L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International, dans un communiqué de presse très sévère ce matin, a accusé la troupe d’élite de l’armée guinéenne, les fameux bérêts rouges, d’être « présents et armés » pendant les manifestations de l’opposition qui se sont soldées par plusieurs morts. Ce qui contredit l’ordre du ministre de la défense qui annonce que les militaires ne doivent pas être impliqués dans les opérations de maintien de l’ordre.
Analysant une vidéo qui a circulé dans les réseaux sociaux, Amnesty International regrette la nouvelle vague de violence qui a déjà fait 18 morts cette année dont aucun n’a fait l’objet de poursuites judiciaires.
« Par le biais de son Service de vérification numérique (réseau de bénévoles formés à la vérification des réseaux sociaux), Amnesty International a authentifié des vidéos et des photos montrant des membres des « bérets rouges », une unité d’élite militaire déjà impliquée dans des violations des droits humains comprenant des homicides illégaux et des violences sexuelles, portant des armes aux côtés de la police lors d’une manifestation le 15 octobre », écrit l’ONG.
Amnesty implore les autorités guinéennes de « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le droit de réunion pacifique et veiller à ce qu’aucune autre personne ne perde la vie à cause de la violence de tous les côtés, notamment des excès meurtriers des forces de sécurité. »
« Étant donné que l’opposition guinéenne prévoit de nouvelles manifestations dans les prochains jours, les autorités doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable. Elles doivent faire clairement savoir à toutes les forces de sécurité que l’utilisation injustifiée et excessive de la force ne sera pas tolérée » a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International. »
L’inquiétude d’Amnesty porte sur le fait que de nouvelles manifestations sont prévues par l’opposition et les bérets rouges sont déjà accusés d’avoir participé au massacre du stade du 28 septembre en 2009 peuvent dégénerer. Selon Amnesty : « plus de 150 personnes sont mortes après que des membres des « bérets rouges » ont ouvert le feu lors d’une manifestation au stade de Conakry le 28 septembre 2009. Au cours de cet événement, une centaine de femmes ont été violées, plus de 1 500 personnes ont été blessées et beaucoup d’autres ont disparu. »
Amnesty accuse aussi des partisans de l’opposition d’avoir aussi fait violence aux forces de l’ordre: certains manifestants auraient lancé des pierres, blessant des membres des forces de sécurité.
Près d’une centaine de personnes ont été tuées depuis les élections de 2010 qui ont vu l’arrivée de Mr Alpha Condé comme président.