à l’arrestation des deux responsables du FNDC : «On a entendu du bruit et l’un des pickups a garé. Ils ont cogné une seule fois le portail. Je leur ai dit d’attendre, que j’arrive. Mais ils n’ont pas attendu et ils ont escaladé le mur. En sautant, ils sont tombés sur les installations hydrauliques de la maison. Ils ont gâté les tuyaux et le compteur. Puis ils ont défoncé le portail pour permettre aux autres d’entrer. »
Sans que les agents ne lui disent ce qu’il se passe, Mme Asmaou Barry s’est approché d’eux pour leur demander s’ils étaient munis d’une convocation ou d’un mandat d’amener. Malheureusement, elle n’a pas été écoutée, car, probablement, elle posait des questions gênantes.
« C’est moi qui ai essayé d’établir un dialogue. Mais je pense qu’ils n’aimaient pas les questions que je leur posais, c’est pourquoi ils m’ont prise au collet et ils m’ont brutalisée. C’est parce qu’ils ne voulaient rien me dire, moi qui demandais et qu’ils n’avaient pas de toute façon l’intention de nous dire quelque chose. Donc ils n’ont rien dit à personne. Ils ont juste pris Ibrahima qui avait fini de s’habiller et qui s’est livré à eux et Koundouno qui voulait porter ses chaussures. Comme ils ont pris Ibrahima, ils ont tout de suite dit qu’il reste un et ils sont donc entrés dans la maison. C’est dans leur mouvement pour prendre Koundouno qu’ils ont aussi cassé la chaise de la table à manger», a expliqué l’épouse du chargé des opérations du FNDC.
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Les agents ne se seraient pas limités à l’arrestation d’Ibrahima Diallo et de son collègue Sékou Koundouno. Ils auraient violenté aussi l’épouse de Diallo.
« Ils m’ont agressée physiquement, ils m’ont humiliée en enlevant mon pagne, alors qu’ils étaient une vingtaine. Ça veut dire qu’ils auraient pu tomber sur moi. Ce n’est pas exclu tout ça. »
Asmaou Barry dit avoir déjà saisi un huissier de justice pour constater les dégâts à la maison et a promis de porter plainte : « Pour ce qui est de mon cas personnel, je porterai plainte contre mes agresseurs parce qu’ils m’ont agressée dans ma maison, ils ont causé des dégâts sur mon matériel et ils ont porté préjudice à ma personne physique. […] Donc je suis une victime collatérale de cette injustice là et donc j’essaierai qu’on me rétablisse dans ma dignité. J’ai même contacté un huissier de justice pour constater les dégâts causés sur les installations de la maison afin que je puisse porter plainte contre mes agresseurs. »
A l’allure où va la Guinée, on est mal barré comme dirait l’autre.