L’Association des Victimes du Déguerpissement Illégal du marché de Kiroti a animé une conférence de presse ce mardi, 31 décembre 2024 pour dénoncer ce qu’elle qualifie « d’abus d’autorité » de la Commune de Lambanyi. Elles sont plus de 10 000 victimes à réclamer indemnisation et justice après la casse de leurs boutiques, conteneurs et maisons d’habitations. Elles ont déclaré avoir occupées les lieux suite à la signature d’un contrat avec les autorités communales, notamment le président de la Délégation spéciale de Lambanyi. Ces personnes ont également réfuté toute liaison avec les présumés prostituées dont les autorités communales ont fait cas lors de l’opération de déguerpissement le 23 décembre dernier.
« Tous ceux qui détiennent ici des boutiques ont reçu des contrats provisoires avec la commune. Ils ont payé les taxes qu’il faut. Des taxes qui ont servi à construire la mosquée, le marché où se trouvent les femmes et le centre de santé. Ils ont payé régulièrement leurs taxes. S’il y a des personnes, des familles qui sont logées ici, qu’ils appellent des prostituées, nous ne sommes pas au courant, c’est à l’administrateur de le justifier. Nous savons qu’il y a des familles ici qui ont des enfants, qui vont à l’école, certains sont des ouvriers et d’autres des étudiants. Ils ont voulu casser le marché, en complotant qu’il y a des prostituées ici, cela n’est pas vrai », a réfuté, Ismaël Baldé, porte-parole des victimes du marché de Kiroti.
Réunis ce mardi sur les lieux déguerpis, ces victimes ont accusé l’autorité communale d’avoir vendu le marché à une tierce personne sans prévenir les occupants dudit marché. Elles ont surtout dénoncé la procédure appliquée. « Si la commune a besoin de moderniser le marché, la commune devrait associer l’ensemble des personnes qui sont contractuels à tout le processus de modernisation. Nous n’avons jamais été invités par le Président de la délégation spéciale pour nous dire qu’il veut moderniser le marché. Mais qu’on aille prendre quelqu’un d’ailleurs pour venir amoderniser ce marché, c’est ce qu’on n’a pas pu comprendre. Ça sent l’odeur de la corruption », a déploré le porte-parole.
Plus de 700 boutiques, conteneurs et maisons d’habitations détruits
Selon Ismaël Baldé, contrairement aux chiffres donnés par l’autorité communale qui annonçait une centaine de chambres de passe détruites, il y a eu plus de plus de 700 boutiques, conteneurs et maisons d’habitations détruites, impactant ainsi plus de 10.000 personnes.
« Les victimes sont nombreuses, on peut les chiffrer à plus de 10 000. Sans compter les victimes collatérales, les familles, les enfants qui vont à l’école. Donc nous sommes victimes de l’Etat qui devrait nous protéger. Il y avait plus de 700 boutiques et conteneurs ici. Nous ne savons pas le nombre exact de boutiques mais le nombre de boutiques cassées dépasse 500 boutiques. Certains en avaient 3 à 20 boutiques », a-t-il indiqué.
Une plainte annoncée contre le président de la délégation spéciale
Déçus de la décision de l’autorité communale, les victimes ont décidé de porter plainte contre le président de la délégation spéciale de Lambanyi.
« Nous, nous avons privilégié le dialogue. Nous avons fait un mémorandum que nous avons adressé à la commune. Nous avons amplifié ça au ministère de l’administration du territoire, au Gouvernorat, au patrimoine bâti et au ministère de l’urbanisme. On attendait la réponse. C’est pendant qu’on attendait cette réponse que des bulldozers sont venus, pour détruire nos biens. Maintenant que la commune ne nous a pas écoutés malgré le mémorandum que nous avons fait, nous entendons faire valoir nos droits.
Nous allons porter plainte à la justice. Nous avons déjà saisi un huissier et un avocat, ils vont déposer des plaintes régulières et nous allons faire valoir nos droits, par rapport à la destruction que nous avons subie. Nous portons plainte contre l’administration de la commune. Nous portons plainte contre eux pour violation de nos droits, pour destruction de nos biens. Pour l’exposition à la misère de plus de 10.000 personnes. C’est cela », a martelé le porte-parole.
À en croire les dires des victimes, le président de la délégation spéciale aurait épargné ses propres biens lors de l’opération des casses. « Ce qui est pire encore, c’est que le président de la délégation spéciale, au moment où il détruit nos biens, il a occupé une partie qui est vide ici, il a construit deux boutiques qui ne sont pas encore cassées, et aussi un four à pain. Il détruit les biens de ses concitoyens, des citoyens auxquels il est chargé d’administrer, et il construit des boutiques en lieu et place pour lui », a conclu Ismaël Baldé.