La politique ‘’discriminatoire’’ des autorités actuelles de la Tunisie n’affecte pas seulement les Africains résidents (avec ou sans papiers) dans ce pays du Maghreb. Des voyageurs en simple escale à Tunis se font dépouiller par des rapaces présentés comme des agents de la douane tunisienne, au mépris des lois de leur propre pays.
Le cas d’extorsion de fonds dont ont récemment été victimes des Guinéens en est une preuve flagrante. Mohamed Barry, l’une des victimes, est un Guinéen résidant en Suisse. Il s’est vu déposséder de tout son argent par des agents de la douane tunisienne, agissant en bande organisée à l’aéroport de Tunis, alors qu’il se rendait à Conakry pour son mariage.
« Après avoir effectué toutes les formalités nécessaires pour mon embarquement après l’escale, un douanier m’a interpellé et m’a ordonné de déballer mes bagages », confie-t-il à Guinéenews lors d’un échange téléphonique. Il précise que c’était « dans le seul but de lui prendre son argent. »
Il continue en expliquant qu’il lui a été demandé s’il avait de l’argent. Une question à laquelle il a répondu positivement. Puisque c’était un voyage et il avait effectivement de l’argent sur lui. L’agent lui a alors demandé de le lui remettre en donnant l’impression que c’était pour une simple vérification. Il a ouvert l’enveloppe contenant 4 600 € (nettement moins que les 30 000 dinars tunisiens autorisés par la législation du pays, ndlr).
Cependant, l’agent a subitement changé de ton et est devenu menaçant en avançant de fausses allégations pour tenter d’intimider Mohamed Barry. Celui-ci a répliqué en indiquant qu’en tant que citoyen européen, il avait le droit de transporter jusqu’à 10 000 euros sur lui. Malheureusement, cela n’a pas suffi à dissuader l’agent extorqueur tunisien.
Suite à cela, l’agent de la douane tunisienne a appelé ses collègues en arabe et ils ont conduit Mohamed Barry dans un bureau où ils lui ont présenté un document rédigé en arabe, prétendument le procès-verbal de son interrogatoire. Ils ont brandi des menaces de menottes et d’emprisonnement, mais Mohamed Barry, sachant que la source de son argent ne faisait l’objet d’aucun doute, a refusé de signer le document rédigé dans une langue qu’il ne comprenait pas. Il a également exigé une copie traduite du document.
Les douaniers tunisiens ne se sont pas laissés démontés et ont continué leur forfaiture. Pendant que le temps passait et que l’heure de son vol approchait, Mohamed Barry a attiré leur attention sur cet aspect, mais ils lui ont simplement dit de partir et de revenir plus tard. Méfiant, il a demandé un papier prouvant qu’il avait laissé son argent avec eux. Ils lui ont fourni un document, mais entre-temps, son vol avait déjà décollé, entraînant la perte de son mariage qu’il avait minutieusement planifié depuis longtemps.
Mohamad Barry n’est pas la seule victime de cette barbarie de la douane tunisienne. « Je suis revenu le lundi, et j’ai passé toute la journée à chercher un interlocuteur. En échangeant avec d’autres victimes confrontées à la même situation, nous avons compris qu’il ne s’agissait pas de cas isolés », a-t-il précisé.
Il semblerait que la procédure pour récupérer l’argent confisqué par la douane tunisienne soit longue et semée d’embûches. Selon les témoignages, cela peut prendre un à trois mois voire plus.
Un autre témoignage corrobore les plaintes du premier interlocuteur. Monsieur Camara, également Guinéen, en provenance de Marseille, raconte sa mésaventure qui a commencé en France où il a enregistré trois jours de retard dans son planning de voyage en raison de l’annulation d’un vol de Tunisair.
À l’aéroport de Tunis, Mohamed Camara s’est vu confisquer 2000 €. « Sur les 3 700 euros que j’avais, ils ne m’ont rendu que 1700 €, prétextant que c’est ce que leur réglementation prévoit », déclare-t-il.
Pire, « pour obtenir un papier attestant que j’ai laissé mon argent avec eux, ils ont créé toutes sortes de complications », dénonce l’infortuné passager guinéen. Il ajoute que c’est malgré eux qu’ils lui ont finalement délivré ce papier (voir image) où tout est écrit en arabe, sauf son nom, le montant et des chiffres comme la date.
C’est avec ce papier que M. Camara a quitté la Tunisie, sans aucune garantie de récupérer son argent, car on lui a dit que la procédure pouvait prendre jusqu’à trois mois. Une attente d’ailleurs qui ne garantit point la restitution de ton argent à l’échéance de cette période.
Par ailleurs, selon Mohamed Camara, beaucoup d’autres Guinéens sont victimes de ces tracasseries et d’abus, mais ils ne les dénoncent pas. Il rapporte notamment le cas d’une dame qui aurait été contrainte de quitter Tunis en laissant deux de ses enfants derrière elle, après avoir passé trois jours en prison…
Aux dernières nouvelles, Mohamad Barry et Mohamad Camara lancent un appel de détresse aux autorités guinéennes pour qu’elles les aident à être rétablis dans leurs droits.
À noter que sur le site de la douane tunisienne (www.douane.gov.tn), il est indiqué que : « les voyageurs non-résidents ne peuvent pas réexporter la contre-valeur d’un montant qui dépasse trente mille (30.000) dinars (1 € = 3.40 dinars tunisiens) des devises en billets de banque qu’ils ont importés et déclarés à l’entrée. »