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A la source du fleuve Gambie à Tountouroun, Labé : Comme si vous y étiez !

Situé dans le nord-ouest de la commune urbaine de Labé, précisément dans la sous-préfecture de Tountouroun, Horé – Dimma (le district abritant les sources qui ont formé le célèbre fleuve Gambie) se situe à la lisière entre les sous-préfectures de Tountouroun, Popodara et Dalein dans la préfecture de Labé, c’est à dire dans les massifs du Foutah Djallon. La vie du district en question (Horé – Dimma) est directement liée à ces sources qui se retrouvent au cœur du village, a constaté sur place la rédaction locale de votre quotidien électronique Guinéenews.

Et c’est en tout et pour tout trois sources à savoir Horé Bhoundou (la tête de source), Bhoundou Tara et Bhoundou Thiaguil ou Gnari Bhoundou qui sont à l’origine du fleuve Gambie qui traverse la Guinée, le Sénégal puis la Gambie avec une longueur de 1 150 kilomètres dont 500 kilomètres navigables.

« C’est la source qu’on a visitée en première position qui est la tête de source. C’est après le départ de celle-ci que les deux autres sources ont emboité le pas avant de se retrouver toutes à Féto à la sortie du village ; pour ensuite traverser la forêt classée avant de prendre la route de Koubia. C’est les deux autres sources qui ont renforcé la tête de source, afin de donner naissance au grand fleuve de la Gambie», déclare Diallo Mamadou Korka, notable de Horé-Dimma.

Sauf que, malgré les multiples efforts des habitants de la sous-préfecture de Tountouroun en général et ceux de Horé – Dimma en particulier, sans oublier les organisations nationales et sous-régionales qui paraît-il, ne ménagent aucun effort pour assurer la protection de ces trois sources ; celles-ci se trouvent de nos jours dans un état très inquiétant. Une situation qui pousse Thierno Boubacar Diallo, le chef secteur de Horé – Diamma à remonter dans le temps pour tenter de faire une comparaison.

« À l’époque de la colonisation, tout le village était recouvert d’une immense forêt. On n’avait même pas où cultiver ou faire autre chose. Mais on s’est donné les mains et on a pris courage dans l’entretien du lieu car c’est toute la sous-région qui est concernée par ces sources. D’habitude, il y a plus d’eau que ce que vous voyez là. On constate cela nous même, car il y a eu une forte baisse. D’habitude ça coule même. Mais l’eau que vous voyez là est intarissable ; même si tu viens avec un fut, tu va le remplir et laisser l’eau intacte. Chaque nuit c’est des futs qui y sont remplis, car c’est à cette heure que les gens viennent s’approvisionner en eau. Maintenant c’est seulement en saison des pluies que ça coule pour alimenter le fleuve. En saison sèche ça reste ainsi et les habitants de chaque côté des sources y viennent pour puiser même l’eau de boisson», explique Thierno Boubacar Diallo, le chef du secteur Horé – Diamma.

C’est vrai que les trois sources sont de nos jours protégées, chacune par une clôture en pierre pour la tête de source et grillagée pour les deux autres ; mais cela ne suffit visiblement pas à entretenir ces sources dont la survie est capitale pour plusieurs pays de la sous-région. Malgré la confirmation des habitants d’une campagne régulière de reboisement à l’occasion de chaque saison de pluie, visiblement la couverture végétale des sources est très menacée. Conséquence, l’eau commence à se faire rare au niveau de ces sources d’habitude intarissable. « En toute saison nous venons puiser car ça ne tarit jamais. Sauf qu’en saison pluvieuse il y a plus d’eau. C’est ici que nous trouvons l’eau de buisson, Mais la forêt était dense autour de la source», affirme Fatoumata Binta Diallo, octogénaire venue s’approvisionner en eau.

« Lorsqu’on était jeune, Horé-Diamma était une brousse. Il y avait beaucoup d’arbres et beaucoup d’eau. Actuellement il y a une grande différence, car ce n’est plus comme avant. Même la moitié n’est plus de nos jours. Je pense que cela est dû aux réalités que nous vivons de nos jours, parce qu’il n’y a pas de coupe d’arbre ici. Mais comme vous le constatez avec cet arbre qui est tombé comme ça. C’est des choses du genre qui contribuent à la dégradation de l’environnement. C’est tout ceci qui réduit l’eau au niveau des sources et le risque est grand, car en dehors des sources toutes les rivières et marigot sont de nos jours à sec», ajoute le chef du secteur.

En plus, toutes et tous restent unanimes que la végétation qui enveloppait ces sources ne fait que disparaître d’année en année. Et les rayons du soleil descendent désormais jusqu’au niveau des sources. Ainsi, en dehors du cœur de ces sources, aucune goutte d’eau n’est trouvable dans les parages en période d’étiage selon Diallo Mamadou Korka. « Vous savez, ici nous sommes sur les plaines. Donc toute l’eau coule en direction des bas-fonds, parce qu’il n’y a pas où l’eau peu stagnée. Par contre, dans les bas-fonds où le fleuve s’est agrandi, l’eau y est souvent jusqu’à Koubia, Kédougou et la Gambie où c’est devenu un grand fleuve. Mais c’est ici la source», précise-t-il.

Malgré ces menaces qui pèsent sur les sources du fleuve Gambie, l’État Guinéen semble briller de par son inertie : « ici on travaille avec toutes les personnes qui viennent dans le cadre de la sauvegarde des sources. On reboise et on protège l’ensemble des sources en interdisant toute opération menaçant les sources. Mais j’avoue que c’est des projets qui sont fréquent ici; maintenant je ne sais pas si c’est l’État qui les envoie mais eux, ils viennent de temps à autre. La fois dernière on avait planté des arbres, mais une délégation ministérielle est venue nous intimer de les couper car disait-il ; les arbres en question tirent trop d’eau. Effectivement on a constaté une diminution de l’eau et on les a coupé», raconte Thierno Boubacar Diallo, le chef du secteur.

Interpellé à propos, Mamadou Kobera Baldé, le responsable préfectoral de l’environnement de Labé reconnait les problèmes et parle de difficultés de faire pousser des arbres dans ce village érigé sur une plaine rocheuse.  « Nous nous protégeons pour ne pas que ça soit agressé par les gens qui coupent les arbres et cultivent. Chaque fois qu’on est en campagne de reboisement nous orientons les actions là-bas et nous tentons de ramener un peu de la terre en amont de la tête de source qui est un Bowal (plaine). Mais c’est un bowal, donc depuis 1992 on est en train de mettre des demi-dunes dans le but d’avoir des tas de terre où on peut faire pousser des arbres, mais ce n’est pas facile», réagit ce soldat de l’environnement.

Pourtant, les habitants de Horé – Diamma sont bien imprégnés de l’importance de ce fleuve sous régional: « l’importance de ces sources c’est le fait qu’elles alimentent les habitations d’ici à Koubia, au Sénégal jusqu’en Gambie. Donc c’est plusieurs communautés qui vivent au dépend de ces cours d’eau, voilà pourquoi on fait tout pour les entretenir. Donc, chaque année on se prête à des opérations de reboisement aux sites des différentes sources et au niveau des forêts», reconnait Diallo Mamadou Korka.

Une forte et importante réaction de l’État Guinéen et des pays bénéficiaires des avantages de ces sources menacées de disparition est plus que nécessaire, car selon des environnementalistes, la survie du célèbre fleuve Gambie dépendrait incontestablement de celle de ces sources qui lui ont donné naissance. D’où l’urgence de se focaliser de plus sur l’entretien des sources de Horé – Dimma.

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