A quand la fin de l’immixtion des agents des forces de l’ordre dans les affaires judiciaires? C’est une question qu’on est en droit de se poser. En tout cas, un citoyen accuse des gendarmes de l’avoir vidé de son propre domicile, sous prétexte de l’exécution d’une décision de la cour d’appel, alors que son dossier reste pendant devant la justice, notamment à la Cour suprême.
De citoyen résident, propriétaire immobilier, il devient sans abri, du jour au lendemain. Mamadou Adama Keïta, c’est son nom, vient d’être vidé de sa propre concession sise au quartier Soumambossia, dans la banlieue de Conakry. C’est du moins ce que l’intéressé affirme au téléphone de Guineenews.
Pour rappel, confie la victime, «en 2017, un monsieur nommé Issiaga Condé est venu dire que c’est sa femme qui a construit cette concession pendant qu’il était en Malaisie. Alors qu’à la date qu’il a donnée, j’avais déjà construit et habité les lieux ».
Déboussolé, ne sachant plus à quel saint se vouer, M. Keïta accuse des agents de la gendarmerie nationale de l’avoir gazé et violement délogé avec quatre de ses locataires. «Ils sont venus pour la quatrième fois hier (mercredi, ndlr) à 6 heures du matin, sans ordre de mission, avec 5 pickups de la gendarmerie, sans ordre de mission, ni aucun document justifiant leur présence. Ils ont frappé aux portes, escaladé les murs, avant de casser toutes les portes et sortir tous les objets qui étaient à l’intérieur », explique-t-il. Et de préciser que les agents indélicats ont «cadenassé l’entrée principale » de la concession qu’ils lui ont prise de force avant de partir. Sans oublier, qu’auparavant, toujours selon notre interlocuteur «le 19 décembre 2019, ils étaient venus avec 12 pickups remplis de policiers, ils ont vandalisé la concession, pénétré dans les différents bâtiments pour prendre beaucoup d’objets avec téléphones et 65 millions GNF que mon jeune frère m’avait laissés pour un chantier au village».
Et pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, le procureur général de la cour suprême joint par Guineenews, confirme que ce dossier est pendant devant la justice. Selon Monsieur Alpha Touré, il a été informé des derniers développements par l’avocat de la victime. Et d’ajouter que «le dossier sera prêt la semaine prochaine». Sans plus de commentaires.
En attendant cette décision, l’autre question qu’on se pose, c’est celle de savoir sur quelle base les agents de la gendarmerie se sont permis d’intervenir alors qu’il est clairement établi qu’il y a cette procédure en cours? Malheureusement, le porte-parole de la gendarmerie, Lieutenant Aboubacar Saran Bangoura, joint par notre rédaction à l’effet d’en savoir plus sur les agissements des gendarmes, dit «ne pas avoir trouvé d’éléments d’informations sur ce dossier ». Laissant entendre que rien n’est envisageable, au moins pour comprendre les motivations des agents incriminés dont l’attitude portent un sérieux coup sur l’image de l’armée en général, la gendarmerie en particulier.