Dans une interview au magazine Jeune Afrique le chef de l’État guinéen Alpha Condé, qui parle rarement à la presse nationale, s’est confié au journaliste franco-congolais François Soudan, souvent accusé de partialité à cause de sa proximité avec plusieurs chefs d’État africains.
Le président guinéen décrit comme » étonnement en forme pour son âge » qui est officiellement de 83 ans, justifie le forcing du 3ème mandat et sa détermination à faire à l’horizon 2026, de la Guinée la deuxième puissance économique de l’Afrique de l’ouest après le Nigéria et devant la Côte d’Ivoire.
Quoiqu’il se dit ouvert au dialogue, Alpha Condé considère lui que « la Guinée de 2021 n’est plus celle de 2020 » insinuant que ses principaux challengers Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo « ne sont plus les leaders qu’ils furent » et que d’ailleurs « Sidya et son parti sont devenus politiquement inexistants ».
Le président guinéen décrit son slogan « gouverner autrement » comme une lutte sans pitié contre la corruption, la malversation, le clientélisme, le népotisme et le trafic d’influence qui mine la gouvernance en Guinée. Des contrats de performances auraient été signés et des cadres internationaux recrutés de l’extérieur pour s’assurer que la rigueur dans la gouvernance soit le nouveau logiciel de son mandat.
Justifiant la fermeture des frontières, Alpha Condé maintient son accusation contre le Sénégal qu’il dit abriter des groupes tentant de déstabiliser la Guinée « comme au temps de (l’ancien président sénégalais) Senghor et Sékou Touré ». Selon Alpha Condé, la fermeture de la frontière avec le Sénégal est dû au refus du président Mackcy Sall de faire des patrouilles mixtes avec la Guinée pour « empêcher les infiltrations d’éléments hostiles ». Alpha Condé dit n’avoir aucun problème personnel avec le peuple sénégalais mais « la sécurité de la Guinée avant tout ». Il refuse de parler du président Embalo de la Guinée Bissau et indique que le président du Niger qui l’a critiqué sur son troisième mandat qu’il ne se mêle de leurs affaires. « Je ne me mêle pas des affaires intérieures des autres pays. Je n’en veux à personne et pour moi la page est tournée », a-t-il coupé court.
A l’international, Alpha Condé dit être « jaloux » de l’indépendance de la Guinée et coopérera avec tout le monde y compris la Chine, la Turquie, la Russie avec qui il se dit fier d’entretenir de bons rapports avec les chefs d’État et considère Erdogan comme un « frère ». Il s’inscrit en faux qu’il ait donné toutes les mines aux Chinois. Selon lui, les Américains ont plus de réserves minières en Guinée que les chinois.
Alpha balaie d’un revers de la main les accusations d’influence indue de Bolloré pour sa communication et dit qu’il ne voit pas quels conseils des gens étrangers à l’Afrique peuvent lui donner.
Sur l’intention des 11 candidats à la dernière élection présidentielle et savoir s’il leur tendra la main, le chef de l’État guinéen a affirmé : « tous, à l’exception de Cellou qui avait son propre agenda de prise du pouvoir se sont présentés en espérant par la suite négocier avec moi un poste de ministre. aucun ne l’obtiendra, Ce n’est pas comme cela que je fonctionne. »
Quant au futur de la Guinée après Alpha Condé, le président guinéen est sans ambages : « Dieu donne le pouvoir à celui qu’il veut et l’enlève à celui qu’il veut (…) je n’ai été le dauphin de personne. Si quelqu’un pense être mon dauphin, c’est son problème ».