Affaire M’mah Sylla : des accusations aux confrontations, la grand-mère indexe le coupable 

Renvoyée lors de la précédente audience pour la comparution des témoins, l’affaire des médecins poursuivis pour viol, avortement et meurtre, s’est poursuivie, ce mardi 20 décembre 2022, au tribunal de Mafanco. Sur 4 témoins attendus, seulement deux ont comparu dont la grand-mère de la défunte et Dr Dialikatou Soumah, médecin en spécialisation à Ignace Deen.

A la barre, Hadja Diamilatou Sow, grand-mère de feue M’mah Sylla s’est tout de suite acharnée sur Dr Patrice LAMAH en affirmant, c’est lui qui a tué sa fille. Revenant sur les faits, elle confie que : « ce jour, quand je l’ai portée absente, je l’ai appelée et c’est le Dr Patrice qui m’a répondu et m’a dit qu’elle avait un kyste et que si on ne l’opérait pas elle allait mourir. Inquiète, je suis partie chercher l’argent. A mon retour, il m’a présenté un cliché que le kyste a éclaté et qu’il fallait urgemment l’opérer. Dans tout çà, M’mah ne m’a pas dit une seule fois qu’elle était enceinte. Mais, c’est arrivé chez Dr CISSE que j’ai su ce qui s’est passé. Dr Sebory m’a avoué comment on l’avait opérée et détruit tous ses intestins et sa partie génitale.

C’est par après, que Celestin m’a avoué que c’est son ami Patrice LAMAH qui est l’instigateur de tout çà. Moi-même, je n’étais pas là au moment de l’opération, mais c’est avec Patrice et son ami Daniel LAMAH que j’ai vu avec des bluses et une assiette en main à la sortie de la salle« , a-t-elle relatée.

Par ailleurs, Hadja Diamilatou Sow a laissé entendre qu’à leur arrivée chez Dr Sebory, Mmah Sylla était dans un état très critique. « Elle ne parlait et ne pouvait rien faire d’elle-même. Arrivés là-bas, Dr CISSE a dit qu’il n’allait pas lui toucher cette nuit. Et le lendemain, il a demandé aux trois autres médecins d’aller chercher du sang et des perfusions. Le problème que j’ai eu avec Dr CISSE, c’est qu’il ne m’a pas dit la vérité sur l’amélioration de l’état de santé de mon enfant parce que s’il l’avait fait, j’allais l’amèner ailleurs.

Quand je lui ai dit chaque jour, c’est la même chose si ça ne va pas, amènez la ailleurs, il m’a répondu qu’il était capable de la soigner« , a-t-elle indiqué tout en affirmant que personne ne l’a consulté pour le transfert de sa petite fille à Ignace Deen.

Mais plutôt, « Dr Dialikatou même m’avait dit de me retourner mais j’ai insisté que ces médecins sont ses amis et qu’ils ont étudié ensemble. Et arrivé à Ignace Deen, Dr Dialikatou refusait catégoriquement de me laisser voir ma petite fille « .

A son tour de déposition, Dr Dialikatou a nié avoir tout lien avec les prévenus. Elle dit ne les avoir rencontrés pour la première fois que quand elle s’est rendue dans la clinique de Dr Sebory, par l’entremise de son ami, un autre Celestin MILLIMONO qui n’est pas celui cité dans cette procédure.

Pour ce qui est de la prise en charge à Ignace Deen, Dr Dialikatou affirme : « Mmah a subi deux opérations à Ignace Deen. La première avec Pr Hussein Fofana, chef de pavillon et chirurgien à Ignace Deen, et la deuxième avec Pr Aboubacar Touré. J’ai participé à la première opération, la patiente avait une ouverture d’environ 15cm quand nous l’avions reçue. Et elle n’est venue avec aucun dossier médical. Dr Sebory m’a dit qu’il était le chirurgien chef à l’hôpital régional de Pita et c’est de retour de son voyage qu’il a trouvé que ses assistants ont fait une intervention qui s’est compliquée et qu’il a essayé d’arranger mais en vain », a-t-elle déposée.

Par ailleurs, elle a aussi affirmé ne rien connaître sur l’avortement et le reste jusqu’à ce que, « une semaine après, le père de M’mah est revenu me voir pour m’expliquer toute la situation. Après cela, je me suis retournée voir la patiente, elle m’a dit qu’elle a fait une confession à quelqu’un et qu’elle tient à la respecter donc elle ne m’a rien dit. On a continué le traitement mais la fistule a persisté« .

Dans sa confrontation avec Dr Dialikatou, Dr Sebory CISSE a partiellement démenti la déposition de Dr Dialikatou, notamment sur le fait qu’il aurait dit que ce sont ses assistants qui on fait l’intervention. Selon lui, il avait tout consigné dans un dossier de transfert qu’il a remis à Dr Celestin, avant le départ pour Ignace Deen.

A ce stade de la procédure, les avocats de la défense ont sollicité du tribunal, d’ordonner la comparution de tous les médecins qui ont intervenus dans ce cas, même ceux de la Tunisie.

Pour sa part, le procureur à demandé de saisir un juge d’instruction pour un complément d’information dans cette affaire, plutôt que de continuer avec des comparutions.

A la suite des différentes demandes, le juge a renvoyé cette affaire au 28 décembre pour la comparution de Pr Hussein Fofana et de Pr Aboubacar Touré.