La semaine africaine des sciences couplée avec la journée nationale de la recherche et de l’innovation a pris fin ce vendredi 7 décembre à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Et c’est le président Alpha Condé, venu surprendre les organisateurs de l’événement, qui a clôturé les travaux entamés depuis le 3 décembre dernier.
Dans son intervention, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, Abdoulaye Yero Baldé, a souhaité que cette rencontre puisse se tenir l’année prochaine. «Cette première édition de la semaine africaine des sciences couplée à la journée nationale de la recherche et de l’innovation a été un cadre de réflexion et d’échange autour de l’ensemble des défis qui nous interpellent tous. Je souhaite que ce rendez-vous du donner et du recevoir puisse se tenir chaque année afin de mettre en lumière ce que nos chercheurs, nos innovateurs, nos jeunes trouvent dans nos laboratoires de recherche et ailleurs», a-t-il déclaré.
Le président Alpha Condé a salué l’organisation de cette rencontre, mais a regretté le fait que les paysans n’ont pas été représentés. D’où son terme ‘’marcher sur une seule jambe’’.
« Je voulais qu’on marche sur les deux pieds. Malheureusement aujourd’hui, on marche seulement sur une jambe, parce que l’autre jambe, c’est ce que les populations ont montré dans leurs capacités d’innovation que j’ai vu à N’Zérékoré et à Labé. Donc, j’avais souhaité que tous ces gens soient représentés afin que les gens qui viennent sachent que le peuple de Guinée a un génie créateur qui l’a amené à faire des réalisations au nom desquelles ils étaient ahuris. Malheureusement cette 2ème jambe n’est pas là aujourd’hui. J’espère que l’année prochaine nous prendrons sérieusement le temps pour que tous ces gens dans les préfectures et qui ont fait des recherches soient là pour qu’on voie ce qu’ils ont réalisé aussi », a-t-il suggéré.
Poursuivant son intervention, le président Alpha Condé cite deux faiblesses des Guinéens qui les empêche de réussir : c’est la non-maitrise de l’anglais et le faible niveau des enseignants.
« La première faiblesse que nous avons, c’est la no- maitrise de l’anglais par la plupart de nos étudiants. Et qu’on le veuille ou pas, aujourd’hui la première technologie, c’est l’anglais. Pourquoi c’est une faiblesse ? Nous recevons beaucoup de bourses de Thaïlande, du Japon, du Viêt-Nam et tous exigent la maîtrise de langue anglaise. Il faut que nous commencions à enseigner l’anglais dès l’école primaire, parce que nous perdons aujourd’hui beaucoup d’opportunités à cause de cela. Notre deuxième faiblesse, c’est le niveau de nos enseignants. D’où l’importance de développer le VSAT. Il faut qu’on se parle franchement. En 2011, j’ai fait faire un concours avec 750 enseignants de l’école primaire. Une dictée de CE2, pas CM1 et CM2. Nous avons mis 20 fautes, sur les 750 enseignants 75% n’ont pas trouvé les 20 fautes. Et sur ces 75%, 25% ont ajouté des fautes. Alors comment un enseignant qui ne peut pas corriger une dictée de CE2 peut corriger un élève de CM2 au certificat d’études. […] On est en train de former des gens qui ne sont pas capables de trouver du travail parce qu’ils n’ont pas de niveau. Une banque de la place nous a offert des bourses à un moment donné pour le Master, quand ils m’ont amené le truc corrigé des candidats, honnêtement j’avais honte. Parce que des gens qui sont supposés avoir un certain niveau n’étaient même pas capables de faire une page sans faute. Donc, si nous voulons que nos étudiants bénéficient de tous les avantages des nouvelles technologies, il faut qu’à la base les gens soient bien formés avant d’arriver à l’université.»
Alpha Condé a ensuite rappelé aux organisateurs de la semaine africaine des sciences, dont Alpha Kabinet Kéita, Ambassadeur du Next Einstein Forum, que le génie créateur se cache aussi dans les villages: «l’innovation n’est pas liée au niveau intellectuel. Je vous donne un cas très simple. Nous sommes le plus grand producteur de fonio. De 600 mille tonnes nous produisons 400 mille. Nous n’en avons pas d’avantages. Le fonio allait au Sénégal et au Mali. L’année dernière, j’ai retourné tous les camions qui allaient à Bamako. Je suis panafricain, mais il faut que ce qu’on produit en Guinée serve à la Guinée. J’ai retourné tous les camions, deux cents tonnes. Les femmes ont crié. Je leur ai demandé combien on leur paie au Mali. Elles ont dit que c’est 7000 GNF. J’ai dit que moi je leur paie 8000 GNF. Mais mieux, les artisans de Faranah ont fabriqué des machines. Une machine pour décortiquer, une machine pour piler et une machine pour laver. On n’a pas ça ici. Ce sont les artisans de Faranah qui le font. »