Le colonel Mory Laye Kébé, une des figures emblématiques de l’armée guinéenne qui a été propulsé au-devant de la scène à la faveur des mutineries des 2 et 3 février 1996, s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite après des décennies de ‘’loyaux services’’.
À la tête de la compagnie d’infanterie de Kamsar depuis quelques années, il sera officiellement remplacé le 24 décembre 2024 par le commandant Alya Camara, l’ancien chef des opérations des Forces spéciales.
La reconnaissance
Dans un entretien accordé à Guineenews©, le colonel Mory Laye Kébé a exprimé sa gratitude en ces termes : « merci encore au seigneur pour m’avoir fait quitter cette armée la tête haute avec le sentiment du devoir accompli. Mes remerciements vont également au ministre de la Défense Nationale, le général de deuxième section Aboubacar Idi Amin Camara et au Chef d’État-major de l’armée de terre à l’époque, le général de division Balla Koïvogui qui ont pensé à moi dans mon calvaire de Kankan après la prise du pouvoir pour me propulser à un poste de commandement. La retraite signifie la fin d’un contrat avec l’État et le début d’un autre avec la vie. D’ailleurs, mon mentor le feu général Lansana Conté m’a appris qu’un militaire n’est vraiment à la retraite qu’après sa mort. Donc, c’est cette vision que je vais perpétuer en l’inculquant aux autres pensionnés encore opérationnels comme moi pour qu’ils comprennent que nous pouvons encore servir la République comme des supplétifs, des auxiliaires et des volontaires dans nos différents quartiers. »
Quand un ‘’fils’’ de feu, le général Kerfalla remplace un autre
Au sein de l’armée guinéenne, le colonel Mory Laye Kébé est considéré par ses frères d’armes comme le « premier fils » de feu, le général Kerfalla Camara, une autre ‘’légende’’ dans l’histoire militaire de la Guinée.
Cette relation symbolique forte prend aujourd’hui une dimension particulière avec l’arrivée du commandant Alya, le fils de feu général Kerfalla, à la tête de la compagnie d’infanterie de Kamsar.
« Dans l’armée guinéenne, j’ai toujours été considéré comme un protégé et un fils au feu général Kerfalla Camara. Si c’est un autre fils de ce dernier, donc un frère à moi, qui vient me remplacer au commandement de la compagnie d’infanterie de Kamsar, je dis encore merci à Dieu. Car, tout ce qu’il fait est bon », a-t-il ajouté.
Le regret
Malgré la satisfaction du devoir accompli, le colonel Mory Laye exprime un regret. « Mon seul regret est de quitter cette armée sans avoir passé mes secrets à d’autres. Je jure sur le Saint Coran qu’il n’y a pas de limite pour l’arme que j’utilise, quel qu’en soit le gris-gris ou la protection que tu portes, elle te perforera car Dieu ne se contredit jamais et les preuves sont là. »
Message à la haute hiérarchie
Il a également profité de l’occasion pour adresser un message au ministre de la Défense Nationale : « je voudrais simplement dire au ministre de la Défense Nationale de demander au Chef d’état-major général des armées d’être davantage plus imaginatif sur la problématique des retraites. Cela devra permettre d’atténuer le choc et l’effet surprise provoqués par cette mesure inhérente à toute carrière professionnelle…
Il suffit simplement, après un travail du service des ressources humaines, d’envoyer le tableau de retraite par message une année à l’avance aux officiers supérieurs pour qu’ils soient déjà informés et se préparer à aller à la retraite. Ce qui est toujours difficile dans une retraite, c’est la séparation avec les gens que tu as côtoyés pendant plusieurs années. »
Faut-il enfin souligner que la cérémonie officielle de passation de services entre le colonel Mory Laye Kébé et son cadet et nouveau commandant, Alya Camara est prévue dans les prochains jours après l’installation du commandant du bataillon autonome de Boké. Ce qui marquera ainsi une nouvelle étape pour la compagnie d’infanterie de Kamsar. Le colonel Mory Laye Kébé part avec la satisfaction du devoir accompli, laissant derrière lui un héritage de courage et de service exemplaire.